A sa sortie en 2015, « En quête de sens » – long métrage de Nathanaël Coste et Marc de La Ménardière – rencontre un énorme succès. Documentaire pionnier, dans la mouvance de « Demain », il questionnait nos choix de vie. Seul derrière la caméra cette fois, Nathanaël Coste s’attaque dans « La Théorie du Boxeur » à démonter nos idées reçues sur l’agriculture et à reconsidérer ce qui arrive dans nos assiettes. L’aboutissement d’une longue réflexion et d’un tournage de deux ans, dont le réalisateur dévoile la genèse dans une interview exclusive.
Pour votre premier film « En quête de sens », sorti en 2015, vous questionniez la possibilité de créer un nouveau modèle, et croyiez en l’être humain comme part d’un grand ensemble, considérant « qu’une nouvelle civilisation consciente de son interdépendance et plus en phase avec la vie » pourrait advenir. Quelques années plus tard, avez-vous mûri votre réflexion sur le sujet ? Portez-vous un regard critique sur les conclusions que vous aviez à l’époque ?
C’est toujours bien d’avoir un regard critique sur ce que l’on fait. « En Quête de Sens » était un film de jeunesse, mais on a aussi cherché une forme de maturité dans notre message. On ne s’est pas précipité pour le finir. Ce n’était pas un voyage autour du monde d’un an. En tout et pour tout, on a voyagé moins de 3 mois, mais entre tous ces tournages et la fin du projet, on a mis six ans et demi. C’est du temps dédié à faire maturer nos messages pour essayer de capter leur résonance avec l’époque. On adaptait ce qu’on mettait dans le film parce l’époque avait tendance à nous rattraper. Sur des choses toutes bêtes, par exemple, quand on a commencé à filmer en 2009, la méditation, c’était un truc pas très connu, voire un peu bizarre, mais cinq plus tard, c’était devenu assez mainstream. Résultat, le film était plus audible quand on l’a sorti en 2015 que lorsqu’on l’a commencé en 2009. On a bien fait de prendre notre temps.
Le message de conclusion d’« En quête de sens » , était un peu de dire qu’une nouvelle civilisation pourrait advenir. Est-il donc possible de créer un nouveau modèle ?
Ça reste une possibilité, je dirais que c’est un chemin, qui peut être long ou court, mais l’issue sera d’accéder collectivement à plus de conscience dans les choix que l’on fait et dans les actions que l’on met en œuvre. Pour l’instant on est encore un petit peu dans l’âge de l’inconscience. Mais on commence à voir des percées, des fulgurances. Une nouvelle génération beaucoup plus consciente de certains enjeux arrive. Elle est née avec la conscience qu’on est sept milliards à habiter sur une seule planète, ce que nos parents et grands-parents ont mis plus de temps à réaliser et pas de façon aussi palpable. Ces enjeux (des ressources limitées, le dérèglement climatique), on en parle dans les médias mainstream depuis peut-être 20 ans, et beaucoup plus encore depuis cinq à dix ans, c’est donc tout neuf. Mais on a envie que les choses surviennent tout de suite. On se dit « on n’a que dix ans pour sauver le climat, on n’a que vingt ans pour sauver le monde ». C’est peut-être le cas, mais on ne peut pas aller plus vite que la musique. Au point de vue de la conscience, ça prend du temps. Ça va même assez vite.
Pour en venir à « La Théorie du boxeur », la question qui se posait, c’était : « Comment l’agriculture et la consommation peuvent-elles s’adapter au changement climatique ? ». C’est un film que j’aurais difficilement pu faire il y a cinq ans, car je n’aurais pas forcément été bien reçu par les agriculteurs avec un sujet comme ça. J’aurais été connoté très « écolo ». Le mot « changement climatique » est connoté. Aujourd’hui on peut en parler beaucoup plus librement, tous les syndicats agricoles se sont emparés de la question. Tout le monde a été impacté, dans sa chair, les agriculteurs sont dehors toute l’année… Aujourd’hui, il n’y a plus de débat sur l’existence ou pas du changement climatique. La question est plutôt de savoir comment on fait avec. Mais il y a cinq ans on n’en était pas là. On est un peu rattrapé par l’actualité et par l’accélération des bouleversements qu’on n’avait pas forcément prévus de cette manière. En même temps on n’a pas de boule de cristal, on ne sait pas où on sera cette année, l’an prochain, ni dans les dix prochaines années. Mais ça va quand même assez vite. Il faut passer à l‘action et être dans la réponse et l’adaptation, tout en anticipant. C’est ça qui est difficile.
