Il n’y a pas de petits combats, si la cause est juste. C’est le sentiment que l’on a lorsqu’on jette un oeil sur l’actualité qui a marqué le monde de l’outdoor cette année. Cette actualité-là peut sembler dérisoire, comparée aux événements tragiques qui ont marqué le monde ces douze derniers mois. Mais partout, en montagne comme sur les océans, des hommes et des femmes se battent au quotidien pour faire avancer la société. À leur niveau, avec leurs moyens et leurs convictions. Souvent avec succès. Sur le terrain, loin des feux des médias, ils sont plus nombreux qu’on ne le pense, et c’est heureux. Parmi eux, voici quelques exemples qui ont particulièrement retenu notre attention cette année.
Olivier Erard : la sortie du tout ski à Métabief, c’est lui
« Métabief », son modèle d’adaptation au changement climatique est sur toutes les lèvres à l’heure où les stations de moyenne montagne se meurent. Pas de recette miracle ni de solutions toutes faites à y trouver pourtant, affirme son principal instigateur, le glaciologue Olivier ERARD. Directeur du Syndicat Mixte Métabief Mont d’Or (SMMO), l’ingénieur, consultant dans le domaine de l’eau, raconte en détails dans un long entretien comment la démarche prospective entamée depuis plus de cinq ans par la station du Haut-Doubs, permet aujourd’hui à ce territoire d’aborder l’avenir avec plus de sérénité. Malgré les obstacles. Car à toucher à l’or blanc, on ne se fait pas que des amis.
Depuis notre entretien, en février 2024, Olivier Erard a laissé ce projet entre de bonnes mains, et il continue en tant que consultant et formateur d’accompagner les territoires et les entreprises dans le domaine de l’eau, de l’adaptation au changement climatique et de la redirection écologique.
Victor Daviet, l’athète pro qui a permis à des snowborders afghans de reconstruire leur vie
Fin août 2021, lorsque Kaboul tombe aux mains des Talibans, les membres de l’équipe nationale afghane de snowboard sont menacés de mort – leur sport est interdit par les fondamentalistes islamistes. Contacté par le directeur de la fédération afghane, Victor Daviet, snowboarder pro, réussit après de longs mois d’acharnement à faire extrader ces jeunes. Avec son association, « Snowboarders Of Solidarity », il est parvenu à les aider à reconstruire leur vie. C’est le témoignage de deux d’entre eux, Musawer et Nasima, aujourd’hui réfugiés en France, ainsi que celui d’un surfeur afghan, Afridun, lui aussi banni de son pays, que nous fait découvrir Arte dans « Les riders d’Afghanistan », un reportage de 17 minutes.
Guillaume Desrues, maire de Bourg Saint-Maurice – Les Arcs, l’art d’aborder la transition vers une autre économie de montagne
Certaines stations de ski et villes de montagnes prennent la question à bras le corps : elles ne baissent pas les bras, elles ne se voilent pas la face devant la réalité du bouleversement climatique. Parmi elles, en Haute-Tarentaise, Bourg Saint-Maurice et, toute proche, la station des Arcs. Son maire, Guillaume Desrues, explique comment en moins de quatre ans, avec son équipe, il est parvenu à des premiers résultats très encourageants.
Bren Smith : l’aventurier, ex taulard, inventeur de la pêche agri régénérative, qui veut nourrir la planète sans détruire les océans
De lui, Yvon Chouinard, fondateur de Patagonia, dit que c’est un héros. « Rolling Stone », le classe dans la liste des vingt-cinq personnalités qui construisent le futur. Pour nous, Bren Smith est tout simplement un aventurier de la veine d’un Jack London, version XXI siècle. Certains chanceux ont pu l’écouter lundi lors de sa conférence à Change Now, « Le plus grand événement des solutions pour la planète », organisé à Paris jusqu’au 27 mars. La sortie en France cette semaine de sa biographie « Le fermier des océans », révéle un conteur, un personnage « bigger than life » et surtout un visionnaire. De ceux qui redonnent confiance. En soi. En l’humanité. En l’avenir.
Paul Watson : l’infatigable défenseur des océans
Juillet 2024, l’éminent écologiste canado-américain Paul Watson, 73 ans, qui lutte depuis des décennies pour la protection des océans et notamment contre la chasse à la baleine, est arrêté au Groenland en vertu d’un mandat d’arrêt international d’Interpol émis par Tokyo. Pendant cinq mois pèsera sur lui une menace d’extradition vers le Japon dans le cadre des poursuites entamées… en 2011. Un véritable imbroglio juridique qui fera immédiatement réagir tous les défenseurs de la nature, et qui se soldera heureusement par la libération de Paul Watson, le 17 décembre dernier. Quelques jours après avoir retrouvé sa liberté, le militant se dira déterminé à repartir au combat. « Nous allons mettre un terme à la chasse baleinière dans le monde, d’une manière ou d’une autre », a-t-il promis.
Christophe Profit : une grande figure de l’alpinisme pour un mont Blanc « by fair means »
November 2024, nouvel épisode de la « guerre des pieux » opposant depuis 2022 Christophe Profit et le maire de Saint-Gervais, Jean-Marc Peillex. Pour le moins inattendu, cette fois. On se souvient que le 5 juin 2023, le guide chamoniard, grande figure de l’alpinisme, a été condamné à 600 euros d’amende pour avoir retiré et dérobé des pieux censés sécuriser l’ascension de l’arête des Bosses, dernière ligne droite dans l’ascension du mont Blanc par la voie normale. L’affaire oppose deux approches de la montagne, celle défendue par l’alpiniste, « by fair means », contre une autre, plus « sécuritaire », portée par le maire de Saint-Gervais et elle doit être rejugée en appel le 8 janvier prochain. Mais un nouvel élément va sans doute refaire couler beaucoup d’encre. Car, furieux de constater en août dernier que trois nouveaux pieux ont été réinstallés au même endroit, Christophe Profit entend à nouveau intervenir. Mais alors que certains le voient déjà convoqué devant le juge comme « récidiviste », voilà qu’il décide pour obtenir gain de cause d’emprunter la voie légale, et de lancer une action en référé contre le maire de Saint-Gervais, comme il nous l’a expliqué lors des entretiens exclusifs qu’il nous a accordés.
La Népalaise Purnima Shrestha fait fi des traditions et ouvre la voie à un nouvel alpinisme au féminin
Purnima Shrestha a grandi au Népal dans le petit village d’Arughat – point de départ du tour du Manaslu, au sein d’une famille d’agriculteurs de subsistance. Ils n’avaient pas grand-chose, pas même l’eau courante. On attendait d’elle qu’elle se marie jeune, qu’elle élève ses enfants et qu’elle tienne la maison. Pas qu’elle devienne photojournaliste, une grande figure de l’alpinisme et une icône pour tout un pays. Première femme népalaise à atteindre le sommet du Daulaghiri, elle compte déjà huit des plus hauts sommets du monde à son palmarès et, au printemps 2024, elle est devenue la première personne à gravir trois fois l’Everest en une saison.
Photo d'en-tête : Montage photos