Ce week-end, le Lituanien Aleksandr Sorokin battait son propre record du monde des 24 heures en course à pied aux Championnats d’Europe à Vérone (Italie). Un exploit de plus dans un palmarès ahurissant qui ne doit rien au hasard.
Toujours plus loin : à 40 ans, Aleksandr Sorokin semble se moquer du temps et continue d’aligner les records. Ce week-end c’est à un rythme soutenu, avec une moyenne de 4 minutes 30 par kilomètre (13,5 km/h), qu’il a parcouru 319,61 km autour d’une piste, effaçant ainsi sa propre marque, réalisée en 2021 (309,4km). Sidérant, mais pas étonnant pour tous ceux qui ont suivi l’athlète ces dernières années. Qu’on en juge. Le 23 avril dernier, il y a à peine cinq mois, c’est à la vitesse de 16,41 km/h (soit 4’03’’) qu’il décrochait le record du 100 km lors du Centurion Running, en Grande-Bretagne. Et en janvier 2022, c’est le record du 100 miles qu’il remportait. Ce qu’il commentait en ces termes : « J’ai couru un peu plus vite que je ne le pensais pour 100 miles. Quand j’ai commencé, je savais que j’avais les capacités de courir vite pendant 12 heures, mais j’ai quand-même été surpris de voir que j’étais capable de courir aussi vite ». De quoi faire pâlir la fusée Jim Walmsley qui en janvier 2021 échouait dans sa tentative de record sur cette même distance. Sans compter que le Lituanien surdoué n’a commencé à courir qu’à 31 ans.
Ancien kayakiste de compétition ayant troqué, à la fin de sa carrière, ses pagaies pour l’alcool, les cigarettes et la malbouffe, Aleksandr Sorokin s’est converti à la course à pied en 2012, pour se remettre en forme. Aujourd’hui, il est l’un des meilleurs ultrarunners au monde au palmarès déjà bien rempli – victoire sur Spartathlon 2017, deux records du monde (12 heures et 100 miles) sur le Spartanion (un événement qualificatif au célèbre ultramarathon Spartathlon d’environ 246 kilomètres en Grèce) et bien sûr recordman de la plus grande distance courue en 24 heures pour avoir parcouru environ 309 kilomètres en août dernier, battant le précédent record de 303 kilomètres établi par le légendaire coureur grec Yiannis Kouros en 1997.
Son secret ? Un « menu maison ». Lors de cette épreuve, l’athlète buvait toutes les heures un demi-litre d’un mélange d’eau, de boissons électrolytiques et de Coca-Cola et consommait environ 400 calories provenant de divers gels, chips, biscuits et bonbons. Au pied ce jour-là, des chaussures Nike Zoom Alphafly Next%. Côté entraînement, environ 300 kilomètres par semaine pendant les trois mois d’entraînement précédant l’événement dont, entre autres, un séjour de trois semaines en haute altitude à Iten, au Kenya, situé à environ 2 400 mètres d’altitude. « C’est une synergie entre l’état physique et l’état mental, entre votre corps et de votre esprit », nous avait alors expliqué Aleksandr Sorokin à propos de l’effort, citant l’importance de la préparation autant physique que mentale pour les épreuves d’ultra-distance, d’autant plus quand elles ont lieu autour d’une piste de 400 mètres.
« Il faut vraiment se conditionner physiquement pour cette course, explique de son côté l’ultra-runneuse américaine Camille Herron, détentrice de nombreux records du monde d’ultra-running féminin. Mentalement, c’est le même paysage tour après tour. Même si c’est peut-être un peu plus intéressant que d’être sur un tapis roulant, il faut trouver un moyen de ne pas devenir fou ». On veut bien la croire !
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