Je garde espoir dans l’espèce humaine pour faire des choses intéressantes. Tout dépend si on regarde le verre à moitié vide ou à moitié plein. Si on considère ça sous l’angle de la préservation des écosystèmes tels qu’ils existaient il y a 50 ans, c’est déjà trop tard. Mais sous l’angle de ce qui peut être encore sauvé de la vie biologique sur la planète, de ce qui équilibre les écosystèmes, la question n’est pas encore tranchée. Donc c’est vrai qu’il y a un enjeu à ne pas rester les bras croisés. On doit éventuellement modifier notre perception de ces phénomènes et leur lecture. C’est un peu le diagnostic qu’on faisait avec « En Quête de Sens », et c’est un peu ce que je fais avec « La Théorie du Boxeur ». Il me semble qu’une approche purement comptable des phénomènes de changement climatique – compter les degrés en plus, les tonnes de céréales produite – une approche mécaniste de tout le phénomène, est nécessaire. Mais pas suffisante. Il faut une vue un peu plus large qu’une vision comptable. Si on gère la planète en essayant seulement d’avoir des ressources pour les générations futures, c’est déjà pas mal. Mais si on en profite pour remettre en question nos façons de faire et revoir la façon dont on cherche à en faire toujours plus…
La maximisation des rendements et des revenus a commencé à détraquer la machine. Le film est donc une invitation à aller voir les causes et les raisons pour lesquelles on doit s’adapter. C’est une invitation à faire une analyse … Je ne détiens pas la vérité là-dessus, je ne détiens pas tout le diagnostic, mais je me dis qu’il faut peut-être ne pas se limiter à une analyse comptable. C’est ce que je reproche à une forme d’écologie politique qui compte un peu trop les grammes de CO2 et qui ne cherche pas forcément à comprendre le changement de philosophie qu’il faut opérer.
Comment s’est imposé à vous le thème de l’alimentation ?
Il m’est un peu tombé dessus, mais en même temps j’y travaille depuis pas mal d’années. Avant de réaliser « En Quête de Sens », j’avais fait trois films sur le monde agricole : en Inde, au Sénégal et au Burkina Faso, sur les problématiques d’accès aux semences et les solutions qu’offrent l’agroécologie dans les pays du Sud. J’ai une formation de géographe et je m’intéresse à ces questions-là de longue date. C’est le sujet qui m’a rattrapé sur mon propre territoire, avec des acteurs de la vallée de la Drôme. Localement, il y a un grand questionnement sur l’adaptation au changement climatique et les actions à mener au niveau citoyen et politique. On est dans une vallée où ces thèmes sont regardés de près. L’essor de l’agriculture biologique s’y est fait assez tôt et elle y occupe pas mal de place aujourd’hui, tout comme la réflexion sur les circuits courts, la notion de résilience etc… Ici, certaines collectivités s’intéressaient au sujet, je me suis donc mis en tête avec l’association Kamea Meah de porter un projet sur ce thème. Il y a des choses concrètes que les politiques aimeraient impulser, et ont déjà impulsées depuis 20 ans ou 30 ans, sur des questions d’agriculture et d’alimentation.
Le film est une invitation à revoir le modèle sur les points qui sont toujours problématiques, et à se reposer la question de l’interface entre agriculture, alimentation et territoire. Et notamment de définir « qu’est-ce qu’on produit sur le territoire, qu’est-ce qu’on importe, et pourquoi ? ». Parce qu’on ne peut pas tout produire localement. Il y a aussi des questions autour du revenu et de la sécurité pour les agriculteurs et les agricultrices. Et celle de l’accès à la terre et à l’eau. On est sur un territoire en déficit au niveau de l’eau, l’adaptation à un climat beaucoup plus sec est donc aussi en question. Tout comme celle du partage de l’eau entre les différents usages, domestique industriel et agricole, voire touristique. Tout en considérant bien sûr le milieu naturel et toute la vie aquatique qui souvent trinquent quand on a trop prélevé, comme ça a été le cas cette année encore.
