Vous avez un vélo, des sacoches ou un panier, voire un cargo ? Du temps à revendre et l’envie de donner un coup de main à ceux qui ne peuvent pas se déplacer pour faire leurs courses ? Rejoignez « Les coursiers solidaires », une initiative née à Annecy, qui fait des émules à la vitesse grand V. Déjà plus de 400 bénévoles en France.
« Le 16 mars, à l’annonce de la mise en place du confinement, on s’est dit que ça risquait d’être compliqué pour pas mal de gens », explique Marion Lafarie, co-créatrice d’Annecyclo, « mouvement citoyen pour la promotion des mobilités actives à Annecy », à l’origine des « Coursiers solidaires ». « Comment les personnes âgées, vulnérables ou à mobilité réduite allaient-elles faire leurs courses sans risque ? Sans parler des enseignants et du personnel soignant, mobilisés par la pandémie de Covid-19 et disposant de peu de temps. « Avec Guillaume, un soignant, on s’est dit qu’on avait des vélos avec des paniers et des sacoches et que c’était dommage de ne pas s’en servir. » L’idée était lancée. Très vite, elle trouve un écho dans la communauté de cyclistes d’Annecy.
Comment ça marche ?
Les coursiers solidaires dûment enregistrés sur la carte interactive mise en ligne par Annecyclo font les courses ou vont chercher les médicaments des personnes qui ne peuvent pas se déplacer ou qui, particulièrement fragiles, craignent de s’exposer. Sur le site figurent le prénom et le numéro de téléphone des volontaires, il suffit de les appeler.
Pour toucher également tous ceux qui n’auraient pas accès à internet, le collectif propose aux volontaires d’imprimer des petites affiches à déposer dans leur quartier, dans les boulangeries ou pharmacies. Les facteurs, les services seniors, les associations aidant les personnes sous tutelle et les mairies sont également de bons relais de l’information. Les chambres de commerce se montrant à ce jour malheureusement moins sensibles à l’initiative.
Par sécurité, les volontaires avancent l’argent et se font rembourser, une fois les courses livrées. « Un service entièrement gratuit reposant sur la confiance, qui fonctionne parfaitement bien, souligne Marion Lafarie.
Enfin, les courses sont déposées devant la porte de la personne afin d’éviter tout contact. A noter que le collectif privilégie les commerçants travaillant avec des produits locaux ou en circuit court, elle n’est nullement le relais de la grande distribution disposant déjà d’un drive ou de coursiers. « L’idée étant d’encourager aussi un changement des modes de consommation », explique la co-présidente.
Qui peut participer ?
Toute personne majeure disposant d’un vélo, sacoches ou panier. Les deux-roues motorisés sont exclus afin de favoriser des déplacement « propres » et de proximité. Pas question, en période de confinement, de parcourir des kilomètres.
Quelles régions sont concernées ?
Le mouvement, initié à Annecy a connu un succès fulgurant. « En 24h nous avions déjà 50 volontaires », explique Marion qui en compte aujourd’hui 150 répartis sur la Haute-Savoie. Au point que les « Coursiers solidaires » ne recrutent plus sur le département, à l’exception de zones très précises. Mais très vite, d’autres villes ont souhaité participer à l’initiative. Bordeaux, d’abord, deux jours seulement après le lancement de l’opération. Puis Avignon, bientôt suivi de Lyon et tout récemment de Besançon, du Val d’Oise, et hier de Saint-Etienne.
Chaque région fonctionne en autonomie, sur la base des règles de base des « Coursiers solidaires ». Les bénévoles suivent bien évidemment des consignes strictes pour éviter au maximum de contribuer à la propagation du virus et disposent d’une attestation de déplacement spécifique pour faire les courses, avec lien vers la carte.
« Certains coursiers ont établi des relations privilégiées avec des personnes livrées, ils resteront sans doute en lien avec elles après la pandémie. Une dame, qui n’arrive plus à tirer son caddy, nous l’a déjà demandé », explique Marion Lafarie. « Bien sûr les volontaires seront moins disponibles une fois le confinement terminé, mais il en restera certainement quelque chose ». Diplômée en marketing, actuellement en recherche d’emploi, la co-présidente d’Annecyclo travaille déjà au développement d’un autre projet : cartographier les commerces locaux via une carte collaborative, « Les 2 Savoie Aliment’ Terres locales » incluant les commerces alimentaires, producteurs locaux, petits magasins bio proposant des produits de proximité, mais aussi les pépiniéristes, voire à terme, les restaurateurs, travaillant dans le même esprit. Déjà disponible sur la Haute-Savoie, la Savoie et l’Isère, elle pourrait, à terme, s’étendre à d’autres régions.
Contacter « Les coursiers solidaires » : Annecyclo74@gmail.com, ou Facebook.
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