Dan Buettner s’est fait connaître via ses articles parus dans National Geographic, mais il détient aussi trois records Guinness de cyclisme d’endurance. Au cours de ses voyages, il a été amené à fréquenter ceux qu’il considère comme les personnes les plus heureuses sur Terre. Il nous revient avec quelques conseils inspirés de ces sages, pour mieux vivre au quotidien.
Nom : Dan Buettner
Profession : journaliste au National Geographic
Age: 57 ans
Quand il était jeune, Dan Buettner voulait devenir explorateur. Il a alors commencé à parcourir le monde à vélo lors de plusieurs voyages. Il a ainsi pédalé de l’Alaska à l’Argentine, mais aussi arpenté plus de 20 000 km en ex-URSS et traversé l’Afrique. “Ces voyages sont très importants pour celui qui les entreprend, mais pas pour le reste du monde. Une expédition ne prend du sens que lorsqu’on en retire quelque chose capable d’améliorer la condition humaine”, affirme-t-il. Ces 15 dernières années, il s’est attelé à parcourir le monde à la recherche de ce qui rend les gens heureux. Il a ainsi identifié plusieurs destinations, qu’il appelle “les zones bleues”, où les gens vivent plus vieux qu’ailleurs et sont en meilleure santé. Des découvertes dont il a parlé dans ses articles pour le National Geographic et dans une série de best-sellers intitulée Blue zones : Où vit-on mieux et le plus longtemps. Dan Buettner nous en dit un plus sur son parcours, son mode de vie et ce qu’il a retenu de ses voyages.
Quelques mots pour décrire votre travail ?
“Je m’efforce de rendre simple et accessible des idées complexes”.
Votre emploi du temps ?
“Il est tout aussi possible de dire que je travaille tout le temps ou que je ne fous jamais rien. Tout dépend de la façon dont on envisage le travail. Si on le voit comme quelque chose de contraignant que l’on n’aime pas faire, alors je travaille une heure par jour. Si on le définit comme le fait de mobiliser ses neurones avec un objectif en vue, alors je travaille 12 heures par jour. En général, j’écris toute la matinée jusqu’à midi. C’est là que je suis le plus productif.”
Votre espace de travail ?
“Entièrement mobile, donc parfait. J’ai toujours mon ordinateur portable avec moi. Les endroits où je travaille le mieux ? Dans un avion ou assis en tailleur à l’extérieur”.
Comment êtes-vous arrivé à National Geographic ?
“Ca a pris 15 ans. Après chacun de mes périples à travers les continents, je me rendais religieusement dans les bureaux de National Geographic. Ils refusaient de me publier mais j’apprenais quelque chose à chaque fois. Une fois, au cours de l’un de ces rendez-vous, le rédacteur en chef chargé des expéditions était en face de moi et je le voyais tapoter machinalement la table avec son stylo et regarder sa montre. J’ai pris alors mon courage à deux mains et j’ai dit que j’avais aussi travaillé sur les gens qui vivent le plus longtemps au monde. D’un coup, il a arrêté de jouer avec son stylo et s’est exclamé: ‘Ah ben voilà, ça c’est une idée qui a de la gueule !’. Le premier article sur ce sujet est paru en novembre 2005 et a été l’un des plus grands succès de l’histoire du magazine.”
Un conseil pour débuter dans le métier ?
“Quand j’ai commencé, il y avait très peu de publications et si on réussissait à faire la une du National Geographic, on décrochait le Graal. Cela reste un immense honneur pour un explorateur. C’est l’équivalent d’un prix Pulitzer. Mais la barre n’est plus aussi haute pour les jeunes. Aujourd’hui, à l’ère des réseaux sociaux, on peut être son propre organe de presse et en quelques années on peut se constituer une audience tout aussi importante qu’en écrivant pour le National Geographic.”
Votre outil préféré ?
“Mon Mac.”
Votre petit-déjeuner ?
“En général, je suis un adepte des flocons d’avoine, mais ce matin j’ai mangé un dal de lentilles aux piments et à la noix de coco. Dans les ‘zones bleues’, les gens prennent habituellement un petit-déjeuner salé. Les quatre piliers d’un régime pour vivre vieux sont les céréales complètes, les noix, les légumes verts et les haricots. Ces derniers sont les plus importants pour vivre le plus vieux possible quel que soit l’endroit où on se trouve dans le monde. Je suis devenu un expert du haricot ! En plus, ça ne coûte pas cher et quand on les cuisine bien, ils ont un délicieux goût de viande. Les gens disent qu’ils n’ont pas les moyens de manger sainement, ce qui a le don de m’agacer. Dans n’importe quel supermarché, un sac de 10-12 kg d’haricots coûte moins de 10 euros. Je peux me nourrir pendant un an avec ça.”
Votre rythme de sommeil ?
“Les gens qui vivent le plus vieux se lèvent et se couchent en même temps que le soleil. On ne peut pas dire que je fasse vraiment ça. Je me couche assez tard et je mets un masque sur les yeux pour ne pas être réveillé par la lumière du jour. Je dors jusqu’à ce que mon corps ne veuille plus dormir, ce qui arrive en général après 7 ou 8 heures de sommeil.”
Les nouvelles résolutions que vous avez essayé de prendre ?
“Je ne crois pas aux résolutions. Elles finissent presque toujours par échouer. Si on veut vivre plus longtemps, travailler de façon plus harmonieuse et être plus heureux, alors il faut changer d’environnement ou le transformer radicalement en mettant en place plein de petites choses qui nous poussent à faire le bon choix plutôt que le mauvais.”
Comment conciliez-vous l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée ?
“Vers 16h, surtout quand je suis à Santa Barbara, en Californie, où c’est totalement banal de faire ça, j’éteins mon ordinateur et je vais boire un verre ou dîner avec des gens qui partagent les mêmes centres d’intérêt que moi. Je mets un point d’honneur à éteindre mon téléphone parce que pour moi, quand il est sur la table, l’autre vous signifie que vous n’êtes pas la personne la plus importante.”
Votre rituel quotidien préféré ?
“Tous les jours, je me garde une heure pour faire de l’exercice physique. C’est sacré. Ça peut être aller au yoga, faire du vélo, du roller… Aujourd’hui je vais aller faire une rando de deux heures avec sur le dos un sac de 13 kg et j’en profiterai pour passer quelques coups de téléphone”.
Votre plus grande peur ?
“J’ai étudié pendant sept ans l’effondrement des civilisations, que ce soit la disparition des Mayas, des Romains ou des Anasazis. A chaque fois, c’est le même schéma : les innovations entraînent une surpopulation et des inégalités dans la société, qui devient alors incapable de se réguler toute seule. Puis survient un événement climatique auquel la société ne parvient pas à faire face… Les dirigeants créent alors des conflits de toute pièce pour détourner l’attention et masquer leur incapacité à gérer la situation. Churchill disait: ‘Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre’. J’ai peur de l’effondrement de notre civilisation. Nous sommes en train de faire les mêmes erreurs que nos prédécesseurs.”
Photo d'en-tête : Erin Wilson- Thèmes :
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