Le « Tour du bocal », pour les parapentistes ça veut dire réaliser le tour de la vallée d’où l’on décolle, en utilisant les thermiques pour survoler les crêtes et les sommets. Pour Benjamin Védrines, c’est tout simplement faire la même chose. Mais ski au pied, équipé d’un sac à dos minimaliste. L’idée ? Partir de Briançon et revenir au point de départ en skiant sur la ligne de crête formant un fer à cheval. Un projet, bouclé en mars dernier, qu’il avait inscrit dans sa (longue) liste d’objectifs préalables à son ascension express du K2 (8611 m). De cette « mise en jambes », il a tiré un petit film de 18 minutes, où on le suit à un rythme très soutenu.
En juin dernier, à quelques jours de son départ pour le K2 où il visait, pour la deuxième fois, un record d’ascension express en solitaire, nous faisions avec Benjamin Védrines un point sur le programme d’entraînement qu’il avait entrepris le 23 novembre 2023 : colossal ! Ce qui avait vraiment été médiatisé, nous confiait-il alors, c’était avant tout des réalisations importantes en montagne. Comme sa trilogie avec Léo Billon. Ou ce qu’il avait pu faire en pente raide avec Nicolas Jean, ou encore avec Kilian Jornet, en Norvège. Et il se montrait plutôt satisfait de la manière dont il avait réussi à assumer un entrainement dont l’un des maîtres-mots était « polyvalence ».
Dans ce programme XXL, on l’avait vu en effet réaliser la face nord du Pic Sans Nom (3913 m) à la journée, le 23 novembre. Faire en « 3 jours, 3 voies mythiques Drus – Droites – Jorasses en hivernale » (les 28, 29 et 30 janvier). Grimper et skier les cinq faces de la montagne des Agneaux (3664 m), plus haut sommet de Serre-Chevalier, au cœur du massif des Écrins (5 faces, 6000 D+ en 15 heures), le 18 février). Et, le 21 février, une mythique trilogie à la journée : Ailefroide (3954 m), Pic Sans Nom (3913 m), Pelvoux (3943 m).
C’est quelques jours plus tard, qu’il s’attaquait au tour intégral de Serre-Chevalier à ski. Au départ de Briançon, il gravissait les crêtes des Cerces jusqu’au Grand Galibier (3228 m). Le lendemain, il traversait les techniques arêtes des 3 Évêchés, des Combeynots puis des Agneaux et du Pic du Rif. Un « tour du bocal » à sa manière, et en 12 h 35. « J’ai passé deux jours en montagne, j’ai presque envie de prolonger l’aventure. Mais je crois que mes jambes, elles disent stop, là ! », dit-il dans le film qu’il a tiré de ce périple.
Mais dans les trois mois qui suivront, l’alpiniste ne ralentira pas le rythme, au contraire. On le verra ainsi en ski de pente raide avec la première répétition de la face nord de l’Epéna. Puis enchaîner les réalisations en mai : faces nord du Pic Sans Nom et de l’Ailefroide à skis, descente de la voie des Plaques en face nord de l’Ailefroide, ouverture d’une nouvelle ligne extrême en face nord de l’Ailefroide orientale. Certains auraient pu se cramer. Pas Védrines. Le 28 juillet, il parvenait au sommet du K2 en un temps stratosphérique de 10 h 59 mn 59 s. Un exploit accompli comme à son habitude en style alpin, sans oxygène.
Photo d'en-tête : Benjamin Védrines- Thèmes :
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