Après Kilian Jornet et François D’Haene, Intérieur Sport (Canal +) continue sa plongée dans l’univers du trail avec un portrait de Mathieu Blanchard. Pendant des mois, de la Western States fin juin au dernier UTMB début septembre, le réalisateur Anthony Wolfstyn a suivi l’athlète dans son quotidien comme sur les sentiers. Il en a tiré un documentaire de 40 minutes. Diffusé samedi 14 octobre à 19 h 35 sur Canal+, ce film est aujourd’hui accessible en clair sur la chaine. L’occasion de découvrir la face fragile d’un homme plus vulnérable qu’il n’y parait.
« Super excité de vous annoncer la diffusion du reportage « Interieur Sport » ce soir (19h30 heure France) sur la chaîne Canal +, » annonçait hier Mathieu Blanchard sur ses réseaux. « Un énorme projet qui vous emmènera dans les coulisses d’une année de transition majeure, où j’ai pris la décision de devenir coureur professionnel, avec son lot d’émotions intenses. Vous allez vivre avec moi toutes les montagnes russes émotionnelles, la pression, les doutes qui ont jalonné cette incroyable aventure. Des moments où les larmes ont souvent coulé, témoins de ma passion débordante. Vous découvrirez des images inédites de la légendaire course Western States en Californie, de l’UTMB, et bien plus encore. »
On retrouve là le ton que les lecteurs de sa biographie, « Vivre d’aventures », avait découvert à sa sortie en mars dernier. Un peu mélo parfois, un rien agaçant, mais surprenant et souvent touchant quand même. Car derrière le beau gosse à qui tout réussit et qui en fait des tonnes devant la presse comme sur les réseaux, son autre terrain de jeu favori après les montagnes, se dissimule, mal, un homme pétri de doutes, encore hanté par le complexe de l’imposteur, malgré ses résultats, comme il l’exprimait déjà dans son livre. Dans ce documentaire, où l’athlète prend le risque de se dévoiler plus encore, on le voit en effet se préparer pour gagner la Western States. Et échouer ( à ses yeux), avec une 7e place… derrière Courtney Dauwalter. Effondrement. Puis douter, encore et partir, malgré tout, à l’assaut d’un autre monstre, un UTMB, où il n’avait plus qu’à prouver qu’il pouvait monter tout en haut du podium cette fois, et pas seulement sur la deuxième marche, aussi glorieuse soit-elle. On connait l’histoire : Mathieu finira 4e. Une « belle place » dont il est « fier », dit-il en conclusion du film, sur un ton qui ne convainc pas.
La pensée positive a des limites, et si on peut saluer le courage de l’athlète qui, une fois de plus se met à nu, moins pour le show que pour vaincre ses démons, on ne peut qu’espérer que ce reportage aura contribué à sa reconstruction sur des bases solides, ce dont il semble parfaitement capable. Car cet ingénieur, devenu pro cette année – confronté maintenant à des moments où sa passion pour la course s’émousse – a montré qu’il savait bien négocier les virages. Aussi serrés soit-il. Quitter la France pour le Québec, s’y faire une vie, une carrière. Et se lancer dans le trail et s’y imposer au plus haut niveau en cinq ans. Rentrer en France, lâcher son emploi, devenir pro et s’installer dans les Alpes est son dernier pari, mais sans doute pas son dernier, d’autant que cette fois, il n’est pas seul et peut compter sur le soutien indéfectible de sa partenaire et compagne, Alix Noblat : un sacré atout, si l’on en juge par les moments d’émotions captés par Canal +.
Le traileur est plus complexe qu’il n’y parait, aussi pourrait-il bien surprendre à nouveau. Et pas seulement sur les sentiers. Trop fier pour rester sur un échec, Mathieu Blanchard ne rangera pas ses baskets de sitôt, et l’on s’en réjouit, mais il compte d’autres cordes à son arc, nous confiait-il récemment dans une interview. L’exploration et l’océan sont aussi dans son viseur. Question de temps sans doute pour qu’on l’y voit aussi s’y épanouir ?
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