Certes on peut, et on doit, tout mettre en œuvre pour limiter l’affolante disparition de nos glaciers due au bouleversement climatique. Mais de l’Himalaya aux Andes, en passant par les Alpes et les Pyrénées, massifs les plus touchés au monde, le mal est fait sur bien des sites. Conséquence : d’immenses terres vierges émergent. Et avec elles, un écosystème aussi exceptionnel que fragile. De quoi susciter beaucoup de convoitise du côté de l’industrie du tourisme comme des géants de l’exploitation minière. C’est l’un des sujets, et non des moindres, abordé par le premier « Festival Agir pour les glaciers et les écosystèmes postglaciaires », organisé par le glaciologue Jean-Baptiste Bosson et l’association Marge sauvage, en collaboration avec la coopérative annécienne Air Coop et le festival Agir pour le Vivant. Un événement nécessaire, à découvrir du 20 au 22 mars, en Savoie, à Bourg-Saint-Maurice.
Certaines célébrations sonnent presque comme des arrêts de mort. Ce jeudi 20 mars est annoncée comme la première « Journée mondiale des glaciers ». Elle s’inscrit dans une année 2025 sacrée, elle, « Année internationale de la préservation des glaciers ». L’UNESCO et l’Organisation météorologique mondiale (OMM), à l’origine de ces initiatives louables, ont beau insister sur le fait que ces événements « marquent une étape cruciale dans les efforts mondiaux visant à protéger ces » châteaux d’eau » essentiels qui fournissent de l’eau douce à plus de 2 milliards de personnes dans le monde », on ne peut s’empêcher de penser qu’ils arrivent bien tard.
Les études sur le sujet se multiplient. Toutes plus alarmantes les unes que les autres. Parmi les plus récentes, celle de la revue scientifique « Nature ». Publiée le 19 février dernier, elle révèle que quelque 273 milliards de tonnes de glace sont perdues chaque année, soit la consommation d’eau de la population mondiale pendant 30 ans. En première ligne, les Alpes, qui ont déjà perdu 40 % de leur volume en une vingtaine d’années.
Les chiffres sont là, indiscutables. Plombants. Et plus encore quand, un à un, les programmes environnementaux passent à la trappe partout dans le monde sous la pression des lobbies industriels et des menaces de guerre. Dans ce contexte, difficile de rester mobiliser. C’est pourtant ce que propose à partir d’aujourd’hui jusqu’au samedi 22 mars, la première édition du « Festival Agir pour les Glaciers et les écosystèmes postglaciaires ». Un évènement organisé à Bourg-Saint-Maurice-Les Arcs, en Savoie. Ce qui n’est pas un hasard.
Territoire immergé dans la transition écologique, comme nous l’expliquait récemment son maire, Guillaume Desrues, il essaye d’être en phase avec les grandes crises actuelles, de prendre conscience et de réagir, notamment sur les glaciers. Dans la région, on sait de quoi on parle : son glacier du Varet a perdu 90 % de sa surface depuis 1850. Sa fin est proche… dans vingt ans, voire dans la prochaine décennie, selon Jean-Baptiste Bosson, glaciologue à l’origine du festival.
Préserver les nouveaux écosystèmes apparaissant après la fonte
Reste que chaque dixième de degré évité compte et qu’il faut réserver ce qui peut encore l’être, mais aussi s’intéresser à « l’après-glacier ». Ce qui nettement moins connu du grand public. Avec la fonte, à mesure que le paysage blanc verdit, de nouveaux écosystèmes apparaissent, des landes, des lacs, des forêts. Jean-Baptiste Bosson a imaginé le projet Ice & Life, en 2021, piloté par le Conservatoire d’espaces naturels de Haute-Savoie, précisément pour protéger ces zones naturelles libérées par la glace et qui risquent de susciter des convoitises. C’est précisément l’un des sujets les plus passionnants qu’aborde aujourd’hui ce festival très justement nommé : Festival Agir pour les Glaciers Et les écosystèmes postglaciaires.
Mais pas que. Au programme de ces trois jours : un temps professionnel, scientifique, porteur de solutions (comment agir et réagir) focalisé sur la journée « recherche-action », demain vendredi 21 mars. Et des projections de films, des expositions, du théâtre, de la danse et des concerts, des animations à destination des locaux et des scolaires.
L’idée : « donner de la joie et catalyser de l’action », nous expliquait Jean-Baptiste Bosson, quelques semaines avant l’événement. « Parce qu’il est essentiel de se réunir autour de projets positifs et à impact, de faire émerger des coopérations et de s’émerveiller face à la grandeur fragile des géants de glace », concluait le glaciologue.
Conférences, débats, projections, expositions, concerts et animations… Pour en savoir plus sur cet événement organisé du 20 au 22 mars à Bourg-Saint-Maurice, c’est ici. Et c’est gratuit.
Article publié le 20 mars 2025 à 13h28, mis à jour à 18h30.
Photo d'en-tête : Agir pour les glaciers- Thèmes :
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