Le Malouin est dur au mal, il l’a prouvé au cours de son premier Vendée Globe, en 2020, comme lors de son ascension de l’Everest en 2023, mais il ne finira pas son deuxième tour du monde en solitaire, sans escale, ni assistance, vient-on apprendre ce vendredi 15 novembre à la mi-journée. En cause ? Un sérieux problème à la cheville, suite à un choc alors qu’il tentait de réparer ses problèmes de hook et de rail de grand-voile. Pour le skipper de V&B – Monbana – Mayenne, ce sont quatre ans de préparation qui s’envolent, raconte-t-il, forcément frustré, mais bien conscient qu’il ne lui est plus possible de continuer. Il s’agit du premier abandon après cinq jours de course.
Quatre jours déjà que Maxime Sorel souffrait de sa cheville. Le skipper s’est blessé alors qu’il tentait de réparer ses problèmes de hook et de rail de grand-voile. Un problème que son équipe juge « irréparable seul », surtout « avec autant de difficulté à poser son pied sur le pont. Aussi cette nuit Maxime s’est-il mis à l’abri de Madère où il attend un diagnostic médical. Un crève-cœur pour un marin qui, à 37 ans et un CV déjà étoffé – 10e du dernier Vendée Globe, 5ème de la Route du Rhum – rêvait de retrouver les sensations connues lors de ses premières solitaires et grosses courses, à l’occasion de son deuxième tour du monde en solitaire.
Son premier, en 2020, ne l’avait pas ménagé non plus – son bateau s’était fissuré sur la partie supérieure du pont, sans compter qu’il avait dû, seul, décrocher des voiles en haut de mât dans les mers du Sud dans des conditions dantesques – mais il était parvenu à regagner les Sables-d’Olonne à l’issue de 82 jours, seul en mer. Mais cette année, malgré son intense préparation – l’ingénieur a fait en amont des ateliers de réparation hydraulique, électronique et mécanique – il ne peut plus réparer sur son bateau, comme il l’explique aujourd’hui.
« Ma cheville est sérieusement endommagée depuis quatre jours. Elle n’a fait qu’enfler au fur et à mesure du temps et au fil des manœuvres que j’ai effectuées à bord notamment pour essayer de résoudre mes soucis importants de hook de grand-voile. Je souffre au point d’avoir des difficultés à bouger à bord de mon bateau. Désormais même au repos j’ai de grosses douleurs, je ne peux pas continuer à naviguer en pleine sécurité dans cet état. Cette nuit, sous Madère, je suis monté dans mon mât. J’ai réussi non sans mal à affaler ma grand-voile. J’ai constaté que le hook était bien cassé. Nous avions bien des raisons de nous inquiéter. Parallèlement, le rail de grand-voile est sacrément abîmé.
Avec ma douleur ou pas d’ailleurs, il est impossible de changer des portions de ce rail de grand-voile à trois mètres de haut. C’est un travail de chantier. Je vous laisse imaginer ma souffrance physique et mentale. J’abandonne mon deuxième Vendée Globe ! Ce sont quatre années de préparation avec mon équipe pour en arriver là. Cependant, tout a été magique du début à la fin mais j’ai l’impression que rien n’a été normal depuis mon départ dimanche. Si on savait, avant de prendre le départ du Vendée Globe ce qui allait se passer, jamais on n’y retournerait. Le positif malgré la trop grande frustration, c’est que cela va me booster pour la suite. J’ai donné tout ce que je pouvais mais cette cheville et cette grand-voile ne me donnent pas la chance cette fois d’écrire mon histoire sportive et aventurière que j’aime au plus profond de moi. »
Photo d'en-tête : Maxime Sorel- Thèmes :
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