Annoncée hier à grands renforts de communication via la presse et de teasing sur Facebook, l’arrivée d’un nouveau surf park, à Lyon cette fois, entend bien mettre en émois les surfeurs urbains en mal de swell. Présenté comme le « plus grand d’Europe », son ouverture est prévue pour la rentrée 2020.
Le surf park urbain est tendance. Mieux que l’aqua park dont les vaguelettes n’émeuvent plus grand monde, ces gigantesques infrastructures séduisent les villes les unes après les autres. Saint-Gilles-Croix-de-Vie, en Vendée, au bord de la mer (sic !) est considéré comme le pionnier du genre en Europe. Ouvert en 2016, il a vite fait des émules. Bordeaux et Perpignan ont déjà le leur. Et Montpellier cogite sur un gigantesque parc aquatique avec un bassin de 100 mètres et des vagues entre 1,80 mètre et 3 mètres. Ouverture prévue en 2024. Mais dans une ville située à moins de 15 km de Méditerranée, le projet ne fait pas l’unanimité, on s’en doute. Plus polémique encore, le projet prévu en Loire Atlantique, à Saint-Père-en-Retz, où l’arrivée de ces vagues artificielles a soulevé un tollé. A juste titre. Au programme : un grand bassin de 200 mètres de long et des vagues pouvant atteindre 2 mètres. Aberrant quand l’océan, le vrai se trouve à 10 kilomètres.
Le projet lyonnais, dont l’ouverture est annoncée pour la rentrée 2020 semble, lui, plus cohérent, au même titre que les salles d’escalade indoor qui, un peu partout en France, assurent leur dose de sensations à tous les grimpeurs urbains.
Baptisé « City Surf Park», ce nouvel espace qui devrait voir le jour à Décines-Charpieu, accolé au stade de l’Olympique Lyonnais, se veut très ambitieux. « Imaginez-vous sortir du boulot, prendre le métro, enfiler votre maillot et surfer en bas de chez vous ! » , lit-on sur le site internet du futur complexe de 1200m2 dédié au surf incluant aussi un restaurant, un beach bar, un surf shop et une scène pour des shows et des concerts. Outre du rêve, des smoothies et du coworking, que nous proposent les investisseurs, deux Lyonnais à l’origine d’une start up qui affiche de grosses ambitions ? Du surf pour tous, pros et débutants compris, sur « la plus grande vague de surf indoor d’Europe ».
Mais pas de big wave en perspective. En attendant l’éventuelle ouverture des sites de Montpellier ou de Saint-Père-en-Retz qui visent eux, respectivement les 3 mètres et les 2 mètres de haut, Lyon est plus modeste et vise une vague à 27°C s’étalant sur un plan incliné de 10 mètres de large sur une hauteur variant de 70 cm à 1m50, modulable en fonction du volume d’eau projeté. « Un procédé breveté par la société Hydrostadium, utilisant notamment un système hydromécanique exclusif. », selon City Surf Park.
Concrètement, comment ça marche ? « Il existe actuellement trois types de vague à surf artificielle », explique le site d’Hydrostadium.
- La vague à surf à eau pulsée : développée dans les années 1990, ces vagues sont maintenant dépassées du fait des sensations trop éloignées du surf naturel et du risque de blessure.
- La vague à surf déferlante : reproduisant parfaitement les vagues présentes dans l’océan mais dont les contraintes foncières et financières sont trop importantes.
- La vague à surf de rivière : permettant de combiner les avantages d’une vague en pleine eau proche du surf naturel, avec une emprise foncière et financière maitrisée.
C’est ce troisième type de vague à surf qui a été « créé, optimisé et breveté par Hydrostadium dès 2007 » selon la société. « Elle a l’avantage d’être infinie, assurant des sessions de surf sans limite, poursuit-elle. Par ailleurs, « l’épais matelas d’eau et l’absence de profilé sous la vague à surf garantissent l’absence de chocs lorsque les pratiquants chutent. » Autres avantages, selon elle : la modularité instantanée de la vague à surf en hauteur et en forme ; la qualité de glisse ; des dispositifs permettant de lisser complètement la surface de surf ; et la consommation énergétique. La consommation serait inférieure ainsi à 300 kWh pour une vague de 10 m de large, selon Hydrostadium.
Un argument largement mis en avant par les investisseurs du City Surf Park qui, sans doute alertés par le débat autour du projet de Saint-Père-en-Retz, n’oublient pas de surfer sur la vague verte : La consommation d’eau (circuit fermé) et d’électricité serait donc réduite au maximum et l’eau chauffée grâce à la récupération thermique, expliquent-ils. « Elle ne devrait pas dépasser les 430m3 à l’année, soit l’équivalent annuel de 12 ménages », selon eux. Dans le bar et le restaurant, les circuits courts seront privilégiés et le plastique remplacé par des matériaux recyclables, précisent-ils.
Un concept bien ficelé sur lequel les investisseurs planchent depuis trois ans et qu’à terme, ils comptent bien décliner « en franchises ainsi qu’en marque blanche pour l’utilisation de la technologie » .
En attendant, reste à savoir si ce projet va créer des vocations chez les « urban surfers » lyonnais et les conduire sur les plages pour se frotter à la vague, la vraie, imprévisible et certainement pas garantie à 27°C. Celle qui vous démonte ou vous transporte mais qui, toujours, vous fait sentir tellement plus vivant !
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