23 ans, dans le top 10 au Slopestyle World Cup cette année, le rider originaire de l’Ariège est l’un de nos meilleurs espoirs pour les JO de Milan en 2026. Et c’est sous les couleurs du numéro un de la distribution d’articles de sport qu’il a choisi de courir. Dans la foulée, il s’est aussi laissé convaincre de plancher sur un pro modèle qui devrait séduire les riders les plus exigeants.
Yannick Bestaven, Gaël Monfils, Ben Buratti ou encore, tout dernièrement, Maxime Marotte… dans toutes les disciplines les sportifs de haut niveau ne semblent plus avoir peur de s’afficher sous les couleurs de Decathlon, numéro un de la grande distribution sport. Ce qui n’était pas gagné, loin s’en faut. Mais, les unes après les autres, les barrières tombent. Après la voile et le tennis, milieux pourtant pas réputés faciles, aux snowsports de s’assoir sur ses préjugés. Au point que la marque s’affiche aujourd’hui à visage découvert, le logo Decathlon figurant sous la semelle d’un de ces derniers snowboards, bien en vue, à la hauteur de la spatule. Et c’est sans états d’âme qu’elle ne cache plus ses ambitions sur le haut de gamme. En 2018 la marque développait ainsi une gamme freeride, en collaboration avec un passionné et grand collectionneur de skis, Adrien Accorsini. Et, tout dernièrement, c’est la gamme Wilder – attendue pour l’automne 2024 – qu’elle mettait au point avec Simon Wilmart et Guillaume Maret lors de leur traversée des Alpes en ski de rando. Leurs retours seront précieux, tout comme ceux des guides, pisteurs et moniteurs ambassadeurs de Decathlon – sans parler des riders locaux tournant sur les circuits du FWT qualifier – qui tout au long de la saison testent et challengent les développements en cours.
Dans son viseur aussi, les JO. Avec un atout de taille, Enzo Valax, l’une de ses dernières recrues. Sous contrat avec Decathon, il rejoint ainsi Liam Tourki (pour les protections et la wear), Noémie Equy et Sacha Balicco, team manager.
Un drôle de gars, nature et complexe
Enzo, c’est un peu un OVNI sur la planète snowboard. Sous ses airs de doux savant, un peu poète, beaucoup écolo, il jongle allègrement entre la recherche fondamentale en physique à la fac de Grenoble, et les compétitions de slopestyle et de big air. Son palmarès ? Aussi prometteur que son parcours universitaire qui le conduit tout droit vers un master en cosmologie et en astrophysique, « la recherche fondamentale », dit-il pour résumer.
Un drôle de gars, nature et complexe à la fois, pas du genre à se laisser classer facilement. D’ailleurs, la dernière fois qu’on s’était intéressé à lui, c’était pour son film « Vat bolle« . Une aventure à vélo, packraft et snowboard, tournée durant l’été dernier, où avec son pote Benoit Canal, on le voyait traverser en 26 jours le Nord de la Norvège, au-delà du cercle polaire, en quête des plus belles lignes. Un documentaire drôle et impactant qui posait des réflexions justes sur un sujet qui nous touche tous au quotidien : quel impact pour nos activités outdoor ? Pour ce projet un peu fou, Decathlon avait déjà équipé les deux compères, des vélos aux tentes en passant par les sacoches. Mais aussi des snowboards, premières ébauches d’un projet plus ambitieux encore : mettre au point une planche adaptée au style d’Enzo et à sa pratique du slopestyle, histoire de compléter une gamme pourtant déjà bien étoffée.
L’idée de base : l’accompagner dans son chemin médaillé. Et, deuxième face : proposer aux freestylers experts une board ultra technique et particulièrement résistante, l’Endzone 900 Pro. Fruit de la collaboration entre le rider pro et l’équipe technique de Decathlon, elle sort tout droit de son centre de recherches, le Mountain Store installé au pied du Mont Blanc à Sallanches, à 15 minutes de la première station. C’est là qu’elle a été prototypée et testée. Plus de 50 modèles ont été soumis à Enzo avant d’aboutir à la board aujourd’hui disponible en magasin sous plusieurs dimensions. « Pour convenir à toutes les tailles », explique Enzo, « parce que moi, je suis plutôt petit ». Mais toutes répondent à ses exigences. Sa fiche technique : une torsion rigide pour plus de répondant. Une très bonne accroche à pleine vitesse avec un cambre classique et un flex torsionnel rigide. Une excellente sensation de glisse grâce à la base frittée HDPE. Un flex rigide 8/10 et un noyau bamboo pour un meilleur pop. Un petit bijou très technique et très polyvalent : 80 % park, 10 % piste et 10 % hors-piste.
