Quand un aventurier, Loury Lag, rencontre un diplômé d’architecture, Dorian Fleuri, cela donne « ARK » : une tente reposant sur un exosquelette gonflable, inspiré du kitesurf. Destinée aux sportifs outdoor qui pourront l’installer partout, et même la suspendre, elle est disponible en précommande sur Kickstarter jusqu’au 28 octobre.
Loury Lag ne s’arrête jamais. Quand nous l’avions rencontré, en février dernier, il s’apprêtait à gravir le Denali, la plus haute montagne d’Amérique du Nord (6 190 m), en Alaska, avec son acolyte, Matthieu Béranger, pour la deuxième étape de leur projet « ICARUS ». Rien moins que gravir les sept plus hauts sommets de chaque continent, la fameuse « liste de Messner ». Partis pour 3000 km à ski, par des températures allant jusque’à -50°, en tirant 115 à 140 kg sur leur pulkas, les deux aventuriers ont malheureusement été stoppés net en territoire inuit en mars.
Un coup dur, pas facile à avaler, mais pas de quoi abattre Loury Lag qui a connu bien d’autres épreuves, et des plus violentes. Son parcours, nous expliquait-il alors, il le déballe vite, comme pour s’en débarrasser une fois pour toutes : «enfant hyperactif, élevé dans un climat de violences physiques et psychologiques ». Délinquant à 15 ans, s’enchainent des années d’errance, de drogue et de nuits dans la rue avec, au bout de l’impasse deux arrêts cardiaques et quelques mois de prison. C’est la marche qui le sortira du trou lors de sa traversée des Etats-Unis, pieds nus. Suivent une traversée en solitaire du plus grand glacier d’Europe, en Islande, et celle du désert des Bardenas, à pied toujours. Une volonté de fer qu’on retrouve aussi dans sa vie professionnelle : « J’ai monté deux entreprises. Dont une de construction de maisons écolo, devenue leader en un temps record. Puis j’ai tout liquidé. J’ai aussi monté des business dans la cryptomonnaie et l’immobilier. Là je travaille sur un projet de tente innovante, multifonctions », nous confiait-il en février. Et la tente en question, c’est « ARK ». Le fruit des aventures de Loury Lag, et de l’imagination de Dorian Fleuri, son associé.
Une tente pour une immersion totale
Leur objectif : fabriquer une tente innovante, mais surtout immersive. « Quand je pars dans la nature, j’aime être en immersion totale dans l’environnement dans lequel je suis. Je trouve ça dommage de se couper du paysage dans une tente opaque, le toit est donc transparent », nous explique Dorian.
« J’ai rencontré Loury il y a deux ans, on a eu un coup de foudre amical et fait depuis pas mal d’expéditions ensemble. Notamment au Maroc, où on est parti distribuer des planches de surf dans les écoles ; on a essayé d’instruire des enfants là-bas sur l’écologie de la mer, la gestion des déchets. On en a aussi profité pour tester le prototype de la tente, un projet sur lequel je travaillais depuis cinq ans. Il voulait rentrer dans la boîte depuis un petit moment, et j’ai accepté : j’aimais beaucoup son aspect entrepreneur, sa fougue et son côté prêt à casser toutes les portes et toujours avancer », raconte-t-il.
Une attitude qui ne pouvait que parler à Dorian, lui qui en plein milieu de ses études d’architecture, à Paris, a un jour craqué et n’a pas trouvé mieux qu’un tour du monde d’un an pour se remettre sur pieds. « L’idée de la tente m’est venue au retour de ce voyage. Pour l’anecdote, parfois je dormais dans la rue pour économiser un peu d’argent, c’est arrivé au Salvador, en Bolivie, en Colombie. C’était assez intense, mais j’étais jeune et taré.
Plus tard, en revenant en France, quand je suis retourné à l’école d’architecture, pour un projet scolaire j’ai proposé une tente hamac destinée aux roadtrips. J’avais en tête une mini architecture à emmener partout, pour se sentir protégé tout en voyageant. Il y a eu un petit engouement autour du projet. Alors j’ai fait des maquettes, j’ai visité une usine au Sri Lanka qui m’a fait un premier prototype. Je me suis associé avec Air Captif (leadership européen des structures à air ultra-légère sous basse pression, ndlr), pour travailler sur la partie gonflable de la tente ».
Depuis, la tente a été testée au Maroc, dans les Pyrénées, dans les Landes et les Alpes avec Loury. « On a installé l’entreprise GLOBAL EXOD à Biarritz, c’est un terrain de jeu parfait pour vadrouiller dans tous les coins, la mettre à l’épreuve en conditions réelles et l’améliorer à chaque retour : on a la forêt, l’océan, les Pyrénées, c’est une super cour de récréation », explique Dorian. Après des centaines d’heures de tests, « ARK » est désormais finalisée et disponible en précommande sur Kickstarter.
