D’un pick-up électrique à des vêtements techniques biodégradables, en passant par une combinaison (vraiment) chaude, voici cinq innovations qui ont attiré notre attention en cette fin d’année 2019.
Un pick-up électrique pour concurrencer Tesla
Bien que le démarrage du projet de véhicule électrique de Rivian ait été lancé il y a dix ans, la compagnie américaine est restée volontairement discrète jusqu’en 2018, lorsqu’elle a présenté le pick-up R1T au Salon de l’auto de Los Angeles. Pourquoi cette stratégie ? Robert Scaringe, son fondateur, et son équipe tenaient à développer tranquillement leur système de batterie pouvant contenir suffisamment de puissance pour emmener loin des sentiers battus et suffisamment robuste pour résister aux chocs. Le résultat ? Le premier truck électrique tout équipé au monde.
« Il n’y avait aucun véhicule pour l’aventurier soucieux de l’environnement, » explique Jeff Hammoud, vice-président du design chez Rivian. « C’est incroyable de voir combien de gens ont une Prius ou une Tesla comme voiture quotidienne, et quand ils partent à l’aventure, utilisent une Jeep ».
La R1T de milieu de gamme fonctionne avec une batterie de 135 kilowatts-heure – jusqu’à 480 km – intégrée au plancher de la cabine. La version à quatre roues motrices est équipée de quatre moteurs qui se trouvent au-dessus des roues, fournissant 750 CV.
La R1T n’est pas bon marché : son prix sera fixé à 69 000 $ aux US (prix pas encore défini pour le marché européen) lorsque la production débutera en 2020. Et si l’on se fie aux problèmes de l’usine Tesla, la fabrication d’un véhicule électrique grand public peut s’avérer délicate. Mais beaucoup de grands noms sont optimistes quant à la capacité de Rivian de tenir ses promesses. L’entreprise a déjà obtenu 700 millions de dollars d’Amazon et 500 millions de dollars de Ford. Et ils ont recruté Alex Honnold comme ambassadeur…
L’équipement biodégradable
Depuis plus d’une décennie, les entreprises essayent d’améliorer leur engagement en faveur de l’environnement, de la fabrication écologique aux méthodes d’expédition qui réduisent les déchets d’emballage. Mais jusqu’à récemment, il existait peu de solutions pour atténuer l’impact d’un produit en fin de vie. Selon l’EPA (Agence de protection de l’environnement, organisme public américain), l’industrie textile à elle seule a généré plus de 16 millions de tonnes de déchets solides en 2015. Mais que se passerait-il si toutes nos affaires – vestes, bouteilles d’eau, tentes, glacières et sacs de couchage – disparaissaient tout simplement lorsque nous en aurions fini avec elles ? C’est l’objectif de la dernière-née de la course aux armements verts : la biodégradabilité.
En 2018, PrimaLoft a lancé « Bio », une gamme d’isolants et de tissus synthétiques très performants qui se décomposent. Des essais en laboratoire dans des conditions accélérées ont montré une dégradation de 80 % en 394 jours. Vanessa Mason, vice-présidente principale de l’ingénierie de la marque, déclare que Bio « représente le plus gros investissement en dollars que PrimaLoft ait fait dans le développement de toute technologie depuis sa création en 1988 ».
À l’automne 2020, des entreprises comme Helly Hansen et L.L.Bean lanceront des vêtements mettant en vedette le tissu, et d’autres partenaires de PrimaLoft travaillent sur des concepts de vêtements entièrement biodégradables, jusqu’à la fermeture éclair.
Il est évidemment inutile de fabriquer du matériel biodégradable s’il n’est pas efficace, alors PrimaLoft a passé deux ans à s’assurer que les matériaux étaient conformes aux standards attendus par les clients. « Les plus grands défis étaient la durée incroyablement longue et le coût élevé des essais nécessaires pour déterminer le taux de biodégradation « , explique M. Mason.
Compte tenu de cette réalité, il faudra peut-être un certain temps avant que nous puissions jeter tout notre équipement dans le tas de compost avec nos coquilles d’œufs et notre marc de café, mais nous pourrons au moins commencer avec nos vestes.
Un Leatherman augmenté
Voici un véritable multi-outils, référence depuis de nombreuses années déjà. Le Leatherman Free P4 utilise des aimants pour maintenir ses deux côtés fermés. Glissez simplement votre pouce pour l’ouvrir et utilisez la pince (ou l’un des 20 autres outils) d’une seule main. Un must-have pour l’aventurier.
