Que vous partiez pour le GR20 ou pour la traversée des Écrins, la nuit en refuge est l’alternative tout confort au bivouac, mais pas toujours la plus tranquille. Pour survivre en dortoir, rappelons les fondamentaux.
Vous pensiez récupérer de votre course de la journée ? Entre les ronflements de votre voisin de lit superposé et les réveils intempestifs dus aux départs des différents groupes, vous allez avoir du mal trouver le sommeil. Pourtant, tout n’est pas perdu.
Le kit de survie
Légers et peu encombrants, boules Quiès et masque d’avion sont incontournables. Mieux encore, glissez dans votre sac une lampe frontale. « Dans les dortoirs », rappelle Julien Militon, président de l’Association des gardiens de refuge des Pyrénées, « la lumière est soit inexistante, soit coupée à partir d’une certaine heure ».
Côté literie, n’oubliez pas le drap de sac en soie. De plus en plus de refuges disposent de couettes ou de couvertures et d’oreillers, mais ne les lavent pas tous les jours. Pour éviter les punaises de lit, fréquentes en refuge comme à l’hôtel, vous pouvez emporter un répulsif type Clako et laisser vos affaires dans des bacs extérieurs, comme cela est parfois proposé. Au registre de l’hygiène, toujours, et si vous avez oublié vos tongs, pas de panique…la plupart des refuges prêtent des Crocs.
Les règles de base
Par respect pour vos pairs, si vous voyagez seul ou à deux, calez vous si possible sur les horaires du ou des groupes qui dorment dans votre chambrée. Le lever oscille généralement entre 4h et 7h. N’oubliez pas de préparer votre sac la veille. Dans de nombreux refuges, collectif oblige, tout est prévu pour le faire à l’extérieur du dortoir.
Bien préparer sa nuit, c’est aussi anticiper son heure d’arrivée au refuge, comme le recommande Julien Militon. « Pour éviter la désorganisation et le deuxième service, non prévu, prévoyez dans votre itinéraire le temps de marche et les pauses. La soirée ne commence pas à 20h … ».
Enfin, halte aux mauvaises odeurs dans le dortoir. L’usage veut aussi que l’on se change dès l’arrivée. Veillez donc à mettre vos affaires sales ou mouillées dans un sac poubelle à l’intérieur de votre sac à dos.
Le plan B
Bien dormir en haute montagne, n’a rien d’évident, rappelle l’Institut de formation et de recherche en montagne (Ifremont) de Chamonix : les troubles du sommeil (insomnies, cauchemars ou réveils nocturnes fréquents) peuvent s’accentuer en altitude, car la pression atmosphérique se raréfie, mais ils s’estompent avec l’acclimatation. Faîtes néanmoins une croix sur les somnifères « qui sont susceptibles de diminuer la ventilation et d’entraîner parfois le somnambulisme » souligne l’Ifremont. Si vous êtes vraiment en dette de sommeil et avez besoin de récupérer, mieux vaut n’utiliser que des traitements de courte durée de type Zolpidem (Stilnox®), zolpiclone (Imovane®). Disponibles sans ordonnance, certains antihistaminiques hypnotiques comme le Donormyl sont également efficaces en cas d’insomnies passagères.
Les petites astuces
Evitez de laisser votre portable allumé ou mettez-le en mode avion, ce qui vous permettra d’avoir de la batterie le lendemain, et accessoirement de ne pas déranger vos voisins de chambrée. Les refuges disposent généralement d’une prise de courant, mais cette source d’énergie rare sert en priorité à recharger les GPS et matériel de sécurité des guides. Prévoyez aussi un sac poubelle pour redescendre vos déchets.
Le dilemme : tisane ou génépi ?
Mieux vaut éviter l’un et l’autre. Abstenez-vous des bols de camomilles ou autres tilleuls si vous ne voulez pas vous lever au moins une fois en pleine nuit et traverser le dortoir en faisant le moins de bruit possible avant de partir à la recherche de la cabane faisant office de toilettes. Le tout sans frontale, bien sûr …
Attention aussi à l’alcool, qui augmente le risque d’apnées du sommeil mais aussi de ronflements. Au-dessus de 1800 mètres, les ronfleurs se font plus redoutables encore, rappelle le Réseau de santé Morphée, consacré à la prise en charge des troubles chroniques du sommeil.