Sans jeu de mot malheureux, les jeux sont faits. Ou presque. En mentionnant dans une « Lettre aux athlètes » publiée ce matin, la possibilité d’un « report » des Jeux Olympiques de Tokyo prévus du 24 juillet au 9 août, le Président du CIO, Thomas Bach Oly, cesse enfin de nier l’évidence qui saute aux yeux de nombreux pays participants depuis des jours. L’annonce aujourd’hui par le Canada de sa « décision difficile de ne pas envoyer d’équipes », entérine une décision que le CIO rêve encore de pouvoir repousser de quatre semaines. Et déjà de nouvelles dates sont sérieusement évoquées.
Après la Fédération américaine de natation qui exhortait vendredi le Comité olympique et paralympique (USOPC) de son pays à pousser pour un report des Jeux de Tokyo », voici que « Le Comité olympique canadien (COC) et le Comité paralympique canadien (CPC) viennent d’annoncer ce matin avoir « pris la décision difficile de ne pas envoyer d’équipes » aux prochains Jeux Olympiques en raison de la pandémie de coronavirus».
La position du CIO devient désormais intenable. Si le 3 mars il s’engageait à ce que les jeux se déroulent comme prévu, malgré la propagation mondiale croissante du coronavirus et l’annulation d’autres événements sportifs de haut niveau en Asie. Et si, 10 jours plus tard, le 13 mars, le gouvernement Japonais croyait encore dur comme fer que les JO de Tokyo pourraient se tenir comme prévu, alors que, déjà, Donald Trump suggérait de les reporter pour cause de Covid-19, aujourd’hui, plus personne, des athlètes aux fédérations, plus personne n’y croit. Même plus le CIO lui-même. Dans une « Lettre aux athlètes » communiquée aujourd’hui, Thomas Bach Oly, le président du CIO, a fini par faire savoir ce matin qu’un report était à l’étude. « Report », le mot était tabou jusqu’à présent.
« De concert avec toutes les parties prenantes, nous avons amorcé aujourd’hui des discussions détaillées pour évaluer l’évolution rapide de la situation sanitaire dans le monde et son impact sur les Jeux Olympiques, y compris le scénario d’un report. »
Mais il précise aussitôt qu’une décision sera prise … dans les quatre semaines :
« Nous travaillons sans relâche et nous sommes convaincus que nous aurons terminé ces échanges dans les quatre prochaines semaines. »
A ce stade, les athlètes déjà sélectionnés et tous ceux qui étaient encore dans cette attente, qui tous s’entrainent intensément depuis des mois, les yeux tournés vers le rêve olympique, n’attendront sans doute pas pour se faire une raison, même si rien n’est officiel encore.
D’autant que le Président du comité national olympique et sportif français (CNOSF), Denis Masseglia, interviewé par RMC aujourd’hui, est certain, lui, les prochains JO de Tokyo seront reportés. Selon lui, trois dates envisagées par le CIO seraient 2020, 2021 ou 2022.
Rappelons que 206 nations devraient participer aux jeux de 2020.
Pourquoi le CIO se refuse à imaginer dès maintenant un report ?
La lecture d’un extrait de la Lettre aux athlètes, du Président du CIO, Thomas Bach Oly est éclairante sur ce point.
« Je comprends ceux d’entre vous qui estiment que cette situation est insatisfaisante. Dans des circonstances et pour des raisons très différentes, j’ai moi-même dû faire l’expérience de cette incertitude en tant qu’athlète à l’approche des Jeux Olympiques Moscou 1980. Nous ne savions pas si les Jeux allaient avoir lieu et si nous serions autorisés à y participer. Pour être tout à fait franc, à l’époque j’aurais préféré que les décideurs prennent plus de temps pour trancher sur la base d’informations plus solides.
Selon les informations dont nous disposons aujourd’hui, une décision finale prise maintenant concernant la date des Jeux Olympiques Tokyo 2020 serait encore prématurée.
Tout comme vous, nous sommes confrontés à un dilemme : l’annulation des Jeux Olympiques réduirait à néant le rêve olympique de 11 000 athlètes des 206 Comités Nationaux Olympiques, de l’équipe olympique des réfugiés formée par le CIO, des athlètes paralympiques très probablement et de toutes celles et de tous ceux qui vous accompagnent – entraîneurs, médecins, officiels, partenaires d’entraînement, amis et proches. L’annulation ne résoudrait aucun problème et n’aiderait personne, raison pour laquelle elle n’est pas à l’ordre du jour.
Une décision prise aujourd’hui concernant un report ne permettrait pas de fixer une nouvelle date pour les Jeux Olympiques en raison de l’évolution incertaine de la situation dans un sens ou dans l’autre : une amélioration, comme nous le constatons dans plusieurs pays grâce aux mesures drastiques adoptées, ou une détérioration dans d’autres.
Contrairement aux autres épreuves sportives, reporter la tenue des Jeux Olympiques est un enjeu extrêmement complexe. Voici pourquoi à travers ces quelques exemples.
Plusieurs sites essentiels au bon déroulement des Jeux pourraient ne plus être plus disponibles. La réservation de millions de nuitées dans les hôtels est en outre une situation extrêmement difficile à gérer, sans parler du calendrier sportif international de 33 sports olympiques au moins qui devrait être adapté. Et ce ne sont là que quelques-uns des nombreux, très nombreux autres défis à relever.
C’est pourquoi, une fois les différents scénarios étudiés, le total engagement et la pleine coopération du comité d’organisation de Tokyo et des autorités japonaises, ainsi que de toutes les Fédérations Internationales (FI), de tous les Comités Nationaux Olympiques (CNO) et de toutes les parties prenantes des Jeux Olympiques, seraient nécessaires. Aussi compte tenu de la détérioration de la situation au niveau mondial, et dans un esprit d’attachement mutuel aux Jeux Olympiques, la commission exécutive du CIO a-t-elle entamé aujourd’hui la phase suivante de nos scénarios.
De concert avec toutes les parties prenantes, nous avons amorcé aujourd’hui des discussions détaillées pour évaluer l’évolution rapide de la situation sanitaire dans le monde et son impact sur les Jeux Olympiques, y compris le scénario d’un report. Nous travaillons sans relâche et nous sommes convaincus que nous aurons terminé ces échanges dans les quatre prochaines semaines. »
Pour lire le document intégral, c’est ici.
Photo d'en-tête : Tokyo 2020- Thèmes :
- Covid-19
- Jeux Olympiques 2020 Tokyo