« Pour le feed-back sur la board ? Concentre-toi sur ton ressenti, pas sur tes calculs »
« J’étais très exigeant, je voulais vraiment qu’elle me plaise », explique Enzo, dont c’était la première collaboration sur une board faite spécialement pour lui mais dont l’impact est bien plus large au final. « Cela nous a permis de mettre au point des planches encore plus solides en analysant comment Enzo pouvait casser sur de grosses réceptions, des trucs que Monsieur tout le monde ne ferait pas ! », souligne, Yohann Kelkel, chef de produit qui, avec l’ingénieur Pierre-Yves Decreuse, a accompagné tout le lent processus d’élaboration du produit. « J’avoue que j’ai été surpris par tout le travail technique nécessaire en amont », raconte Enzo. « En fait, je n’avais pas le recul pour déterminer ce qui était fondamental et ce qui était surperflu. J’avais l’habitude des planches rigides, mais au final, je me suis rendu compte que plus de souplesse me convenait mieux. Heureusement, Franck Moissonnier, snowboarder qui a beaucoup d’expérience, consultant pour Decathlon, m’a aidé à mieux cerner mes attentes. Contrairement à ce qu’on imagine, ce n’est pas si simple ».
Ce qui confirme Yohann Kelkel « Comme beaucoup d’athlètes, Enzo est attaché à ses habitudes et est forcément un peu superstitieux. Il sait ce qui a marché pour lui. Il peut avoir du mal à en changer, par peur de l’échec. Franck Moissonnier, que je connais bien, figure très aimée et respectée dans le milieu, avait, lui, le recul nécessaire pour faire évoluer son approche et lui permettre d’atteindre un level plus haut. Au fil de la conception, une saison et demie, on a vu progresser Enzo dans sa capacité à exprimer ses besoins. En se fiant plus à son ressenti qu’à ses calculs », dit-il en riant. « Car, quand on a commencé à travailler avec lui, un scientifique, plutôt bien cérébré, on s’est dit que les retours allaient couler de source. Mais, en fait, ça a été un peu le contraire. Enzo est du genre à se poser beaucoup de questions. On a eu le malheur de lui fournir des données techniques, des mesures très précises des innombrables tests réalisés. Et, contrairement à la plupart des athlètes pros avec lesquels nous sommes habitués à collaborer sur des prototypes, Enzo s’est plongé dans le moindre détail, posant mille questions. Au final, ça ne l’aidait pas à cerner ses besoins. Et nous non plus à répondre à ses besoins. Alors, on lui a dit de laisser tomber toutes les valeurs physiques, de laisser tous les calculs aux ingénieurs, dont c’est le métier après tout, et de se concentrer sur son ressenti. Ça a relaxé tout le monde ! Et tout à coup on a avancé nettement plus vite. J’avoue quand même que pour lui, comme pour nous, ça n’a pas été simple car sur un an, il a dû comparer des prototypes dans des conditions très différentes ». D’autant que chaque détail compte, se souvient Enzo : « À un moment, j’ai détecté une fragilité à un endroit particulier, la planche était trop rigide. On a dû faire plein de tests pour résoudre ça, avec, chaque fois quatre ou cinq prototypes. Ça prend un temps fou. Au final, on est parvenu à mettre au point la planche la plus performante possible dans laquelle j’ai confiance. Assez fine, comme j’aime, ce qui a un peu choqué au départ le chef de produit. Mais c’est quelque chose que je voulais garder, alors ils ont trouvé un compromis en la faisant juste un peu plus large ».