Une combinaison vraiment chaude
Plongez-vous dans l’eau à moins de 10°C et vous pourriez perdre connaissance en une heure à peine. Porter une combinaison en néoprène peut permettre de doubler ce temps, mais même cette solution n’est pas parfaite. En 2017, Jeffrey Moran, alors chercheur postdoctoral au MIT, a interviewé des surfeurs à San Diego, un photographe professionnel sous-marin et des conservateurs au New England Aquarium à Boston. Il a identifié deux problèmes concernant les combinaisons de plongée : elles ne sont pas assez chaudes et elles sont trop difficiles à enfiler et à enlever.
Jeffrey Moran, aujourd’hui professeur à l’Université George Mason, a trouvé un moyen de tripler le temps de survie dans de l’eau à 10°C en portant une simple combinaison de plongée. Celles-ci sont faites en néoprène, une mousse isolante qui emprisonne les petites bulles d’air. En mettant une combinaison dans un contenant scellé et en la pompant avec du xénon ou du gaz krypton, Moran et ses collègues du MIT ont découvert qu’il est possible de remplacer ces poches d’air par du gaz inerte. Il en résulte des combinaisons qui sont 40 % plus fines et trois fois plus performantes en termes d’isolation.
Leur premier article scientifique a été publié en 2018. L’utilisation du gaz ne nécessite pas de combinaison spécialisée, mais l’inconvénient est que l’effet ne dure qu’environ 20 heures avant que le gaz ne s’échappe et donc ne fasse plus effet. Désormais, son objectif est de trouver un matériau flexible qui retiendra indéfiniment les gaz à l’intérieur de la combinaison.
Les dernières technologies vidéos pour témoigner du désastre climatique
La meilleure façon d’inciter les gens à faire quelque chose contre le changement climatique est de les effrayer avec des images saisissantes.
Vers la fin du premier épisode de la série de Netflix « Our Planet », la caméra fait un panorama sur la vaste calotte glaciaire du Groenland, puis s’attarde sur une vue aérienne. De petits morceaux de glace commencent à s’effriter, puis de plus gros morceaux, et enfin, à mesure que la musique symphonique progresse, des plaques entières se détachent dans la mer. « En 20 minutes, 75 millions de tonnes de glace se sont désolidarisées « , observe le narrateur, David Attenborough.
Cette scène est l’une des nombreuses de la série qui combinent effets cinématographiques grandioses et message d’urgence sur la crise climatique causée par l’homme. Les coproducteurs Keith Scholey et Alastair Fothergill ont utilisé des technologies de pointe dans le but de présenter les terrifiantes transformations qui se déroulent dans le monde entier. « Nous savions par expérience que si nous n’arrivions pas à impressionner le spectateur, nous n’aurions pas de visibilité auprès du grand public. Et sans visibilité, on perdrait notre temps à essayer de faire passer notre message. »
« Our Planet », c’est une équipe de 600 personnes réparties dans 60 pays différents avec des drones et des caméras 4K équipées de systèmes de stabilisation sur mesure pour capturer des séquences en ultra HD aussi dévastatrices que stupéfiantes. Une caméra sous-marine éclaire la Grande Barrière de corail d’Australie avant et après un blanchissement massif des coraux. Les drones suivent le thon rouge en voie de disparition et une baleine bleue rare et son baleineau alors qu’ils nagent dans l’océan Pacifique. Des images satellitaires haute résolution révèlent des efflorescences massives de phytoplancton au large des Keys de la Floride. « Nous cherchions constamment à repousser les limites de la technologie sur le terrain « , explique Sophie Lanfear, réalisatrice et productrice.
L’effondrement de la glace au Groenland à la fin du premier épisode reste le plus saisissant. Des équipes terrestres et aériennes ont surveillé un glacier instable nuit et jour pendant trois semaines afin de pouvoir déployer leurs systèmes de caméras – deux dans un fjord à travers le glacier et une dans un hélicoptère pour filmer au-dessus – au bon moment. Leur patience a porté ses fruits. « Il faut voir l’ampleur de ce genre de choses pour se faire une idée de ce que peut être le changement climatique, conclut Keith Scholey. C’est absolument énorme. »
Photo d'en-tête : Oliver Scholey/Silverback/Netflix- Thèmes :
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