Rancho webshow, la websérie décalée menée par Enak Gavaggio, le moustachu le plus connu de la planète ski, revient pour une septième saison aujourd’hui. Pour ce premier épisode, direction Verbier pendant le fameux Xtrem, finale du Freeride World Tour. Si, comme à l’habitude, on se délecte des images et du scénario, en coulisses, les problèmes sont nombreux -moyens techniques, casting, autorisations – nous explique Thibault Gachet, cadreur et monteur de la série.
Si Enak est le personnage central, le Rancho webshow ne serait rien sans toute l’équipe qui l’entoure. Certains sont à ses côtés depuis le départ, comme Thibault Gachet, véritable « couteau suisse » et rouage essentiel, qui est en charge, entre autres, de filmer et monter les épisodes. Qui de mieux placé pour nous ouvrir les portes d’une websérie qui s’est imposée au fil des années comme une référence dans le milieu du ski et de la montagne ?
D’où vient l’idée du Rancho webshow ?
Rancho c’est le nom de la première voiture catégorisée “crossover”, une voiture qui cassait les codes, pouvant aller aussi bien sur les pistes 4×4 que sur l’autoroute. C’est le nom qui a été choisi, car on est vraiment dans cet état d’esprit. Enak fait du ski depuis qu’il est très jeune. Il est passé par le ski alpin, le ski cross, le freeride, et il s’est vite rendu compte que c’était un milieu très segmenté, or lui, ce qui le faisait kiffer, c’était de skier, point barre. C’est avec cette volonté de casser les barrières qu’il a eu l’idée de la websérie et on a toujours ce leitmotiv aujourd’hui.
Le Rancho webshow repart pour une septième saison, c’est la même équipe depuis le départ ?
Le noyau central est toujours le même, mais au fil des années l’équipe s’est agrandie. Il y a bien sûr Enak, à l’origine du projet. C’est son partenaire Rossignol qui lui a demandé à l’époque de développer quelque chose sur le web. Il a contacté alors Dino Raffault, réalisateur et directeur de Supersize film, une boite de production vidéo. Je travaillais pour lui à ce moment là, c’est comme cela que j’ai été greffé à cette aventure.
Enak est l’acteur principal de la série, mais il s’occupe aussi de l’écriture. Dino est producteur et réalisateur et il coécrit avec Enak. Et moi, enfin, je n’interviens que très peu sur l’écriture, je m’occupe de toute la partie technique, le cadrage, le montage. On est très complémentaires tous les trois.
Enfin avec le temps il y a mon frère, Thomas Gachet, qui s’est occupé de la partie artistique et graphique, Thomas Ouf notre DJ qui nous fait les sons, Florent Geninatti le trompettiste et photographe du groupe, et enfin Lola Jobert qui s’occupe du community management.
Tu es donc le seul à tenir la caméra ?
Oui, pour 90% des images, c’est moi qui suis derrière la caméra. Pour certaines scènes, où on n’avait pas le droit à l’erreur, Dino a également filmé. Ce fut le cas par exemple pour l’épisode 4, où Enak teste le saut à ski. Il n’avait qu’un essai, donc il ne fallait pas se louper. Il arrive également qu’on fasse appel à un guide “cadreur”, comme pour l’épisode 10 sur la pente raide. C’était vraiment engagé, je ne me sentais pas d’y aller avec la caméra en main. Enfin, certaines images sont parfois issues de productions TV, ça demande de longues négociations, ce sont des images que l’on achète bien évidemment.
En terme de matériel, quel type de caméra utilises-tu ?
Cela dépend des plans et des situations. Lorsque l’on est “confort”, on utilise une RED, comme pour le teaser de la Saison 7. Par contre, il arrive souvent qu’on ait besoin d’être rapide et léger, dans ce cas on prend un boîtier mirorless, l’A7SII de Sony, et pour les scènes en immersion la GoPro.
Quand on peut se le permettre, la RED c’est forcément plus qualitatif, mais pour une websérie, avec la compression de YouTube, c’est presque inutile. Pour de la pub ou de la prod cinéma évidemment que tourner à la RED ça change tout, mais dans notre situation, avec du travail en postproduction on arrive à obtenir un super résultat.
Tu parlais de négociations, comment réussissez-vous à obtenir les autorisations pour tourner sur les grands événements ?
C’est une partie que l’on ne voit pas et qui est pourtant essentielle. Dans les premiers temps, il arrivait qu’on reçoive des critiques, car il n’y avait pas assez d’épisodes. Mais il faut voir le travail que ça demande en amont.
Obtenir les autorisations pour tourner est souvent très long, ça peut prendre des mois. Mais on arrive à avoir les contacts rapidement, que ce soit au sein des Fédérations ou des organisations comme ASO pour l’Étape du tour (épisode tourné à l’occasion de l’Étape du Tour 2019, qui sortira mi-avril). Grâce au passé de sportif d’Enak et à toutes les activités qu’il mène, il connaît beaucoup de monde dans ce milieu, qui au final est assez petit. On lui doit aussi de parvenir à réunir un tel casting à ses côtés. Mais ensuite il faut négocier avec les organisateurs, et là ce n’est pas toujours évident. Jusqu’à la saison 2, c’était toujours très compliqué. Au fil du temps, ça s’est un peu simplifié grâce à la notoriété de la série. Mais on n’a pas de passe-droit.
Petite anecdote, pour l’Épisode 6 consacré au biathlon, on devait se rendre à la Coupe du monde en Suède, à Ostersund. On contacte l’IBU (Union internationale de biathlon) pour négocier les droits pour filmer des images. Pas de réponse. On était un peu coincés, alors on a tenté un coup de poker : on a décidé d’y aller sans avoir la certitude d’obtenir une autorisation. Arrivés sur place, on rencontre le big boss avec qui on tente le tout pour le tout : on lui explique qu’en France, si ce n’est pas dit explicitement que c’est refusé alors on considère que la demande est acceptée. Il nous avait sur les bras et finalement il a accepté de nous filer une accréditation. Il faut avoir un peu de culot parfois…
Pour l’épisode tourné sur l’Étape du Tour cet été, comment vous êtes-vous organisés ?
Là encore il a fallu batailler en amont pour obtenir les autorisations de tournage. On a eu une dérogation pour que je puisse suivre Enak sur une moto avec ma caméra. C’est mon père, motard de longue date qui m’a accompagné. ASO voulait quelqu’un d’expérience aux manettes, il faut voir ce que c’est de suivre des cyclistes dans la descente d’un col !
Derrière le côté humoristique, il y a de vraies performances physiques.
Enak ne va pas aimer que je le mette en avant, mais il a des capacités physiques incroyables. Entre l’Étape du Tour, le Roc d’Azur, l’étape du Grand Mont à la Pierra Menta, il réalise des choses que peu de monde pourrait faire, quasiment sans entraînement. C’est un ancien sportif de haut niveau il ne faut pas l’oublier, mais il a 43 ans, ça change un peu la donne !
Tu peux nous donner un petit planning de la saison ?
Après cet épisode à Verbier, le prochain sur le speedriding sortira mi-janvier environ, puis celui sur l’Étape du Tour à la mi-avril. Mais on travaille déjà sur la suite !
Rancho webshow, 1e épisode de la saison 7
Lancé en avant-première au Grand Rex avec Snowleader le 4 décembre, le premier épisode de la saison 7 est désormais disponible sur la chaîne YouTube de la websérie.
Photo d'en-tête : © Florent Geninatti