Carte blanche à Thalie Larochaix, illustratrice et snowboardeuse
« Tout est une affaire de détails », explique Yohann Kelkel. « Par exemple, on avait un souci : Enzo cassait pas mal de planches. On a tout analysé, et en fait, c’était une question de compatibilité des prototypes avec ses fix. Enzo avait gardé ses anciennes, celles dont il avait l’habitude et dont, pour la dernière saison, il ne voulait pas encore changer ; question de barrière mentale, ça se comprend. Mais on a fait des essais avec d’autres fix, et résolu le problème. On va donc profiter de l’intersaison, où les enjeux sont minimes, pour procéder à d’autres tests sur les fix, mais aussi, à terme, les boots. Et travailler sur les semelles, pour les rendre encore plus durables.
Il faut comprendre que pour un athlète, il faut du temps pour faire évoluer ses habitudes et établir une relation de confiance avec l’équipe technique. Moi j’ai besoin de nouer des liens forts avec les gars, qu’ils soient sereins avec leur matos. Car notre objectif commun, c’est qu’ils fassent des résultats, des podiums et les JO. Ce qui veut dire aussi savoir les écouter. Ainsi Enzo ne se sentait pas cette année d’aller à Pékin pour la coupe du monde. Une compétition et un long courrier (impactant au niveau carbone, ndlr) qui ne lui auraient pas apporter grand-chose cette année. Cette saison, pour lui, c’est une saison de calage, on espère qu’il va faire au moins un podium, il en a le potentiel. Enzo, il m’impressionne par sa capacité à progresser. Il est impliqué et persévérant, c’est un compétiteur, qui gagnerait juste à lâcher un peu plus prise pour exploser complètement. En Slopestyle, notamment, il a les tricks pour ça, voire en big air. Et c’est une machine en rail ! ».
Dans la perspective des JO de 2026, Enzo, sous contrat d’athlète rémunéré pour quatre ans, pourra donc compter sur la marque qui lui couvre sa saison et bien sûr l’assure au niveau du matériel. Du sur-mesure, composé à minima de quatre boards. « Pour neige chaude, froide, toutes neiges, ou une board pas préparée, s’il la demande », poursuit-il. Un confort que le jeune athlète apprécie à sa juste valeur. Mais le truc dont il ne revient pas encore et donc il parle avec un enthousiasme non feint, c’est le fait qu’une énorme marque comme Decathlon lui ait demandé son avis sur le design de la nouvelle Endzone 900 Pro : « Je ne savais pas quoi répondre ! », raconte Enzo. Sur sa proposition, la marque donnera carte blanche à l’illustratrice et snowboardeuse Thalie Larochaix, une de ses amis. « Ça s’est bien goupillé », explique le chef de produit. « Question de chances et d’opportunité, tout s’est bien aligné ! ».
Résultat : une sublime board blanche et bleue, sobre et riche à la fois, assez japonisante, illustrée d’une linogravure, explique Enzo avec enthousiasme. « C’était la période où Thalie apprenait cette technique, elle a pu s’exprimer aussi. On a construit ça ensemble. Ce dessin représente aussi bien Thalie que moi. Sur la semelle, glissées dans les paysages, entre montagnes et rivières, on découvre effectivement quelques équations majeures. « L’équation de Maxwell », explique Enzo, « la base de l’électromagnétisme ». Là aussi d’autres formules de mécanique des fluides, près d’une rivière « elle décrit le mouvement de l’eau. Ca me faisait plaisir de mettre tout ça. J’ai adoré ça ! ». Et dans le ciel, près d’un satellite, une formule sur la propagation de la lumière. « Des équations ultra élégantes qui ont 150 ans. Enfin bien sûr, une équation de relativité générale, je ne la maitrise pas du tout, mais c’est une révolution intellectuelle. C’est mon rêve d’apprendre cette discipline ! », conclut Enzo. À l’entendre en parler avec une telle passion, on comprend pourquoi pour Decathlon concevoir une board avec un athlète de cette trempe, c’est beaucoup plus que de la production industrielle.
Pour en savoir plus sur le pro modèle d’Enzo Valax, visitez www.decathlon.fr.
Photo d'en-tête : Decathlon