Champion du monde de freeride 2017, le Chamoniard fait partie des 6 riders français qui participeront au circuit mondial cet hiver. Très tôt habitué aux podiums, béni des dieux qui pourtant ne l’ont pas toujours épargné, Léo Slemett, 27 ans, doit tout en réalité à son niveau d’exigence, à l’heure de tracer sa ligne comme de choisir son matériel. A la veille d’un World Tour qui s’annonce déjà complexe – les étapes canadiennes et japonaises viennent d’être annulées, pandémie oblige – rencontre avec un athlète déterminé, doté d’une maturité que son public ignore sans doute.
Joint par téléphone il y a quelques jours, Leo Slemett s’est mis au vert. Quelque part dans la Drôme. En pleine préparation mentale. Une ferme sans doute, un coq interrompra plusieurs fois notre entretien de son cri tonitruant. Pas le genre d’endroit où l’on imagine un champion du monde de freeride. « Les gens ont une fausse image des riders », regrette-t-il. « Celle d’athlètes à la cool, entre surf, skate et planches aux pieds, en quête perpétuelle de glisse. En fait, c’est beaucoup plus complexe que ça. Le niveau du Freeride World Tour est tel aujourd’hui, qu’il faut énormément de rigueur aux athlètes qui, contrairement à d’autres disciplines comme le ski alpin par exemple, sont des indépendants. Pour nous, c’est encore plus dur, on doit tout gérer. J’ai fait le choix d’avoir un entraîneur et un préparateur depuis dix ans, et plus récemment d’un préparateur mental, que j’ai choisis moi-même. Une équipe avec laquelle je me sens bien. Aucune fédération ne m’impose rien, pas plus de porter une tenue fédérale qu’autre chose. C’est une position qui me convient. »
La force du mental
La préparation mentale, c’est lui qui décide il y a un an de s’y intéresser. Personne ne le lui impose : « Dans ma discipline », explique-t-il, « chacun fait en fonction de ses envies et de ses expériences. Moi, j’avais l’impression de stagner, j’avais besoin de me remettre en question. C’est une approche récente, générée par un ensemble d’éléments déclencheurs. » Des années de ski, bien sûr, mais aussi des expériences sur lesquelles il restera discret. On pense à sa blessure sur le World Tour en 2019 ou encore à la saison 2020, où, à la veille de la première étape, il est victime d’une rupture du tendon d’Achille. Absent d’Hakuba et de Kicking Horse, il s’offre tout de même la victoire de la 3e étape en Andorre. Mais on pense aussi et surtout bien sûr à la perte de sa compagne, Estelle Balet, double championne du monde de snowboard freeride, disparue dans une avalanche en avril 2016. Il en sortira profondément meurtri, mais plus déterminé que jamais à apprivoiser cette montagne qui lui a tant volé mais aussi tant donné. Un an plus tard, il décroche le titre de champion du monde de freeride. Preuve d’une capacité de résilience exceptionnelle.
« Je sais comment aller sur les skis », poursuit-il, mais il y a des éléments qui peuvent m’aider à passer des caps pour atteindre le niveau et la dimension nécessaires à la réussite des projets que j’ai en tête. Le mental interfère beaucoup dans ce qu’on est capable de produire, c’est quelque chose que j’ai appris au fil des années. A l’école, j’ai décroché une licence – histoire d’y apprendre les bases, les fondamentaux – mais c’est sur le terrain que j’ai fait mon master. Si bien qu’aujourd’hui, au final, je suis un skieur, mais je suis aussi un chef d’entreprise, avec des interventions dans bien des domaines, notamment le développement de produits. »
« Dans l’outdoor, l’évolution du matériel est tellement grande ces dernières années », explique l’athlète, « surtout dans la chaussure de montagne, en ski alpin et en rando. Partout, c’est la course au poids, le but étant d’obtenir un équilibre entre gain de poids et performance à ski. On peut toujours gratter quelques grammes, mais on prend le risque de voir le plastique s’user beaucoup plus vite. Moi je reste sur des chaussures de gamme (la Cochise et la Mach1 MV T-Drive de Tecnica), qu’on peut trouver en magasin. J’ai moins de contraintes qu’un skieur alpin – en freeride on ne juge pas le temps mais le style et la créativité – mais quand un modèle annonce un gain de poids de 12% – comme la Mach1 1 MV T-Drive – ça n’a l’air de rien, mais tu le ressens sur ta journée de ride. »
L’homme clef, le bootfitter
Outre l’accès à des modèles de chaussures très performantes via Tecnica, mon sponsor – j’ai la chance de pouvoir m’appuyer sur Damien Amblard, mon « bootfitter ». Depuis dix ans, il suit l’évolution de mon pied. A force de passer du temps sur les skis, tu te retrouves avec des extensions osseuses, dues aux frottements constants, plus ou moins prononcées suivant les moments ».
C’est là qu’intervient Damien, expert en bootfitting depuis plus de 15 ans, installé dans la vallée de Chamonix, qu’on pourrait définir comme un mécanicien de Formule 1 croisé avec un kiné.
