Sur la route dans son van depuis juin 2018, le Français avait été arrêté en Iran alors qu’il prenait des photos avec un drone de loisir dans un parc naturel à la frontière du Turkmenistan. Des « zones interdites », selon les autorités iraniennes qui ont majoré sa peine de huit mois de détention supplémentaires pour « propagande », vient-on d’apprendre ce mardi 25 janvier.
Jugé le jeudi 20 janvier par le tribunal révolutionnaire Mashhad, ville du nord-est de l’Iran, après 20 mois de détention dans le pays, les proches du Français Benjamin Brière, 36 ans, attendaient le verdict avec anxiété. La sentence vient de tomber. Son avocat français, Philippe Valent, vient d’annoncer cet après-midi que le jeune vanlifer, parti seul en van trip en juin 2018, a été condamné à huit ans de prison pour « espionnage ». Une peine encore alourdie par huit mois supplémentaires pour « propagande ».
Le Français, professionnel de l’événementiel, qui depuis 2018 documentait son périple en solo sur son compte Instagram « Call it living vanlife » s’est toujours présenté comme touriste. Sur son compte, de beaux paysages, des détails de son van aménagé, des images de rencontres avec les locaux en Scandinavie, dans les Balkans, la Turquie et l’Iran où il est resté de longs mois. Rien de compromettant. Mais il a été arrêté en mai 2020 alors qu’il prenait des photos avec un drone de loisir dans une zone désertique situé dans un parc naturel à la frontière Iran-Turkmenistan : Une zone que les Iraniens considèreraient comme « interdite ». Accusé alors d’espionnage, crime passible de la peine de mort en Iran, le Français a alors été incarcéré dans des conditions telles, que le 25 décembre dernier, il entamait une grève de la faim qui serait toujours en cours selon le réseau d’activistes en exil HRNA. Dans la foulée, son comité de soutien, animé par sa sœur, Blandine Brière, organisait une manifestation le 8 janvier au Trocadéro, à Paris, pour alerter sur la situation de son frère, jugée intenable, malgré le soutien du ministère des Affaires étrangères qui maintient des contacts réguliers avec lui.
Aussi attendait-on beaucoup, jeudi dernier, de l’audience organisée en présence de l’avocate iranienne de Benjamin Brière et d’un interprète. On connait aujourd’hui la sentence, très lourde, mais à l’heure où nous bouclons cet article on ne dispose d’aucune précision sur le déroulé de cette audience, selon son avocat français. Peu d’éléments non plus sur les charges retenues contre lui. Si ce n’est que, outre les prises de vues en zone « interdites », on lui reprocherait de s’être interrogé, dans un post sur les réseaux sociaux, sur le port du hiyab, obligatoire en Iran, alors qu’il est facultatif dans d’autres pays islamiques.
Il semble donc, qu’à l’instar de Fariba Adelkhah, chercheuse franco-iranienne de 62 ans, réincarcérée en janvier après avoir, selon les autorités iraniennes, enfreint les règles de son assignation à résidence – peine de six ans imposée en mai 2020 pour atteinte à la sécurité nationale – le jeune Français soit pris en otage dans un contexte qui le dépasserait. Au même titre qu’une vingtaine d’autres occidentaux ou ayant la double nationalité, actuellement détenus en Iran et dont le sort préoccupe également les organisations de défense des droits de l’homme.
L’avocat iranien de Benjamin Brière, Maître Saeid Dehghan, qui défend également Fariba Adelkhah, rappelait d’ailleurs sur Twitter que le juge avait employé le terme « d’échange ». Autrement dit, un « échange de prisonnier », selon lui. On se souvient que l’Iran a eu recours à cette formule par le passé. En juin 2020, les États-Unis obtenaient ainsi la libération du scientifique irano-américain Majid Taheri, accusé d’avoir violé les sanctions contre l’Iran, en échange du retour au pays du vétéran de la marine américaine Michael White. Mais il n’existe aucune trace d’un ressortissant iranien actuellement emprisonné en France. Aussi certains évoquent-il une autre hypothèse. La libération de Benjamin Brière pourrait être conditionnée à celle d’Assadollah Assadi, condamné en février à 20 ans de prison par la justice belge. Ce diplomate iranien avait projeté un attentat en France contre les Moudjahidin du peuple, l’un des principaux groupes d’opposition à la République islamique. L’attaque avait été déjouée in extremis en juin 2018. Reste qu’il n’a échappé à personne que le procès du vanlifer et le retour en prison d’Adelkhah interviennent alors que l’Iran négocie avec les grandes puissances à Vienne le retour des États-Unis à l’accord nucléaire de 2015. Certains analystes estiment que ce n’est pas une coïncidence. Téhéran tenterait donc ainsi de faire pression sur la France.
Une pétition pour la libération de Benjamin Brière a été lancée sur Change.org. Vous pouvez la signer ici.