“The Daily Mile”, un programme dont le but est d’organiser 15 minutes d’activité quotidiennes à l’école pour les enfants de maternelle et de primaire, prend de l’ampleur en France et dans le monde. Né en 2012 en Écosse, le concept recouvre des enjeux de santé et d’éducation qui séduisent au-delà du simple bénéfice physiologique.
Prendre du temps de cours pour réaliser une activité physique, est-ce du temps perdu ? Si la question pouvait encore faire débat il y a quelques années, cela ne semble plus être le cas aujourd’hui. Dans son rapport, “Faire de la France une vraie nation sportive”, publié le 29 mars dernier, la sénatrice Françoise Gatel dresse un tableau peu reluisant de la situation du sport à l’école de la République : il faut selon elle “revoir en profondeur la conception de l’enseignement des APS (activités physiques et sportives) dans le système éducatif dès le 1er degré pour que la pratique des APS devienne un élément attractif de la culture des élèves dès le plus jeune âge.” Pour ce faire, “la mise en place d’une courte séquence d’exercices physiques quotidiens en début de journée pour placer les enfants dans de bonnes conditions d’apprentissage.”
C’est précisément sur la base de ce constat qu’Elaine Wyllie, maîtresse écossaise, a eu l’idée du “Daily Mile”. Trouvant ses élèves trop dissipés, elle a décidé de les faire sortir dans la cour afin qu’ils se défoulent. En répétant l’opération pendant plusieurs jours, elle s’est aperçue qu’ils rentraient en classe non seulement plus calmes, mais aussi plus attentifs et efficaces.
Le concept est simple : prendre un créneau de la journée pour permettre aux enfants de bouger, de se dépenser en marchant ou en courant un mile, soit 1,6km. La distance est bien sûr symbolique, personne ne vient vérifier que chacun d’entre eux l’a bien réalisée. Elle correspond environ à un quart d’heure d’exercice, et c’est bien là le point central.
Lutter contre l’obésité et la sédentarité
L’OMS (Organisme mondial de la santé) ne cesse d’alerter contre les dangers de la sédentarité, qui fait chaque année 3,2 millions de morts dans le monde. Bouger au travail, bouger à l’école : l’activité physique sauve des vies. La Stratégie Nationale Sport Santé 2019-2024 indique d’ailleurs que “l’inactivité physique est responsable d’environ 10 % des décès en Europe” et que “le coût de la sédentarité est chiffré à 61 milliards d’euros par an”.
Faire une activité physique régulière à l’école, c’est aussi lutter contre l’obésité et le surpoids chez l’enfant, qui peut avoir des conséquences graves. L’OMS explique en effet que “les enfants en surpoids et obèses risquent davantage de rester obèses une fois arrivés à l’âge adulte et de contracter des maladies non transmissibles telles que diabète et maladies cardiovasculaires à un âge plus précoce.”
Une idée qui s’exporte
D’abord reprise par le gouvernement écossais, l’idée a fait des émules un peu partout en Europe et dans le monde. La fondation “The Daily Mile” a ainsi été créée afin de structurer le programme et de permettre son exportation à l’international. À ce jour, des écoles dans 71 pays y ont adhéré et Elaine Wyllie, désormais à la retraite, est toujours impliquée dans sa promotion auprès des gouvernements et des directrices et directeurs d’établissements.
En France, la greffe n’a pas pris tout de suite, mais il y avait 185 écoles partenaires dans l’Hexagone, et une à la Réunion à la rentrée 2019/2020. Si l’ambassadeur à l’international du programme n’est autre que le recordman du monde du marathon, Eliud Kipchoge, c’est la boxeuse Sarah Ourahmoune, vice championne olympique aux JO de Rio en 2016, qui incarne le défi en France.
Au-delà des bénéfices directs sur la santé et la concentration des élèves au travail, ce rendez-vous quotidien permet de donner le goût du sport et de l’effort, dès le plus jeune âge. Une étude, réalisée en 2017 à l’université KU Leuven, par le Groupe d’étude Activités physiques adaptées et Réhabilitation psychomotrice, a établi qu’après 6 mois de pratique du « Daily Mile », les enfants ayant une faible estime d’eux-mêmes trouvent qu’ils travaillent mieux à l’école, qu’ils ont plus d’amis, qu’ils sont meilleurs en sport et sont davantage satisfaits de leur apparence.
De quoi rappeler qu’en surcroît de ses bienfaits physiques, le sport est aussi créateur de lien social. Voici quinze minutes quotidiennes qui ne sont décidément pas du temps perdu…
Photo d'en-tête : © The Daily Mile Foundation