Avec le réchauffement de la planète, nos montagnes, rivières, glaciers et océans vont changer, parfois de manière imprévisible, obligeant les adeptes de l’outdoor à s’adapter à de nouvelles conditions. Petit aperçu de ce qui nous attend dans les années à venir.
Déclin du hors-piste
En 30 ans, Météo France a évalué la hausse des températures dans le massif alpin à 2°C. Dans certains massifs montagneux de moyenne altitude, comme celui de la Chartreuse, l’enneigement a perdu 30% sur la période 1990-2017. Si certaine stations usent (et abusent ?) de la neige de culture, d’autres passent carrément aux grands moyens, en témoigne le récent héliportage de neige des sommets vers le bas des pistes à Montclar Les 2 Vallées. Mais en dehors des domaines skiables, le terrain de jeu va aller s’amenuisant.
Vagues géantes pour les surfeurs
Le changement climatique contribue à l’apparition de tempêtes plus étendues et plus intenses, en particulier sous les tropiques. Un phénomène qui menace les populations et installations littorales, tout en créant d’énormes houles pour le plus grand bonheur des surfeurs de big wave. Va-t-on devoir s’habituer aux vagues de 30 mètres ?
Des rivières engorgées
Les fortes pluies ont augmenté en intensité et en fréquence depuis 1901, mais pas de manière uniforme. En Europe de l’ouest, les crues de cours d’eau se produisent de plus en plus tôt dans l’année, notamment en raison d’une plus grande humidité des sols. Le phénomène est le même au nord-est de l’Europe, en raison cette fois-ci d’une fonte des neiges plus précoce au printemps. Les sécheresses estivales jouent également un rôle, les précipitations peinant à pénétrer dans le sol et ruisselant à la place, entraînant là encore des inondations. Les scientifiques annoncent ainsi que le risque de crues dévastatrices pourrait être multiplié par vingt d’ici la fin du 21e siècle.
Une route du Pôle Sud qui fond
L’île de Ross, en Antarctique, abrite la hutte d’Ernest Shackleton, point de départ historique des expéditions vers le pôle Sud. Mais bientôt, les explorateurs qui partiront d’ici auront peut-être besoin d’un bateau. Une partie de la barrière de Ross – plus grande de l’Antarctique et masse gelée au-dessus de la mer que les aventuriers traversent en ski ou en traîneau pour atteindre le continent – perd près d’un mètre de glace chaque année, un chiffre qui ne devrait qu’augmenter.
Embouteillage en vue au passage du Nord-Ouest
Il a fallu des siècles pour trouver une route navigable à travers la glace de mer du passage du Nord-Ouest (compris entre le détroit de Davis et la baie de Baffin ) et des centaines d’aventuriers y ont laissé la vie. Mais avec le réchauffement de l’Arctique, la glace s’est retirée, et les cargos et bateaux de croisière font régulièrement des voyages à travers cette voie navigable qui s’élargit. Cette année, l’aventurier Karl Kruger sera le premier à tenter le passage en SUP.
Des déserts désertés
Les scientifiques prévoient que des pans entiers du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord seront bientôt quasi inhabitables pour les humains, en raison de la sécheresse et des vagues de chaleur qui feront monter les températures à plus de 50 degrés. Des régions comme celle de Wadi Bani Awf à Oman, connue depuis longtemps pour son offre de canyoning, pourraient devenir trop chaudes pour être visitées, tandis que le Marathon des Sables marocain, qui s’étend sur plusieurs jours et qui est souvent considéré comme l’une des courses à pied les plus difficiles au monde, pourrait devenir impossible.
Festival d’avalanches sur l’Everest
En 2018, des scientifiques de l’Université de Genève ont constaté qu’au cours des 150 dernières années le nombre de glissements de terrain dans l’Himalaya avait augmenté de façon spectaculaire. Le coupable ? Le réchauffement récent est « l’explication la plus plausible » ont écrit ces chercheurs dans « Proceedings of the National Academy of Sciences ». Avec des chutes de neige constantes et des températures qui augmentent, le manteau neigeux déstabilisé entraîne des délestages plus fréquents.
Adieu Grande barrière de corail
En 2016, les températures élevées de l’eau ont provoqué un blanchissement massif dans la Grande Barrière de corail d’Australie, qui a tué près de 30 % des 348 700 kilomètres carrés de corail. Un nouveau rapport du Climate Council, un groupe de réflexion australien, a prévu que d’ici 2034, des événements de blanchissement similaires pourraient se produire tous les deux ans, « détruisant de fait la Grande Barrière de Corail ».
Photo d'en-tête : Karsten Wurth / Unsplash