Hier, à 6h00, Cédric Ganguia, était au départ du marathon du Mont-Blanc, format 42km. La fin d’un parcours improbable pour ce sprinter parisien de 33 ans, sans aucune endurance, accro au Nutella, plus habitué à gravir la Butte Montmartre que les sommets. Le début surtout d’une expérience éprouvante, mais gratifiante, comme nous l’a expliqué hier le poulain de Vincent Viet, quelques heures après sa course.
Son CV de coureur tient en une ligne : quatre ans de pratique et deux marathons de Paris (respectivement 5h28 et 4h07). Et celui de traileur en un mot : Trail de Comblorane (25km – 1500D+), trois semaines avant le Marathon du mont-Blanc. C’est dire si Cédric Ganguia responsable marketing parisien était à ranger dans la catégorie novice hier matin à Chamonix au départ du marathon du Mont-Blanc. Une idée née d’un défi lancé par ses potes de « Jolie Foulée », un club d’amateurs de course à pied, soutenu notamment par le traileur Vincent Viet – du Team New Balance. Un peu folle, comme idée, mais pas infaisable semble-t-il : hier à 15h48, Cédric franchissait la ligne d’arrivée. Au bout de 8:57:57 de course. Épuisé, mais avec encore un peu de souffle pour répondre à nos questions.
Près de 9 heures de courses … comment te sens-tu, Cédric ?
Fatigué … c’était super long, quasiment 9 heures … Mon objectif était d’arriver, objectif atteint, mais j’ai été trop prudent. J’aurais dû aller plus vite, Vincent (Viet, traileur pro, son entraîneur sur cette épreuve, ndlr) m’avait dit « vas-y à fond !». Je suis parti plutôt bien après une bonne nuit de sommeil, jamais eu de problème de ce côté-là. Au point que j’ai failli rater le départ. En fait je suis arrivé en retard de 30 ‘’. Trop de temps à vérifier mon sac. Mais ils ont été cool, et m’ont ouvert le sas. Je démarre normal, tous les voyants sont au vert. Les 12 premiers kilomètres sont assez roulants. Du coup je me dis, vas-y tranquille. Tout allait bien … jusqu’à la montée de Vallorcine. La descente m’a tué, c’est la pire épreuve de la course ! J’avais bien étudié le profil de la course, mais je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi technique. J’ai alors fait le choix de ne pas me mettre dans le rouge. Du coup, les heures passaient et c’était long. J’avoue qu’à certains moments, j’en avais marre. Mais quand tu vois les paysages, là tu te dis, ça vaut le coup. Regarder autour de soi, ça te remotive et tu ne peux qu’aller jusqu’au bout.
Tu as eu envie d’arrêter à certains moments ?
Oui, sur cette descente de Vallorcine, je n’étais pas à l’aise, entre roches et gros cailloux. Mes cuisses y ont été mises à rude épreuve. A ce moment-là, dans un coin de ma tête a surgi l’idée de m’arrêter. Mais j’ai croisé tous mes potes de Jolie Foulée au ravito. Ça m’a donné une force supplémentaire. Ils m’ont dit de prendre mon temps, de m’arrêter cinq minutes s’il le fallait. Et là, c’est reparti. Enfin, sur les derniers kilomètres, cinq potes m’ont pacé, j’ai eu cette chance.
Qu’est-ce qui t’a fait tenir ?
Le fait que je m’étais préparé pour cette course pendant plusieurs mois, depuis mars. Alors, pas question de lâcher après toutes ces séances d’entraînement. Puis dans ces moment-là j’écoute mon corps, et je pense aux bonnes choses qui m’attendent, aux vacances, aux bons restaus. A des choses qui me donnent envie de sourire.
A quel moment tu y as cru ?
Après le dernier ravito, à la Flégère, j’ai vu que j’avais encore du jus. Et puis les gens m’encourageaient, « allez, allez ! » .
La douleur, ça te parle ?
C’est clair que c’est quelque chose qui me parle ! C’est une dimension qu’il faut gérer, mais elle n’est pas insurmontable. Ça pique un peu parfois, mais il faut serrer les dents. Et là, grâce à ma préparation, ça va, je peux marcher. Je pourrais reprendre le footing d’ici 4 à 5 jours. Et j’ai déjà prévu un autre trail cet été. Mais plus tranquille, 15-20 km, en Bretagne.
Quels sont les meilleurs conseils que Vincent Viet t’ait donnés ?
Il m’a beaucoup appris sur l’hydratation, parce qu’avant j’avais beaucoup de crampes. Mais en buvant mieux – essentiellement des boissons électrolytes, je ne suis pas fan, mais j’ai vu les résultats, ça marche ! – j’ai pu finir deux trails. Avec une fausse alerte au mollet droit hier, mais au final, sans crampes.
J’ai un seul regret : de ne pas avoir suffisamment bossé les descentes. J’ai préféré travailler les montées. Du coup j’étais trop crispé et j’ai perdu beaucoup d’énergie dans les descentes. Le confinement y est aussi un peu pour quelque chose, Parisien, je n’ai pas toujours pu m’entraîner comme j’aurais voulu.
Quels sont les conseils que tu donnerais à ceux qui voudraient se mettre au trail ? Et tenter le marathon du mont-Blanc ?
De ne pas hésiter à se lancer dans le trail ! Avant je croyais que c’était réservé aux brutes, aux machines de guerre. Mais le plaisir est largement supérieur à celui de la course sur route. Dans le monde du trail, ce n’est pas la performance par rapport aux autres. On n’est pas que dans le chrono. D’ailleurs je n’ai pratiquement jamais regardé ma montre de toute la course. Donc je dirais, allez-y foncez, retrouvez un esprit nature. Le plaisir sera super. Mais le marathon du Mont-Blanc nécessite une certaine préparation, même si un coureur lambda, comme moi, peut le faire. Je ne suis pas un coureur très doué, mais j’en suis la preuve.
Photo d'en-tête : @jrmi- Thèmes :
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