« Je prépare les chaussures de tous mes clients, j’aime autant travailler avec des skieurs lambda qu’avec des personnes accidentées arrivant avec des besoins spécifiques. Mais aussi bien sûr avec des athlètes », explique-t-il. « Léo, je le connais depuis des années. Avec le temps, une relation de confiance et de respect réciproques s’est tissée. Ensemble, nous faisons les réglages qui s’imposent. Dans le sens de la performance, mais aussi du confort », raconte-t-il. « Car en freeride, le chrono ne compte pas. Son podologue intervient au niveau de la semelle. Moi sur la coque et le chausson. Chaque fois que Leo doit s’entraîner avec une nouvelle paire, il passe me voir. On note tous les détails à travailler, notamment au niveau des malléoles internes, point sensible en ce qui le concerne. L’opération est relativement rapide, je peux la faire du jour pour le lendemain. »
Une complicité et une flexibilité essentielles pour Leo Slemett qui tente aujourd’hui d’élargir encore ses aptitudes en ouvrant de nouvelles pentes et en faisant plus d’alpinisme. Avec, en perspective pour 2021, un 8000 au Népal.
« Un bon freerider est un skieur polyvalent, capable d’adapter son ski à différents environnements, parfois assez sauvages, un peu rock and roll », raconte-t-il. « Un skieur qui sait lire la montagne, s’y adapter et l’apprivoiser. Cette année, j’ai envie de me faire plaisir. Depuis 2016, quand je ne tombe pas, je reste dans le top 10. La dynamique est bonne et me pousse à chercher le meilleur de mon ski. J’ai le sentiment d’avoir encore une marge de progression. J’ai de l’énergie à revendre et j’aime bien arriver à mes fins. Mais l’idée au final est de ne pas avoir de regrets et de se donner tous les moyens. Et si tu n’arrives pas à tes fins, de te souvenir, qu’au fond, ça ne reste qu’un jeu. »
Comment bien choisir sa chaussure de ski
Miser sur le confort et le maintien du pied
Le choix de votre chaussure sera déterminant sur votre pratique, votre confort et votre performance. Plusieurs critères sont à prendre en compte.
1/ Le flex : c’est l’indice de rigidité de la chaussure. Plus cet indice est élevé, plus votre chaussure sera rigide et retransmettra votre énergie dans le ski. Mais attention, la tentation de prendre une chaussure trop rigide nuira à votre confort ou à votre niveau de pratique. Si vous êtes débutant, choisissez un flex entre 60 et 90. Si vous êtes un skieur intermédiaire, optez pour un flex entre 90 et 110 et si vous êtes un skieur confirmé vous pourrez choisir un flex de 110 ou plus. À niveau équivalent, un skieur lourd aura besoin d’un flex plus élevé. Enfin, vous pourrez jouer sur le flex avec le serrage du collier et avec les boucles de serrage.
2/ La longueur : elle se mesure en Mondo Point ou MMS – Metric Sizing System et correspond à la longueur en centimètres de votre pied le plus long. En flexion, les orteils doivent venir effleurer le bout de la chaussure.
3/ La largeur : compris entre 92 et 104mm, le LAST donne la largeur de la chaussure. Pour connaître le LAST qui vous correspond, mesurez la largeur de votre pied sur la partie la plus large – au 5e métatarse. Mieux vaut choisir une chaussure de la même largeur que votre pied pour allier confort et contrôle du ski. Pour plus de précision, les bons skieurs optent souvent pour une chaussure plus étroite, mais perdent en confort.
Essayer en magasin
L’achat d’une chaussure dépend de la forme de votre pied, il faut donc impérativement l’essayer. Cela semble évident, mais rappelons que le descriptif d’un modèle donné sur un site, aussi détaillé soit-il, sera rarement suffisant.
Échanger avec le bootfitter
Cet expert, autrefois réservé aux pros – on n’en comptait que deux ou trois au début se souvient Damien – est désormais présent dans 80 % des magasins de skis. Peu de formations spécifiques pour ces spécialistes, mais toujours des années d’expérience en magasin ou chez les marques. C’est lui qui va pouvoir analyser la forme de votre pied, plus ou moins fin ou large. Important quand on sait que pour un même niveau de ski une marque comme Tecnica offre 3 largeurs différentes, et que pour chacun de ces volumes des duretés différentes sont proposées, suivant votre niveau du ski et votre poids.
Ne pas tout miser sur l’argument « poids »
« Le poids des chaussures a beaucoup évolué », confirme Damien, « mais aujourd’hui, c’est surtout sur les largeurs que l’industrie travaille. Du très fin au très large, chacun peut trouver chaussure à son pied. Certaines marques sont parvenues à alléger leurs chaussures d’un tiers de leur poids. C’est impressionnant, mais pas forcément souhaitable. Je ne suis pas super fan du super léger. On y trouve des plastiques très fins qui souvent vieillissent rapidement. Voire des plastiques très secs, pas très agréables au toucher. A noter bien sûr que la question du poids sera plus importante pour de la rando que pour de l’alpin, où on n’a pas intérêt à avoir une chaussure trop légère ».
Quelles améliorations est-on en droit d’attendre ?
« On peut encore améliorer certaines problématiques liées au tibia, parfois compliquées à résoudre », explique Damien, « et travailler encore la solidité des câbles des batterie de chauffe des chaussures. »
Et le design dans tout ça ?
Ça compte, bien sûr, mais s’il y a une phrase qui donne des boutons aux bootfitters, c’est bien : « je voudrais un modèle assorti à ma tenue ». Vu ?
Pour en savoir plus sur Tecnica et la Mach1 1 MV T-Drive, c’est ici : www.blizzard-tecnica.com
Photos : Mathis Dumas
Photo d'en-tête : Mathis Dumas / Tecnica- Thèmes :
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