Changer radicalement de vie pour se rapprocher de la nature… ils ne sont pas si nombreux à l’avoir fait. Pendant cinq ans, le photographe français de 31 ans est parti à la rencontre d’hommes et de femmes qui ont osé sauter le pas, des archipels sauvages de l’Alaska aux forêts enneigées de la Laponie. En 2022 il en tire « No signal », un ouvrage passionnant publié chez Hoëbeke révélant dix personnages hors normes. Au cours de son long périple, il entend aussi parler de Sebastian, un ex ingénieur agronome, devenu gaucho. Intrigué, son livre bouclé, il ne pouvait que filer le rejoindre au Chili. Une rencontre qu’a filmée Jordan Manoukian et dont il a tiré un beau film de 8 minutes tout juste mis en ligne ; le deuxième épisode de « Ground control », nouvelle série focalisée sur des figures fortes de l’aventure, produite par Columbia.
En mai dernier, Columbia nous catapultait sur les hauteurs de La Paz, Bolivie, dans la roue de la rideuse espagnole Sami Sauri, wild chica en mal de sensations fortes. Pour le deuxième volet de « Ground control », sa nouvelle série couvrant des passionnés regardant le monde avec une nouvelle perspective, la marque reste sur le continent américain mais change de tempo et part sur les traces de Brice Portolano, photographe basé en Provence, plus habitué à se glisser en douceur dans l’intimité de personnages qui ont décidé de revenir à des valeurs et un mode de vie plus simples, qu’à dévoiler la sienne. Il faudra tout le talent du réalisateur Jordan Manoukian de Mountain Legacy pour qu’il se livre lui aussi à son tour.
Sous sa caméra, on passe donc de l’autre côté de la Cordillère des Andes, à Puerto Natales, au sud du territoire chilien. A l’issue de 35 heures de voyage, Brice Portolano arrive à l’Estancia Mercedes, chez les García Iglesias – un domaine de 130 000 hectares, où sont élevés des moutons – Sebastian, 35 ans, l’y attend. En 1916, son arrière-grand-père construisit de ses mains la maison. Un siècle plus tard, c’est là que Sebastian est né et qu’il a choisi de reprendre le métier de ses ancêtres : gaucho, mais aussi « bagualeros », chasseur de taureaux sauvages.
« Les gauchos représentent vraiment la liberté, et aussi les grands espaces. Des choses que je recherche en photographie, car je cherche à capter des gens qui vivent hors du temps. », explique Brice Portolano. « Pour Sebastian, ce mode de vie, c’est un vrai choix », poursuit-il. « Il a aussi fait des études d’ingénieur agronome, c’est ça que je trouve intéressant » explique-t-il dans le film. « Il n’a pas choisi la facilité, la vie d’un gaucho est rude. Il a accepté de me faire découvrir son monde, de me montrer comment il travaille, comment se déroule son quotidien. » Ce qui n’était pas forcément gagné. « Quand j’arrive sur place, j’étudie mon environnement, les gens, les lieux, et je m’assure que c’est bien Ok pour moi de faire des photos et qu’on me fait confiance », explique-t-il.
« Je n’aime pas les gens show off »
Un art qu’au fil des années il a peaufiné aux quatre coins du globe. Pour les besoins de « No signal », un projet photographique soutenu par une campagne de crowdfunding, Brice Portolano a déjà réussi à convaincre les personnages les plus secrets qui ont décidé de remettre en question des valeurs qui ne leur correspondaient plus tout en intégrant au coeur de leur quotidien un contact fort et direct avec la nature, sans pour autant s’affranchir de la modernité ni se marginaliser. Ceux qui, comme Sebastian, fuient la ville, son vacarme et ses artifices pour la nature la plus sauvage, loin de tout, de tous, souvent sans eau courante ni électricité. Au cours de ses cinq ans d’exploration, le photographe passera ainsi des jours, des semaines voire des mois parfois avec Ali l’archer iranien ; Ben, l’Américain parvenu à l’autosuffisance totale au fin fond de l’Utah ; Jerry le pêcheur, seul sur sa maison flottante en Alaska, ou encore Barny, l’ex trapéziste vivant dans sa roulotte en Angleterre. « J’essaie de trouver les personnes les plus authentiques possibles, je n’aime pas les gens ‘show off’ je cherche ceux qui sont vraiment eux-mêmes », explique le photographe. « Et quand je vois des animaux, des arbres, les montagnes, le ciel et les nuages, je suis comblé. Ici pas de place pour le faux semblant et le mensonge. Dans la nature, tu montres ton vrai visage.
« Avec Sebastian, la confiance s’est vite établie », poursuit-il. « Contrairement à d’autres de mes rencontres, il n’est pas sauvage, au contraire, il adore avoir des gens chez lui. On a le même âge, on monte tous deux, et après une journée en selle ensemble, on va vite brisé la glace. Au début quand je l’ai rencontré, je crois bien qu’il ne savait pas si je pourrais vraiment l’aider avec les chevaux ou les taureaux. Mais au fil des jours, j’ai vu qu’il me faisait de plus en plus confiance. A l’aise dans ce milieu, j’ai pu lui donner un coup de main quand c’était nécessaire », raconte-t-il. « Et petit à petit Sébastian est devenu bien plus que le sujet d’un reportage : un ami. Et ça, c’est encore mieux. »
« Ici, une erreur de jugement peut coûter cher ! »
Sous la caméra de Jordan Manoukian, on voit donc les deux hommes partir à la recherche de toros sauvages : « Sebastian est un vrai gaucho, un aventurier, très débrouillard. Il fait un travail difficile, très dangereux, fascinant, ça corse encore le défi », raconte le photographe qui avoue avoir appris là que « ce n’est pas parce qu’on maîtrise son environnement que ça exclut le risque. Lors de la traversée de la rivière, Sebastian a failli être emporté par le courant. Il aurait pu se noyer, car l’eau des montagnes est très froide. Une erreur de jugement peut coûter cher. On le voit aussi dresser un cheval, pieds nus, pour mieux sentir la terre. C’est un moment important, de grande intimité entre lui et le cheval. On peut vraiment voir le lien se tisser entre eux(…). Quand je partage de tels moments avec les gens, je me sens comme leur invité. C’est une expérience très enrichissante, des moments d’échange. Je leur offre de belles images de leur quotidien et je vis l’expérience d’un quotidien authentique, en dehors du temps. »
Du temps justement, le photographe en accorde aussi beaucoup, le secret sans doute de ses superbes images. Tout dernièrement d’ailleurs il est passé à l’argentique et au moyen format explique-t-il. « C’est une autre façon de faire de la photographie (…). Ca rend l’aventure plus forte encore. Le fait de travailler ainsi m’a permis de faire des portraits différents, dans des pauses plus traditionnelles. Quand quelqu’un pose pour moi, on prend son temps. En Patagonie, dans un environnement pareil, se hâter n’a pas de sens. La photo est l’aboutissement d’un long processus. Elle n’en a que plus de valeur ».
Pour en savoir plus sur les équipements utilisés par Brice Portolano lors de cette expédition, jetez un oeil ici : www.columbiasportswear.fr
Photo d'en-tête : Columbia- Thèmes :
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