Pourquoi choisir la Drôme ?
J’y habite et je me suis intéressé au développement local grâce à ma formation de géographe. Assez naturellement j’ai trouvé ça chouette de pouvoir travailler sur le territoire sur lequel je vis. Il y a aussi la curiosité d’aller plus en profondeur et de dépasser l’image de façade. Ça fait dix ans que j’y suis installé, j’ai envie d’être plus impliqué, de contribuer à la compréhension et au développement de ce qui se passe ici. Et de bousculer des idées reçues, d’autant plus qu’il y en a beaucoup. Ce film bousculera peut-être nos schémas mentaux sur l’agriculture.
Comme quoi par exemple ?
On ne peut pas en dire trop sans dévoiler le film ! En fait, l’agriculture c’est complexe. Quand on commence à s’y intéresser, on se rend compte qu’il n’y a pas de système parfait et qu’on est forcément tributaire des ressources naturelles. On est sur des systèmes d’équilibre. Tous les territoires sont connectés au niveau de la mondialisation. Tous ces emboitements font que quand on essaye de sortir des « y-a-qu’a » et « faut-qu’on » on se rend compte qu’une grande diversité de réalités existe. On se réfère souvent à la bio, au conventionnel, mais il y a une myriade de réalités et de nuances de gris. Pour comprendre la complexité du problème, il faut éviter d’avoir une approche binaire.
Il n’y a pas de solution clé en main ?
Non, on serait bien content s’il y en avait ! Quand on fait de l’agriculture, on impacte le milieu de près ou de loin. On parle aussi maintenant d’agriculture régénérative. Mais on n’y est pas encore.
Qu’entendez-vous par agriculture régénérative ?
Cela regroupe plusieurs pratiques, liées notamment à un précepte philosophique qui voudrait que l’on puisse faire de l’agriculture et agrader les sols. En France et dans le monde, on a un gros problème de fertilité des sols, parce qu’ils ont été beaucoup travaillés depuis longtemps et pas forcément avec des pratiques permettant de préserver la matière organique. Dans beaucoup d’endroits, on a donc des sols assez pauvres par rapport à l’état de forêt, leur état premier. Dans une forêt, il y a un sol riche, plein d’humus, de feuilles décomposées, plein de vie. En général on défriche et on se met à faire de l’agriculture. Sur le temps moyen et long, on perd beaucoup de cette structure qu’on compense par beaucoup de fertilisation sauf qu’en ce moment, on en est dépendant et ces engrais vont coûter beaucoup plus cher suite à l’envol du prix du gaz. Les prix ont été multipliés par trois cette année, tout ce qui est engrais azoté, et pareil pour les engrais agricoles bio (…).
On va se retrouver face à une limite physique. Nos modèles d’agriculture ont énormément appauvri les sols. On est dans un monde ou l’alimentation coute très peu cher, dans un système qui produit de la calorie à prix très très bas parce qu’on a mis la priorité sur d’autres volets : s’offrir des loisirs ou des objets technologiques, partir en vacances… On voit l’évolution du poids de l’alimentation dans le budget des ménages [ passée de 35% en 1960 à 20% en 2014 ndlr]. Cela signifie que l’importance sociale qu’on accorde à l’agriculture et à l’alimentation est plutôt en baisse (…). L’alimentation reste la variable d’ajustement pour plein de ménages. Les gens se nourrissent peu, mal, parce qu’ils n’ont plus d’argent à la fin du mois une fois payés leur loyer et leurs factures.
L’accès à une alimentation en qualité et en quantité suffisantes est un vrai enjeu, alors qu’on pensait que c’était un truc presque acquis. On a des problèmes agronomiques liés à la fertilité, à la vie des sols et aux ressources naturelles qu’on épuise, à commencer par l’eau. Et à l’autre bout de la chaine, on a une l’alimentation très peu chère, produite avec des systèmes faisant peser une pression assez forte sur les écosystèmes. Or même ça, on n’arrive plus à se le payer. Donc on est donc à la limite de ce système.
