Un exploit peut en cacher un autre. Et c’est souvent le cas avec Benjamin Védrines pour qui un vol en parapente depuis le sommet du K2 représentait « la cerise sur le gâteau ». On vient de l’apprendre, l’alpiniste haut-alpin aux innombrables premières a parachevé par ce vol inédit son record de vitesse lors de l’ascension réalisée le 28 juillet en style alpin et sans oxygène.
Fin juillet, le K2 a ouvert une fenêtre : LA fenêtre de beau temps, stable. Comme un athlète, Benjamin s’est alors mis dans ses starting blocks à 5350 mètres d’altitude, il a choisi les mêmes que ceux de Benoit Chamoux pour son record de 23h en 1986. A savoir, à l’Advance Base Camp sur une moraine solide, matérialisée par un gros rocher (contrairement au base camp sur le glacier en perpétuel évolution).
Dans sa tête où sont méticuleusement rangés les sections et les temps de passage, Benjamin s’était offert la liberté d’imaginer un scénario plus lent afin de mettre toutes les chances de son côté pour atteindre le sommet, le record apparaissant, après cette longue attente, comme secondaire ! Avec un départ à minuit dix, il estimait arriver vers le sommet, au Bottleneck (8100 m), en même temps « que les copains et les autres alpinistes » partis du C3 (7300 m) ou même du C4 à 8000 mètres d’altitude pour certains (après une 4ème nuit en bivouac !).
Son chrono au final : très exactement 10h 59mn 59s ! (camp de base avancé 5350 – sommet 8611m – 3260 D+). Pour la petite histoire, rappelons qu’en avril dernier, l’alpiniste (prudent ou superstitieux) nous confiait qui s’estimerait heureux s’il accomplissait cette ascension en une quinzaine d’heures ! Un exploit qui donne le tournis…
Une première méticuleusement préparée !
D’autant plus qu’il est cumulé à un autre, et pas des moindres : la descente en parapente du K2. Une première ! Encore une. L’alpiniste s’était pour cela entouré, avant son départ, de Jean-Yves Fredriksen, alias « Blutch ». L’idée ? Mettre au point une voile unique pour le K2 et s’entraîner spécifiquement pour maîtriser l’aérologie et les contraintes de la haute altitude. Lui qui a déjà décollé du sommet voisin, le Broad Peak (8 047m) il y a deux ans, sait combien ces vols demandent de la préparation.
Avec cette performance, Benjamin Védrines inscrit ainsi doublement son nom dans la légende du K2 où s’entremêlent les plus beaux et les plus tragiques moments de l’alpinisme himalayen.
Photo d'en-tête : Collection Benjamin Védrines- Thèmes :
- Benjamin Védrines
- Parapente