Pas le temps de vous plonger dans les 36 pages de la synthèse des huit ans de travaux du GIEC publiée ce lundi ? Outside l’a fait pour vous. Voici les principaux points clés à retenir de cette énième sonnette d’alarme tirée par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Aucune surprise hélas, mais une nécessaire piqûre de rappel. Et une dose d’espoir : il nous reste une chance de limiter le réchauffement à 1,5 °C, à condition d’un sursaut commun. Bonne nouvelle, on y parle enfin de sobriété.
Après une semaine de réunions à Interlaken (Suisse), les représentants des Etats membres du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) ont approuvé dimanche 19 mars le « résumé pour les décideurs », une trentaine de pages synthétisant l’état de la science sur le changement climatique et le panorama des solutions possibles, sous une forme intelligible par tous.
« Nous nous approchons du point de non-retour, du dépassement du seuil de réchauffement maximum de 1,5 degré », rappelait le chef de l’ONU António Guterres à l’ouverture de la session, le 13 mars. « Les dirigeants ont besoin d’une orientation scientifique solide, franche et détaillée pour prendre les bonnes décisions (…) et accélérer la sortie des énergies fossiles et la réduction des émissions ». Le document, qui a dû être approuvé ligne par ligne par les délégués des pays représentés sur l’ensemble des 195 Etats membres, servira de base pour les négociations de la COP28 à Dubaï, en décembre, où un premier bilan mondial des engagements des pays pour tenir les objectifs de Paris est attendu.
Outside a épluché son « résumé pour les décideurs”. Voici les principales informations à retenir.
5 chiffres chocs sur le réchauffement climatique aujourd’hui
La bonne nouvelle : limiter le réchauffement climatique à 1,5°C ou 2°C aurait un impact rapide et profond
Hypothèses d’évolution des émissions mondiales de gaz à effet de serre sur la période 2020-2100, en fonction des politiques mises en œuvre et des stratégies d’atténuation. En rouge, l’évolution à venir à l’échelle mondiale si nous continuons la fuite en avant : bien avant la fin du siècle nous pourrions atteindre +3,°C. En vert, ce qui se passerait si nous parvenions à une limitation à +2°C. Et enfin en bleu, le scénario sur la base d’une température limitée à +1,5°C.
De 3 ans à 73 ans, nous sommes tous concernés
Nés en 1950, en 1980 ou en 2020, nous allons tous être impactés par le réchauffement climatique mais à des degrés divers, suivant comment nous y réagissons aujourd’hui et à court terme. Sont visualisées ici cinq hypothèses d’augmentation des températures, de la plus basse, et la plus optimiste, à la plus élevée.
Des phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents sur des régions de plus de plus étendues de la planète
Sur ce schéma, quatre scénarios du réchauffement climatique sont visualisés. D’une limitation à +1,5°C ( objectif impératif selon le GIEC) à +2°C, +3°C ou… +4°C, scénario catastrophe qui nous attend très vite si nous n’agissons par radicalement dès maintenant. Les experts ont mis en évidence comment les épisodes de chaleur extrême (a : température journalière maximale annuelle ) pourraient s’étendre, notamment en Europe ; comment évoluerait la moyenne annuelle de l’humidité totale de la colonne de sol (b), et enfin comment les précipitations, souvent violentes pourraient nous affecter (c : soit la variation annuelle maximale des précipitations sur un jour en %).
Région par région les impacts sur la biodiversité, la santé et la production alimentaire
Risques et impacts projetés du changement climatique sur les systèmes naturels et humains à différents niveaux de réchauffement de la planète. (a) Risques de disparition d’espèces, indiqués par le pourcentage d’espèces évaluées exposées à des conditions de température potentiellement dangereuses. (b) Risques pour la santé humaine, indiqués par le nombre de jours par an d’exposition de la population à des conditions hyperthermiques présentant un risque de mortalité en raison des variations de température et d’humidité de l’air en surface (c) Incidences sur la production alimentaire : (c1) Changements dans le rendement du maïs d’ici à 2080-2099. (c2) Modification du potentiel de prélèvement maximal dans les zones de pêche.
Seule solution ? S’adapter rapidement. A savoir changer notre mode de consommation. Parlons enfin de sobriété
Les scénarios d’évolution (du rouge au vert) et les résultats associés (panneau de droite) montrent que les possibilités de garantir un avenir vivable et durable pour tous s’amenuisent rapidement. Les événements climatiques et non climatiques, tels que les sécheresses, les inondations ou les pandémies, provoquent des chocs plus graves pour les voies de développement peu résilientes au climat (rouge à jaune) que pour les voies de développement plus résilientes au climat (vert). Plus les réductions d’émissions sont retardées, moins les options d’adaptation sont efficaces.
Pour en savoir plus, consultez le rapport de synthèse du GIEC ici
Photo d'en-tête : Markus Spiske