Actuellement, notre pratique agronomique ne nous permet pas de préserver la fertilité et les ressources sur le long terme. Et elle ne nous permet pas de nous adapter efficacement au changement climatique, ce qui est une double problématique. L’agriculture [et la sylviculture sont] responsables aujourd’hui de [21% ndrl] des émissions de gaz à effet de serre au niveau français. Tout ça mis bout à bout, on est face à un système complexe, avec un suicide de paysan par jour, avec un nombre de fermes qui ne fait que diminuer depuis les années 50, avec du mal-être et des mauvais revenus. Il n’y a donc pas grand-chose qui marche dans ce système. On a eu l’illusion que ça pouvait marcher pendant un temps mais on en voit les limites aujourd’hui. Le changement climatique, c’est la goutte d’eau qui va faire craquer l’édifice qui était déjà bien mal en point. Avec en même temps, plein de nuance de gris, car on voit aussi des gens qui ont mis au point des systèmes [de production] beaucoup plus adaptés, résilients et vertueux.
L’agriculture régénérative pourrait être une des solutions ?
Je ne parle pas vraiment de ça dans le film, en tout cas pas sous ce nom-la. Car au niveau local, c’est émergent pour le moment, comme « pensée ». On a regardé différentes pratiques intéressantes du point de vue de la vie des sols, mais qui posent d’autres questions.
Vous avez mené une enquête de deux ans, comment avez-vous procédé ?
J’ai appelé des fermes, je suis allé les voir, j’ai passé des entretiens par téléphone, j’ai enquêté sur une cinquantaine d’entre elle et on en a filmé une trentaine, des grandes et petites, en bio et en conventionnel. Tout le monde est impacté par le changement climatique. Donc il faut regarder ce que chacun met en place pour s’y adapter.
Quelle forme va prendre ce film ? La dernière fois vous étiez derrière la caméra et vous filmiez un certain nombre d’interventions.
Là aussi je suis derrière la caméra. Il n’y a pas de Marc [de La Ménardière], mais des gens de l’équipe de Kaméa Meah production m’accompagnent. Ça reste dans la filiation d’« En Quête de Sens ». La forme de l’enquête permet de tisser un questionnement et d’éviter d’arriver pour assener des vérités. C’est un sujet plus terre à terre dans lequel on va insérer un peu de poésie et une approche un peu sensible, notamment dans le ressenti qu’ont les agriculteurs et les agricultrices. Cette crise nous appelle à adapter notre façon de voir le monde. Chacun perçoit les choses différemment.
C’est plutôt un film de point de vue, un film de territoire, qui peut servir dans la vallée de la Drôme mais aussi ailleurs pour se saisir de ces questions-là avec des citoyens, des agriculteurs, des élus, des entreprises, des asso, et se dire « On a tout ce système sous les yeux qui fonctionne mal, comment faire pour améliorer les choses ? Il y a des réponses à l’échelle de la parcelle, d’autres concernent plus le politique. Pour certaines, ce serait bien que le sujet arrive au niveau national et européen, sur le financement de la PAC par exemple.
Pour les citoyens, c’est une invitation à aller se renseigner un peu plus. Souvent on va dans un supermarché qui est plein et on ne se pose pas plus de questions que ça. Or derrière cette abondance, il y a plein de réalités passionnantes et éminemment importantes, car la profession d’agriculteur s’érode assez vite. On s’oriente vers des modes d’agriculture pour nourrir les populations qui sont très industrialisés, ce qui n’est pas forcément mal en soit, mais il faut être conscient que le petit producteur local en circuits courts reste très marginal dans tout ce qu’on consomme, de l’ordre de 10%.
Plein de territoires ne produisent pas la nourriture qu’ils consomment. Il faut réfléchir à relocaliser un certain nombre de productions, pour créer de l’emploi et faire en sorte qu’un agriculteur avec des petites surfaces puisse encore en vivre. Derrière, reste donc la question du prix et de l’importance qu’on lui donne et de l’accessibilité [aux denrées]. Ce sont des choix de société. Quand les gens veulent investir, ils n’investissent pas dans l’agricole, ils achètent un bien à rénover !
Il y a vraiment un rôle à jouer en tant qu’individu ?
