A peine rentré de sa tentative de traversée Lhotse-Everest avec Kilian Jornet, l’Allemand David Göttler s’est lancé un nouveau défi, le sommet de la Peña Vieja ( 2613 m), point culminant des pics de l’Europe, en Espagne. Un défi humain surtout : dans sa cordée, son père, 81 ans. C’est à lui qu’il doit de s’être imposé comme l’un des meilleurs alpinistes de sa génération.
« Mon plus grand rêve ? Etre en mesure de continuer à aller en montagne quand j’aurai 80 ans », confiait dans une interview David Göttler. A 43 ans, l’alpiniste allemand compte déjà cinq sommets de 8000 m à son actif – le Gasherbrum II, le Broad Peak, le Dhaulagiri, le Lhotse et le Makalu – pour ne citer que ces ascensions réussies, aussi si il y a quelques jours il s’est attaqué à la Peña Vieja (2613 m), en Espagne, une ascension nettement plus modeste, c’est plus pour grimper avec son père, âgé de 81 ans, que pour aligner un exploit de plus. Sa manière à lui de rendre hommage à l’homme auquel il doit son amour pour la montagne. C’est à ses côtés en effet qu’enfant, il découvre ce formidable terrain de jeu lors de sorties en famille. Mais à dix ans, bloqué sur une paroi à 50 mètres de hauteur, la peur du vide le saisit. Pendant trois ans il refusera de s’aventurer à nouveau en montagne. Il faudra toute la patience de son père qui lui fera découvrir les Alpes, l’Islande et l’Afrique, pour que la peur s’estompe et la passion le gagne. Depuis, elle ne l’a plus quitté et il n’a de cesse de la partager avec son père.
C’est donc tout naturellement que les Göttler, père et fils, se sont attaqués à l‘Espolón de los Franceses, une voie de la Peña Vieja à l’ambiance alpine. Au programme : 17 longueurs en V+ ! Une promenade de santé pour David, une véritable performance pour son père âgé de 81 ans, réussie à l’issue de plus de dix heures d’ascension.
Mais David Göttler et son père ne sont pas les seuls à partager leur passion en famille. On se souvient qu’en mai 2019, Éline Le Menestrel, héritière d’une famille de grimpeurs de légende, a fait l’ascension d’une grande voie, le Tambour Magique, à la Sainte-Victoire avec sa grand-mère, Hélène, 78 ans. Après plus de cinquante ans d’escalade, Hélène garde d’ailleurs le même regard pétillant quand elle parle de sa passion. « Tous les ans, quand j’achète ma paire de chaussons, je me dis que c’est ma dernière, mais les années s’enchaînent, et je continue de grimper », raconte-t-elle en souriant.
Et que dire enfin de Marcel Rémy, 98 ans, certainement le plus vieux grimpeur en activité au monde. Animé par la passion, il grimpe chaque semaine. C’est sa force de caractère qui l’a emmené, en 2017, au sommet du Miroir de l’Argentine, une voie calcaire de 450m, en 5b+. « Facile » pour bon nombre de grimpeurs, un exploit à 98 ans pour cet athlète qui confie sans hésiter son secret : « Je pense que c’est tout se passe dans la tête. Il faut se faire plaisir. C’est mon stimulant ! ». A méditer.
Photo d'en-tête : David Göttler