On espérait un message clair du Premier ministre, intervenant ce soir au JT de 20h de TF1, afin de « préciser les règles de confinement » pour lutter contre l’épidémie de Coronavirus avec, notamment, des règles précises concernant la possibilité de courir, ou pas, en cette période de confinement.
Déception, les instructions sont toujours aussi confuses. Explications.
Plus le choix, plus de demi-mesure, rangez vos baskets pour quelque temps, il en va de la sécurité de tous … Les coureurs étaient prêts à tout entendre. La mort dans l’âme, certes, mais la course à pied et plus largement le sport à l’extérieur pouvaient attendre un peu quand on sait que la France compte déjà 860 morts ce soir, dont 5 médecins intervenus au chevet des premières victimes d’un virus qui confine aujourd’hui plus de 1,7 milliard de personnes dans le monde, soit un cinquième de la population mondiale. Or, l’intervention du Premier ministre ce soir laissent les coureurs, une fois de plus, dans le flou.
Qu’avons-nous entendu ? Que les sorties sont autorisées « pour prendre l’air ou pratiquer une activité physique , et qu’elles doivent se limiter à un rayon d’un kilomètre de chez soi, seul, durer une heure maximum, une fois par jour » et qu’il faut désormais inscrire l’horaire, en plus de la date, sur l’attestation de sortie. Ce qui, au final, laisse beaucoup de place à l’interprétation et sans doute beaucoup d’arguments à tous les nouveaux passionnés de la course à pied que l’on croise aujourd’hui dans les rues un peu partout en France.
Dimanche, on comptabilisait 91.824 infractions pour non-respect des règles de confinement, dues pour certaines à des coureurs occasionnels contre lesquels s’est insurgé récemment dans un tweet François Barrer, champion de France du 5 000 mètres. Lui, qui s’entraine pour les JO de Tokyo, s’est imposé un confinement, expliquant : « On peut très bien se passer de sport pendant deux semaines, ce n’est pas indispensable à notre survie ». Si Barrer, athlète de haut niveau, peut le faire, tous les coureurs le peuvent certainement. Là est le vrai courage, ne cessent de rappeler les soignants.
Après une semaine d’instructions toujours aussi floues, c’est ce qu’on aurait aimé entendre ce soir de la part du Premier ministre, à l’instar sans doute du corps médical qui a lancé un « cri d’alerte pour un strict respect du confinement », le syndicat Jeunes médecins réclamant pour sa part « un confinement total ». Si le Conseil d’État, dimanche, s’est refusé à « ordonner le confinement total de la population », il a « enjoint le gouvernement de revoir certaines autorisations de déplacements », car, pour faire court, personne n’y comprenait plus rien.
Rappelons que mardi dernier, premier jour du confinement, le Ministère de la santé conseillait aux Français de pratiquer une activité légère, sans exclure, au contraire, un jogging. Une vidéo diffusée quelques jours plus tard précisant : « Faire du sport en extérieur, ça veut dire marche ou un petit footing mais en respectant trois règles importantes : rester à proximité de votre domicile, donc dans son quartier, que cette sortie soit brève et sans autre contact qu’avec les personnes de votre foyer. Vous pouvez sortir avec vos enfants ou seul mais vous ne pouvez pas retrouver des amis ».
Par la suite sur Twitter, le ministère des Sports avait « éclairci », si l’on veut, la situation en parlant de ne faire que « Un kilomètre, deux maximum. Il n’est pas question de s’éloigner de chez soi. » Hier encore le jogging se trouvait réduit à des sorties ne dépassant pas 20 mn, voire moins pour les citadins.
Aujourd’hui on nous parle de « rayon d’un kilomètre », laissant ainsi la porte ouverte à tous les dérapages.
Reste enfin la question de l’allongement, probable, de la durée du confinement. Mais sur ce point, il faudra encore attendre demain que le conseil scientifique créé sur le Covid-19 se prononce. Quoi qu’il en soit, armons-nous de patience.
Photo d'en-tête : Andrew Tanglao