Parce qu’on ne peut pas toujours bannir définitivement les vols longs courriers, on peut tout de même optimiser son empreinte carbone en voyageant plus écologiquement. Mais comment trouver des vols plus respectueux de l’environnement ? Quel mode de transport faut-il choisir pendant ses voyages ? Comment compenser son bilan carbone ? Réponses en sept astuces faciles à appliquer.
La pandémie a drastiquement ralenti le trafic aérien. Les compagnies ont enregistré une chute de 66% en 2020, alors qu’avant la crise, les avions consommaient près d’un milliard de litres de carburant par jour. Une bonne nouvelle pour l’environnement, puisque « l’aviation est responsable de 4% de l’augmentation de 1,2°C de la température moyenne mondiale que nous avons déjà connue depuis la révolution industrielle », remarque Milan Klöwer dans The Conversation. Dans une nouvelle recherche, le chercheur et ses collègues ont calculé que si le secteur de l’aviation continue de croître sur sa trajectoire actuelle, sa consommation de kérosène aura ajouté 0,1˚C au réchauffement climatique d’ici 2050 – la moitié à ce jour, l’autre moitié dans les trois prochaines décennies. Mais tout n’est pas perdu.
Milan Klöwer ajoute qu’un « un déclin de l’aviation peut inverser en partie le réchauffement. Pensez aux effets du CO₂ comme à une baignoire – elle se remplit quand on tourne les robinets de plus en plus loin, malgré un écoulement lent par la bonde. Mais la même baignoire finira par se vider si les robinets sont progressivement baissés ». L’idée n’est donc pas d’abandonner tous ses voyages de longue distance, mais de les réguler – et de mieux se déplacer (avec ses baggages ou sa valise rigide xxl). Pour y contribuer, nous avons réuni sept conseils qui vous aideront à réduire votre empreinte carbone, tout en allant au bout du monde.
1 – Choisir des vols moins néfastes pour l’environnement
Si vous ne pouvez pas éviter de prendre l’avion pour voyager, vous pouvez toujours chercher des vols un peu moins nocifs pour l’environnement. Dans cet article de « Grist » – média américain spécialisé en actualité environnementale – Gregory Miller, directeur du Centre pour les voyages responsables, propose de « suivre les critères du Conseil international pour des transports propres » : « dans la mesure du possible, prenez des avions récents, asseyez-vous en classe économique (les classes affaires prennent plus d’espace, réduisant donc le nombre de passager par vol, ndlr), choisissez un avion de taille normale car les gros transporteurs ont tendance à consommer plus de carburant par passager, et optez pour des vols directs plutôt que pour des vols avec plusieurs escales ». En moyenne, 10% du carburant est consommé pendant le décollage, et 5% pendant la descente – les escales sont donc un gouffre de consommation de kérosène.
2 – Faire un « régime carbone » et privilégier le train à l’avion
Commencez par reconsidérer la fréquence de vos vols longs courriers. Si renoncer définitivement à l’avion n’est vraiment pas possible pour vous, essayez de rentabiliser votre bilan carbone en passant plus de temps sur le lieu de votre destination, utilisez les transports en communs sur place plutôt que louer une voiture, favorisez le vélo ou la marche pour vos excursions. Essayez de vous fixer un objectif : par exemple, se limiter à ne prendre l’avion qu’une fois tous les 2 ans plutôt que plusieurs fois dans l’année. Pour les autres vacances, privilégiez d’autres moyens de transport ; et si le train est pour vous synonyme de lenteur, pensez aux trains de nuit. Une alternative en pleine expansion, qui permet notamment de relier la France à de nombreuses destinations en Europe et transforme le trajet en aventure. À l’occasion, (re)découvrez nos 5 suggestions de voyages en train. Un bon moyen de connaître les économies carbones réalisées est d’utiliser un comparateur de bilan CO2, comme celui proposé par la plateforme suisse Energie Environnement, ou encore celui de la SNCF.
