Nous avons vingt ans pour limiter la casse, nous avertit le GIEC. « Le changement climatique se généralise, s’accélère et s’intensifie » depuis la publication de son dernier rapport en 2013, alerte le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat. Ce lundi 9 août, la somme des connaissances scientifiques souligne l’urgence à laquelle nous faisons face, explicitée par un été meurtrier entre inondations, incendies et vagues de chaleurs.
+ 1,1°C entre 2011 et 2020
Autour de 2030, dans 9 ans seulement, le réchauffement pourrait atteindre le seuil de 1,5%. Conséquence parmi tant d’autres : 70% des coraux – faune la moins mobile – du Pacifique disparaîtront. Mais le réchauffement de la planète menace également l’espèce humaine : « Chaque 0,5°C additionnel cause, de manière bien visible, une intensification et une augmentation de la fréquence des extrêmes chaleurs (…), des fortes précipitations tout comme des sécheresses » détaille le rapport.
Une concentration de CO2 la plus élevée depuis 2 millions d’années
« C’est indiscutable… Les activités humaines sont à l’origine du changement climatique » alerte le GIEC. Première cause du réchauffement : les émissions de gaz à effet de serre. Depuis 1990, la production annuelle de CO2 a augmenté de 63%. La planète absorbe également d’importantes quantités de CO2, ¼ à travers les océans, ce qui les acidifie et fragilise la faune et la flore marine.
Autre grand coupable : le méthane, responsable « d’un quart du réchauffement climatique ». Même s’il persiste moins longtemps dans l’atmosphère que le CO2, son pouvoir de réchauffement est « 28 fois supérieur » selon le rapport qui estime que son exponentielle augmentation est « bien supérieure aux limites de sécurité ».
1000 ans que la calotte polaire n’était pas aussi basse
Passant de 6,4 millions de kilomètres carrés à 4 millions en 30 ans, la surface gelée dans l’hémisphère nord ne cesse fondre : « Cette accélération de la fonte des glaces est le résultat d’un cercle vicieux : la hausse des températures fait fondre les glaces, et comme la glace réfléchit normalement les rayons du soleil, sa disparition entraîne une absorption plus grande de cette chaleur solaire, et donc une hausse des températures » explique à FranceInfo Joël Guiot, directeur de recherche au Centre européen de recherche et d’enseignement des géosciences de l’environnement.
Un recul des glaciers, inédit depuis 2000 ans
Des changements climatiques « sans précédent » alertent le rapport. Les glaciers du monde fondent et reculent de manière spectaculaire depuis les années 90 tandis que les surfaces glacées dans les eaux de l’Arctique diminuent.
Hausse du niveau des mers, inédit depuis 3000 ans
Conséquence de la fonte des glaciers : la hausse du niveau de la mer. Environ 9 centimètres en 30 ans. « Lors de tempêtes ou de phénomènes de submersion marine, ces centimètres suffisent pour permettre à l’eau d’avancer beaucoup plus loin dans les terres. En France, une région comme la Camargue est particulièrement sensible à cette hausse » explique à ce sujet Joël Guiot explique à nos confrères de FranceInfo.
Vingt ans pour éviter le pire…
« Ce rapport devrait faire froid dans le dos à quiconque le lit (…). Il montre où nous en sommes et où nous allons avec le changement climatique : dans un trou qu’on continue de creuser », a commenté le climatologue Dave Reay.
Dans le scénario le plus optimiste, le réchauffement pourrait être contenu dans la limite de 1,8°C. La condition ? Atteindre expressément la neutralité carbone en 2050 ce qui signifie réduire drastiquement les taux de CO2 pour atteindre un équilibre entre les émissions humaines et les absorptions de CO2. Autre possibilité : la capture carbone ayant « potentiel de retirer du CO2 de l’atmosphère et de le stocker durablement dans des réservoirs », une solution qui sera davantage approfondie en février 2022, date de publication d’un autre volet du rapport.
Cependant, certaines conséquences du réchauffement climatique sont « irréversibles » souligne le GIEC. À cause des fontes glacières et polaires, le niveau de la mer va continuer de grimper, pendant « des siècles voire des millénaires ».
Photo d'en-tête : Stacey Gabrielle