Alors que Xavier Thévenard, le « petit prince de Chamonix », vient de remporter le 90 km du Mont-Blanc sous une chaleur extrême, nous avons rencontré Frédéric Comte, directeur de la course. Il détaille comment l’organisation s’est préparée pour anticiper au mieux la canicule qui ne devrait pas faiblir d’ici le 42 km, dimanche.
Dans quel état d’esprit aborde-t-on un tel événement lorsque des conditions climatiques extrêmes sont annoncées ?
Pour être honnête, nous sommes plutôt serein. C’est la 41e édition du 23 km du Mont-Blanc (épreuve historique de cet événement, qui a vu ensuite arriver les autres courses dont le 42 km et le 90 km). Nous avons désormais une longue expérience et ce n’est pas la première année qu’il fait très chaud. D’autre part, on avons eu la chance de disposer d’informations sur cet épisode caniculaire très tôt, ce qui nous a laisser le temps d’anticiper.
Avez-vous pris des dispositions particulières ?
En termes de règlement, il n’y avait pas raison de faire de modifications à notre protocole habituel. Nous n’avons pas rajouté de ravitaillement supplémentaire ou changé les barrières horaires. Par contre, pour la première année nous avons autorisé le ravitaillement en eau sur tout le parcours et pas simplement sur les zones prévues à cet effet, comme c’était le cas jusqu’à présent.
On imagine que la gestion de l’eau est très importante ?
C’est en effet une donnée essentielle. Nous en avons prévu 36 000 litres, en plus de l’eau courante qui compte désormais pour 60% de l’approvisionnement. Chaque année nous essayons d’augmenter cet accès direct à l’eau courante sur nos ravitaillements, par souci d’écologie et afin qu’aucun coureur ne vienne à manquer. Par ailleurs, cinq palettes sont prêtes à être envoyées par voie terrestre si besoin ainsi que deux big bags par voie aérienne (500 litres chacun).
Nous misons également sur notre système de chronométrage pour la gestion des stocks. Nous connaissons en temps réel les flux de coureurs, ce qui nous permet d’anticiper les quantités d’eau nécessaires sur les différents points.
Hors des zones de ravitaillement, quelles sont vos consignes pour gérer au mieux la chaleur ?
Nous avons sensibilisé les coureurs en amont via SMS et mails sur l’importance de se rafraîchir autant qu’il le pouvait : torrent, neige dans la casquette, se tremper dès qu’ils le peuvent (cette année, tous les ravitaillements sont pourvus d’arroseur). C’est une donnée essentielle pour faire retomber la température du corps. En termes d’alimentation, il faut bien sûr manger salé et contrairement à ce que l’on pense, il ne faut pas boire plus que de raison.
Votre système de secours est-il adapté en conséquence ?
Nous avons la chance d’avoir à Chamonix des moyens extraordinaires en matière de secours en montagne. Une dizaine d’organismes sont impliqués dans la course; un mixe de privés, publics, civils et militaires. On compte notamment la Chamoniarde, la Société de Prévention et de Secours en Montagne. Elle forme bon nombre de secouristes présents sur la course. Une Commission de sécurité rassemble tous ces acteurs. Dès qu’il y a une décision à prendre, nous nous réunissons, nous sommes en mesure de réagir très rapidement.
Vous n’avez pas envisagé d’avancer l’horaire de départ du marathon ?
Cela ne ferait pas beaucoup de différence en réalité, car la température ne descend pas en dessous de 20°. Le gros du peloton, qui met entre 7h et 9h30, sera de toute façon contraint de gérer cette chaleur. À moins de faire la course de nuit, il n’y a pas vraiment de meilleure solution. Mais on vient aussi ici pour le paysage, ce serait dommage de ne pas pouvoir en profiter.
Photo d'en-tête : Fabien Bodet