La star de l’ultra trail s’élance vendredi sur le Pacific Crest Trail, sentier mythique de la côte ouest des États-Unis. Au programme, 900 km et 35 000 m de dénivelé pour une dizaine de jours d’aventure. Un nouveau défi hors norme pour le Français, adepte de ce genre d’aventure, loin de la cohue des plus grandes courses internationales.
François D’Haene va se frotter au Pacific Crest Trail, l’un des tracés les plus mythiques des États-Unis, long de 4200 km, qui s’étend de la frontière canadienne à la frontière mexicaine. Le Français parcourra environ 900 km sur la partie « Washington », de l’extrémité nord jusqu’à “Bridge of the Gods”, un pont qui traverse le fleuve Columbia, entre la Cascade Locks (Oregon) et l’État de Washington, près de la ville de Stevenson. Il espère mettre entre neuf et onze jours environ pour réaliser ce parcours.
L’athlète a expliqué que même si l’objectif principal était de réussir à rejoindre le point d’arrivée, tenter de battre le record détenu par le Suisse Christof Teuscheur de 10 jours 1 heure et 26 minutes (juillet 2018) était aussi un beau challenge. Un film, disponible en anglais, retrace d’ailleurs l’aventure de ce dernier.
Le Pacific Crest Trail, terrain d’aventure
François D’Haene aime particulièrement la culture du trail à l’américaine et les sentiers de ce vaste territoire. John Muir Trail en 2017, Western States 100 en 2018, Hardrock 100 cette année – finalement annulée du fait de l’enneigement exceptionnel – il n’est pas étonnant qu’il ait choisi de revenir dans ce pays, berceau de l’ultra trail – on date le premier en 1974, avec la première édition de la Western States 100.
Les conditions météo seront certainement fraîches pour le Français puisque les premières images postées sur ses réseaux sociaux ont montré la présence de neige sur le parcours. Cependant, elles devraient s’améliorer dans les jours qui viennent. La saison n’est pas idéale pour tenter de battre un record, mais comme il l’explique sur Facebook : “J’avais un planning de compétition cet été et faire 900km avant une course n’est pas une bonne idée ! Début septembre il y avait les vendanges (François D’Haene gère avec sa femme une exploitation viticole dans le Beaujolais, ndlr), ce qui ne me laissait guère d’autre choix en termes de timing”.
Une logistique bien rodée
Comme pour ses aventures précédentes, il sera épaulé par des “pacers”, des coureurs se relayant pour l’accompagner sur le parcours. Au-delà du soutien mental et logistique, c’est aussi un gage de sécurité, particulièrement sur ces sentiers sauvages où l’on peut se retrouver parfois très éloigné de la civilisation. Alexis Traub et Guillaume Prevost, avec qui il a l’habitude de partir à l’aventure, seront présents sur tout le tracé. D’autres traileurs pourraient se greffer à l’aventure sur certaines portions, comme l’avait fait l’Américain Tim Tollefson en 2017 sur le John Muir Trail, quelques semaines après avoir partagé avec lui le podium de l’UTMB (François D’Haene avait remporté l’épreuve, Tim Tollefson avait terminé troisième).
La gestion du sommeil et de l’alimentation sur ce genre de défi est très différente d’un ultra trail “classique”. Alors que sur une épreuve de 24 heures environ (comme le Grand Raid de la Réunion) il ne dort pas, François D’Haene sera forcé de faire des pauses conséquentes sur un parcours aussi long : il devrait ainsi dormir quelques heures tous les jours. Un van le suivra sur le tracé et il en profitera quand cela sera possible. Certaines zones étant très éloignées de routes accessibles, il prévoit aussi d’utiliser une tente si besoin. Par ailleurs, il programme de s’accorder de vrais repas avant et après chaque étape, chose qu’il ne fait pas non plus sur une compétition.
François D’Haene, qui ne cache pas son attirance pour les (très) longues distances – au-delà du 100 miles, s’apprête à vivre ici sa plus longue traversée. Après le record du GR 20 en Corse en 2016 (31 heures 6 minutes), celui du John Muir Trail en 2017 (67 heures et 26 minutes), et le tour du Lac de Serre-Ponçon en 2018 avec ces deux acolytes Alexis Traub et Guillaume Prevost (34 heures et 40 minutes), le Français réserve de plus en plus de temps pour monter des projets qu’il imagine de A à Z.
En ligne de mire après cette aventure américaine, le fameux Tor des géants auquel il pourrait se confronter dans les années à venir.
Photo d'en-tête : © Droz photo / Salomon running