Pour les surfeurs de gros, il n’y a pas qu’Hawaï, la Californie ou Nazaré. Quelques beaux défis les attendent aussi en Afrique du sud, au pied de Cape Town. Notamment face à la redoutable Dungeons, ou sa petite sœur Sunset Reef – des vagues puissantes et imprévisibles qui n’ont pas encore dévoilé tout leur potentiel, confie Grant « Twiggy » Baker – champion du monde de grosses vagues WSL. Un secret bien gardé depuis les années 1990, dont l’histoire passionnante est retracée dans « Before Dungeons » un film de huit minutes.
Approcher Dungeons est un périple. Seul un petit filet de récif s’étendant au loin dans la mer permet de s’aventurer au milieu de nulle part, quand soudain, le « monstre » surgit des profondeurs entre les énormes pics montagneux. Au pied de Table Mountain, en Afrique du Sud, Dungeons est la référence du surf de gros depuis les années 1990, ainsi que Sunset Reef, de l’autre côté de la baie, convoitée depuis 1960. Dans « Before Dungeons », un documentaire de huit minutes dédiée à l’histoire de la baie de Kommetjie, Grant « Twiggy » Baker – champion du monde de grosses vagues WSL -confie qu’elle serait bien plus compliquée à surfer que Mavericks ou Jaws.
Comment présenter Dungeons et Sunset ? « C’est la chose la plus sauvage, la plus bizarre, la plus puissante que nous ayons en Afrique, c’est sûr », résume Twiggy. Ce ne sont certainement pas les plus grosses vagues du monde – 6 ou 7 mètres, on est loin des 20 mètres de Nazaré – mais elles sont considérées parmi les plus complexes à maîtriser.
Retirée des compétitions internationales
« Quand tu surfes sur Jaws, c’est terrifiant, mais au moins tu sais à quoi t’attendre. À Dungeons, impossible de savoir. Vous n’avez aucune idée si la vague va être plate, si elle c’est un slab. Chaque vague vient d’un angle différent, elle peut déferler à 200 mètres du récif ou partir à 100 mètres à gauche ou à droite. Si vous voulez avoir le meilleur de Sunset, 6 ou 7 mètres de hauteur est ce qu’il y a de mieux. Après une certaine taille, ça devient une toute autre bête », explique le champion du monde.
« J’ai trouvé Mavericks beaucoup plus facile à attraper et à rider. Les vagues de Cap Town sont si brutes et si imprévisibles, mais au-delà de ça, si tu obtiens la vague parfaite, tu es tranquille pour les cinq prochaines années ! », s’exclame-t-il.
Reste que ce spot incroyable n’est pas aussi valorisé qu’il le mérite. La compétition aurait pu mieux le positionner sur la scène surf internationale, mais en 2015, les locaux, dégoutés de voir peu de surfeurs sud-africains invités à participer au Cape Big Wave Trust (CBWT) – sensée mettre en lumière les surfeurs de la région – ont demandé à ce que Dungeons soit retiré de la liste des spots du Big Wave World Tour (BWWT). Pas de quoi inquiéter pour autant les pros. Dungeons est peut-être délaissé par la Fédération mais, explique Twiggy : « Un jour, quelqu’un va arriver à y faire un tube et ça va épater le monde entier. Mais ça va prendre du temps ».
Photo d'en-tête : Alan Van Gysen