Concrètement, comment ça marche?
Deux minutes de montage
La tente « ARK », de la marque EXØD, promet à la fois robustesse, simplicité et rapidité d’installation. « Pour faire tenir la structure, on a imaginé un exosquelette gonflable qui s’apparente à la technologie du kitesurf. On a juste à sortir la tente de son sac, on la déroule, et on la gonfle avec une pompe de kite, ou la nôtre, qui fait 5 cm de diamètre sur 30 cm de long. Et voilà, tout est installé. Il n’y a plus qu’à mettre les sardines au sol. On gagne beaucoup en temps d’installation, ce qui est utile quand tu es en pleine tempête par exemple ! », explique Dorian, qui garantit un temps de montage de deux minutes à peine au sol, et de cinq minutes en mode suspendue.
« On utilise la même technologie que le kitesurf qui se crash dans le sable et dans l’eau et qui résiste à des vents de 130 km/h. On est donc sur un produit très résistant », annonce-t-il. « Au niveau aération, on est sur une mono couche, avec de grosses ventilations partout. Il y a aussi un tarp supplémentaire – une bâche, en somme – qu’on peut ajouter par-dessus, ce qui permettra de relier plusieurs tentes ensemble. De quoi créer un isolant thermique en plus. »
A suspendre, comme un hamac
Mais l’argument phare de la tente, ce sont ces quatre bâtons télescopiques, à insérer dans les ourlets de la tente, ce qui permet de la suspendre comme un hamac. « Elle est équipée de sangles pouvant s’attacher autour de troncs, de branches des arbres, ou à n’importe quel point d’accroche stable. Notre système de sangles triangulaire promet une très bonne stabilité, même en temps venteux. Ça permet d’avoir une installation complètement rigidifiée en l’air, et ça annule la rotation naturelle que l’on observe lorsqu’on grimpe dans un hamac. Et plus les points d’accroche sont distants, meilleure sera la tension – et la stabilisation », assure Dorian.
« Les quatre bâtons télescopiques en carbone supportent jusqu’ à 250kg. Sachant qu’il faut prendre en compte le poids, mais aussi l’inertie qu’on va produire en se jetant dedans quand elle sera suspendue. La tente est aussi pensée pour des gens qui voudraient l’accrocher à huit mètres de haut et passer une nuit un peu cool, un peu périlleuse. On voulait avoir une marge. Au sol elle peut accueillir deux personnes, mais une seulement en suspension.
On a greffé une seconde peau en-dessous de la tente. Quand elle est suspendue, on peut y mettre toutes ses affaires, son sac, ses chaussures, comme une sorte de coffre. Car, on s’est fait la réflexion que souvent, quand tu dors dans un hamac, ce qui te refroidit c’est le vent qui passe sous la toile. Avec ce système, on rajoute un isolant thermique d’air de 30 cm, c’est comme si tu étais dans un petit cocon suspendu, très confortable en termes de température et de stabilité.
Rangement optimisé grâce aux sangles de compression
Et pour la démonter, pas besoin de sortir d’une école d’ingénieur », poursuit Dorian. » On déclipse les accroches, on dégonfle la structure, on la plie et on la rentre dans le grand sac de rangement. Tout est conçu pour que ce soit rapide. Enfin, on a ajouté des sangles de compression pour aider à bien vider l’air, ce qui permet d’optimiser l’encombrement et de fixer la tente pliée sous son sac de voyage par exemple », ajoute Dorian.
Le poids de la tente n’est pas encore définitivement établi, mais elle devrait peser environ 3,5 kg. « On ne peut pas trop le réduire non plus, ce serait au détriment de la qualité du tissu. Ce projet-là n’est pas forcément destiné au trek ou au trail, mais plutôt aux gens véhiculés, à moto, en vélo, ou qui ne font pas de trop longs trajets. Nous avons surtout voulu optimiser la stabilité, le sentiment d’immersion, l’innovation, le design et l’ergonomie du produit. L’idée était de réaliser un produit qui nous parle, qui puisse nous accompagner dans nos expéditions … de surf, splitboard, en montagne », détaille Dorian.
« La tente en elle-même coûte 795€. Le pack complet, avec le cadre en carbone pour la suspendre, atteint 1995€. Et pour les 25 premières commande, nous avons une offre à 1895€ », ajoute-t-il. Un prix élevé, que l’équipe explique par la qualité des éléments, « nous misons vraiment sur la longévité du produit », conclut Dorian.
Pour en savoir plus ou précommander une tente « ARK », rendez-vous sur la campagne de lancement. Lancée le 28 septembre, elle est ouverte jusqu’au 28 octobre.
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