3 – Acheter des compensations carbone
De nombreux calculateurs existent en ligne aujourd’hui, comme le proposent les sites Fondation GoodPlanet, Nos Gestes Climat ou encore WWF. Une série de questions sur vos habitudes alimentaires, de transport, de consommation et de voyage permet d’évaluer votre bilan carbone, et de trouver des moyens de le compenser en agissant plus vertueusement envers l’environnement.
De plus en plus de compagnies aériennes proposent également aux passagers d’acheter des « compensations carbone ». « Certains sites web vous permettent d’estimer la quantité de CO2 émises dans l’atmosphère dont vous êtes personnellement responsable. Si vous prenez un vol de 3 000 km entre Seattle et Boston, par exemple, vous avez produit 0,5 tonne de CO2, et vous pouvez le compenser pour seulement cinq dollars. Si l’on considère que vous avez probablement déjà payé quelques centaines de dollars pour votre vol, ce n’est pas cher payé. Mais à quoi servent exactement ces 5 dollars supplémentaires ?
Les paiements compensatoires peuvent servir à financer un certain nombre de projets visant à réduire les émissions de carbone. Le plus simple à comprendre est sans doute la plantation d’arbres. Dans le cadre de ce type de programme, l’argent de la compensation sert à planter un certain nombre d’arbres qui, en théorie, séquestreront dans leur tronc autant de CO2 que celui émis par votre voyage en avion », explique le Washington Post. Cependant, cette option est parfois controversée. Comme l’explique Youmatter, « le CO2 stocké par les arbres n’est pas absorbé sur les mêmes échelles de temps que le CO2 émis par les activités humaines ». Alors, une autre solution est possible : « des programmes de compensation peuvent consister à capter les émissions de gaz à effet de serre des décharges ou à payer un riziculteur pour qu’il utilise des pratiques permettant de réduire les émissions de méthane de ses rizières », poursuit le quotidien américain.
4 – Adapter son itinéraire selon l’ancienneté et le moteur de sa voiture
Si vous avez une ancienne voiture qui consomme beaucoup de carburant, mieux vaut éviter les zones de trafic dense. Alterner sans cesse les arrêts, les démarrages et avancer au ralenti fait doubler la consommation d’essence. « Une étude réalisée en 2013 par l’université Carnegie Mellon a révélé que les émissions de gaz à effet de serre des voitures à essence triplaient dans les rues très encombrées de New York, par rapport aux conditions sur l’autoroute », rapporte Grist.
« Mais selon Jeremy Michalek, professeur d’ingénierie et de politique publique à Carnegie Mellon, la différence est moindre si vous conduisez un véhicule hybride ou électrique. La technologie électrique empêche les voitures de gaspiller de l’énergie aux intersections ou dans la circulation dense, ce qui élimine plus ou moins la question de la marche au ralenti. Et la technologie du freinage par récupération permet aux voitures hybrides et électriques de convertir leur mouvement en énergie électrique, qui peut être stockée dans leurs batteries. Les arrêts fréquents ne sont donc pas si importants si vous conduisez l’un de ces véhicules plus récents et plus efficaces. L’essentiel, dit-il, est qu’un véhicule électrique ou hybride peut très bien se comporter, en termes d’émissions, en ville ou sur l’autoroute. »
De manière générale, peu importe le type de voiture que vous conduisez, adoptez une conduite plus douce – accélérer et freiner rapidement sur l’autoroute, par exemple, revient aussi à consommer plus, et donc produire plus d’émissions de carbone. « Pour les voitures à essence, le ministère de l’énergie américain indique que des vitesses supérieures à 80 km/h peuvent rapidement réduire l’efficacité énergétique. Le calcul est un peu différent pour les véhicules électriques, mais rouler plus vite signifie forcément que votre voiture doit surmonter plus de résistance, ce qui exerce une plus grande pression sur la batterie du véhicule. »
5 – Louer une voiture à moteur électrique plutôt que thermique
Ce n’est plus un secret pour personne, les voitures électriques (VE) émettent moins d’émissions carbones que celles à moteur thermique. Et plus les voyageurs loueront ces véhicules, plus les agences de location en proposeront sur le marché. Ainsi, un cercle vertueux sera créé, et pourrait permettre – on l’espère – de réduire le coût de la location d’une voiture électrique. Pour l’instant, en France, une voiture électrique de location coûte en moyenne 60€ par jour, soit le double d’un véhicule thermique. Mais, aux Etats-Unis, le phénomène commence à s’installer : « l’agence de location Hertz a pris des engagements importants à cet égard. En octobre, la société a annoncé qu’elle avait commandé 100 000 véhicules électriques à Tesla – le plus gros achat de VE jamais réalisé. Tim Johnson, professeur d’énergie et d’environnement à l’université Duke, estime que si le programme de Hertz s’avère populaire auprès des clients, il pourrait encourager d’autres sociétés de location à se lancer dans le jeu des VE », écrit Grist.
