Vincent Bouillard

Développement du trail, environnement, enjeux sociaux… Vincent Bouillard débarque sur Instagram, mais pas pour parler de lui  

  • 26 novembre 2024
  • 3 minutes

À l’heure du diktat des algorithmes et des réseaux sociaux, le dernier vainqueur de l’UTMB faisait jusque-là figure de résistance. Mais voilà qu’hier, tout juste trois mois après sa victoire qui l’a révélé au grand public, Vincent Bouillard a publié son premier post Instagram. Mais si l’ultra-traileur de nature très discrète sort de sa zone de confort, ce n’est pas forcément pour ne parler que de lui. Plutôt que de raconter son histoire qu’il juge « assez banale », Vincent Bouillard a d’ores et déjà prévu d’aborder « des sujets dépassant [son] histoire personnelle » : développement du trail face aux défis climatiques et de justice sociale, et rôle des athlètes dans ce contexte de massification de la discipline. Et de façon subtile, il nous laisse entendre une possible participation à la Western States cette année.

L’ultra-traileur, qui n’est pas du genre à se mettre en avant, avait gardé jusque-là son compte Instagram en mode « privé ». Seul un sobre « Work hard, be nice » était visible. Plutôt atypique pour une athlète, même non professionnel.

Près de trois mois après sa victoire sur 21e édition du l’UTMB fin août, course l’ayant propulsé sur le devant de la scène, il a publié pour la première fois sur son compte Instagram (qu’il a fini par passer en mode « public ») hier soir, lundi 25 novembre. Et au-delà d’une exponentielle croissance en termes de nombre de followers, aujourd’hui avoisinant les 30 000, sa prise de parole a eu un effet retentissant dans le monde du trail. 

« Et si cette page ne parlait pas que de moi ? »

« Pendant longtemps, même en passant beaucoup de temps sur les réseaux, je ne voyais pas ce que je pouvais venir ajouter aux nombreuses histoires déjà racontées et aux paysages époustouflants déjà vus. Et pourtant, je suis là » explique-t-il. « Gagner l’UTMB a apporté un coup de projecteur auquel je ne m’attendais pas, et soudain, les gens ont voulu entendre ce que j’avais à dire. C’est un peu intimidant pour ma nature assez réservée, mais cela m’a aussi fait réfléchir à une alternative : et si cette page ne parlait pas que de moi ? »

Plutôt que de raconter son histoire qu’il juge « assez banale », Vincent Bouillard a d’ores et déjà prévu de « sortir de [sa] zone de confort et de [s’]exprimer publiquement », en discutant des « sujets qui dépassent [son] histoire personnelle ». « J’adore ce sport, et je me sens très concerné par la façon dont il peut et doit se développer, en lien avec de nombreux autres sujets auxquels il est étroitement lié » souligne-t-il.

L’ultra-traileur a identifié trois questions clés : « Comment le trail peut-il se développer de manière responsable face aux défis climatiques et de justice sociale ? À mesure qu’il évolue, comment célébrons-nous l’esprit de ce sport en garantissant qu’il inspire tous ceux qu’il accueille ? Quel rôle les athlètes peuvent-ils jouer pour définir le trail dans ce contexte ? ». « Je n’ai pas toutes les réponses (spoiler : personne ne les a) » précise-t-il. « Mais je suis prêt à apprendre, à accepter de me tromper dans cet apprentissage, et surtout à mettre en avant les personnes qui ont un réel impact ». Un discours rafraîchissant salué par de nombreux athlètes, dont Kilian Jornet. 

La Western States 2025 en vue ?

« Rassurez-vous, ces sujets se développeront bien-sûr autour d’un calendrier de courses bien fun et ambitieux » a-t-il précisé. « Si vous m’avez lu jusqu’ici, peut-être me suivrez-vous jusqu’à Chianti ? ». Et cette ultime question n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Encore moins de celles et ceux qui trépignaient d’impatience à l’idée de découvrir le programme de l’ultra-traileur savoyard (qui a déjà décroché début octobre sa qualification pour l’UTMB 2025).

« Chanti », c’est le « Chanti Ultra Trail by UTMB », une épreuve de 120 kilomètres et 5 200 mètres de dénivelé positif dont le départ sera lancé le 22 mars prochain en Italie. Et Vincent Bouillard partagera les sentiers italiens avec un certain Kilian Jornet. À savoir que les deux premiers hommes et les deux premières femmes y obtiendront leur golden ticket pour la Western States (161 km et 6 000 D+) prévue fin juin 2025 aux Etats-Unis. Cette course donc s’annonce palpitante. Et les pronostics vont déjà bon train. 

Car si l’on imagine que le Catalan et le Haut-Savoyard se partagent les deux premières places du podium en Italie (ce qui est très fort probable), on pourrait donc les retrouver au départ de la Western States… aux côtés d’un certain Jim Walmsley (vainqueur l’an dernier, et donc automatiquement qualifié). 

Photo d'en-tête : Thibault Ginies
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