Oui, par les actes d’achat, mais c’est déjà bien connu et ça se heurte à la limitation du portefeuille, ou à la difficulté d’accéder au produit. Il y a des zones où on produit peu de local, compte tenu de climat. Pour commencer, sur son territoire, il faut s’intéresser à la population d’agriculteurs et d’agricultrices comprendre comment ils travaillent, dans quelle dynamique ils sont insérés, et pourquoi les difficultés qui s’additionnent les fragilisent, et être empathiques avec les agriculteurs et les agricultrices qui font un métier difficile, mal payé que personne n’aurait envie de faire. Quelqu’un nous disait dans le film, ce sont les seuls à bosser 70h-80h et être payés le smic en étant endettés sur 20 ou 30 ans. On perçoit les agriculteurs comme des gens assez riches, à l’image des céréaliers de la Beauce qui reçoivent les subventions de la PAC. C’est une réalité, mais une partie seulement. Beaucoup d’agriculteurs gagnent très mal leur vie. Et dans notre société, personne n’est prêt à faire ces sacrifices-là. C’est pour ça qu’ils sont en voie de disparition. D’ici 10 ans, [le quart] des fermes changeront de main, suite aux départs à la retraite. Que vont-elles devenir ? Est-ce qu’elles vont être rachetées pour créer des agricultures respectueuses du vivant ? Elles pourraient même avoir un impact positif sur le réchauffement climatique. Ou est-ce que ce sont des firmes transnationales qui transforment pour produire en grande quantité sans prêter gare au respect des ressources qui vont en prendre le contrôle ? C’est un choix de société aussi, mais sur celui-là, on ne semble pas trop avoir la main. Il faut déjà être un peu au courant au niveau citoyen de la configuration dans laquelle on est. On ne parle pas trop d’agriculture, et sinon de façon assez caricaturale. Dans les débats sociétaux, on ne regarde pas forcément plus loin que la question de la bio et du glyphosate. On est très loin de comprendre les enjeux qu’il y a derrière.
Vous mentionniez le fait que l’on ne change pas les consciences trop vite, mais j’ai l’impression qu’il y a urgence non ?
L’urgence c’est une bonne chose, parce que ça peut nous griser. Mais ça peut aussi être une mauvaise chose si l’on prend les mauvaises décisions dans l’urgence. C’est une notion à relativiser. Il y a urgence à faire quelque chose, mais il y a urgence à ne pas faire n’importe quoi. Nous, on s’est dit qu’il y avait urgence à en parler plus largement, et à ne pas laisser les agriculteurs et agricultrices tout seuls face à ces problématiques. On s’est dit aussi que la société civile pouvait s’en emparer, au-delà de l’acte d’achat, même si ça joue dans la balance. Par exemple, hier sur France Inter, dans le podcast « Le Téléphone Sonne », il est expliqué que pendant le confinement, les gens se sont mis à consommer local et puis dès que le confinement est passé, ils ont arrêté. C’est assez étonnant. On voit qu’il y a une conscience émergente mais pas consolidée.(…)
Il faut prendre conscience du monde dans lequel on vit, c’est fragile tout ça. Dans son film ,«Solutions locales pour un désordre global», Coline Serreau disait il y a déjà 10 ans que dans les supermarchés on avait trois jours d’autonomie alimentaire. Ça veut dire que demain, si tu as une grève des camionneurs, en trois jours tu n’as plus à manger. Si tu n’as aucun tissu local de production tu ne peux même pas te dire que tu as le début d’un peu de résilience.
C’est donc ça la théorie du Boxeur ?
Non ça n’est pas ça (rires) ; La théorie du boxeur c’est plusieurs choses à la fois. C’est quelque chose qui relève d’un changement de posture. On on lutte contre le climat, ou on accompagne cette mutation.
Quel est l’impact que vous attendez de votre film ?
J’attends un impact sur la perception de l’agriculture. On voudrait récréer du dialogue et du lien entre des populations, des gens qui ont une culture plus urbaine, qui peuvent habiter en milieu rural, et des agriculteurs et agricultrices. Recréer de l’envie de faire ensemble et de s’écouter, se comprendre dans nos différences.
« La théorie du boxeur » est en phase de montage, pour finaliser cette étape et permettre la sortie du film prévue pour juin 2023, Nathanaël Coste a lancé une opération de crowdfunding. Pour y participer c’est ici.
Pour voir ou revoir « En quête de sens », film réalisé en 2015 par Nathanaël Coste et Marc de La Ménardière, c’est ici.
Photo d'en-tête : Kamea Meah / Julien Sibert- Thèmes :
- Environnement
- Films