Le nombre d’arrêts à faire pour recharger votre véhicule vous rebute ? Profitez-en pour mieux vous organiser. Repérez des bornes de rechargement à l’endroit où vous souhaitez vous arrêter pour manger, pour dormir, ou pour visiter un site. Ainsi, le temps de charge ne sera pas perdu, et vous prendrez plus votre temps pour apprécier votre visite.
6 – Pour les voyages de courte ou moyenne distance, préférer les bus aux trains
Selon Kara Kockelman, professeur d’ingénierie des transports à l’université du Texas à Austin, ainsi que d’après les études de the Union of Concerned Scientists, Farmingdale State College, et National Geographic, « les trains pourraient être moins performants que les bus en raison de la forte consommation d’énergie de leurs stations ou du fait que, dans les zones à faible densité de population, ils fonctionnent souvent en dessous de leur capacité. D’autres experts mettent en cause le carburant diesel utilisé par de nombreux trains, ainsi que les dépenses énergétiques élevées liées à l’entretien d’une ligne de chemin de fer fonctionnelle ».
7 – Favoriser les hébergements entre particuliers plutôt que les complexes hôteliers
Si les hôtels se montrent de plus en plus soucieux de l’environnement, notamment en supprimant les bouteilles en plastique, les objets à usage unique dans les salles de bains, ou encore en proposant des aliments de circuits courts, les complexes hôteliers restent plus polluants qu’une simple habitation. En préférant des locations de vacances, c’est un pas de plus vers un bilan carbone plus faible. D’autant plus qu’avec une cuisine comprise dans le logement, on limite ses déplacements – pour aller au restaurant, par exemple – et on reste plus attentif à sa consommation alimentaire.
Vous souhaitez vous aussi calculez votre bilan carbone ? Faites le test sur WWF Suisse.
Ça vient de sortir : le guide pratique qui donne envie de prendre le train
Dans une étude publiée en octobre dernier, Greenpeace remarque que « le simple fait d’arrêter l’avion pour les vols les plus fréquentés dans l’Union européenne, dès lors qu’une liaison ferroviaire de moins de six heures existe, permettrait d’économiser 3,5 millions de tonnes d’équivalent CO2 par an. Un tiers des 150 vols court-courriers les plus fréquentés dans l’Union européenne dispose déjà de cette alternative, et le réseau ferroviaire européen est encore nettement améliorable », écrit l’ONG. C’est pourquoi nous vous recommandons le livre « Trains de nuit, 30 trajets inoubliables en Europe » pour vos prochaines excusions : un ouvrage de 320 pages (25€), qui propose de relier de nombreuses villes européennes en empruntant les plus beaux itinéraires. Par exemple, un trajet Paris-Venise en 14 heures ; un Edimbourg-Londres en 7 heures 30 ; ou encore un Zagreb-Belgrade en 6 heures 15 inoubliables. Comme quoi il n’y a pas que la destination qui compte.
Photo d'en-tête : Tim Foster- Thèmes :
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