Qui connait Steve Lis, kneeboardeur de San Diego ? C’est pourtant à ce surfeur discret que l’on doit dans les années 60 l’invention du Fish, planche courte très rapide qui révolutionna la pratique du surf. Pas facile de raconter l’histoire de ce board emblématique. Écartant rumeurs et fausses pistes, le réalisateur Joseph Ryan, également surfeur, s’y est attelé avec passion. A l’issue d’une longue enquête, étayée par de nombreuses rencontres – notamment Steve Lis lui-même, mais aussi Skip Frye, Mark Richards, Rob Machado, Dave Ratsovich, Derek Hynd ou encore Dan Malloy – il a réussi à produire un film aussi fin et beau que le design iconique d’un Fish. Un film à ne pas manquer.
Des surfeurs comme le charismatique Dave Rastovich ou Rasta, et surtout Rob Machado, le « soul surfer », l’ont rendu mondialement célèbre, au point que le Fish, planche courte idéale sur petites vagues, a inondé le marché. Très populaire chez les surfeurs – les plus aguerris, amateurs de vitesse et de liberté comme chez les amateurs moins doués, séduits par son design mais souvent pas encore au niveau pour la maîtriser – elle est née dans les années 60 dans un coin perdu de la côte ouest américaine, des mains d’un kneeboardeur dont le grand public n’a pas retenu le nom.
Un certain Steve Lis, qui ne s’attendait certainement pas à ce que sa planche bricolée dans son garage, mix d’un board classique coupé et de palmes, révolutionne l’histoire du surf. Son invention, rapidement baptisée « fish » ou poisson, vu sa forme, a réussi une quadruple performance : réintroduire la notion de pur plaisir de la glisse, casser les codes de la compétition, ouvrir la porte au freeride et créer une « communauté du Fish restée très proche de l’esprit libre du surf.
Une révolution longtemps méprisée
C’est toute cette histoire qu’a entrepris de raconter le réalisateur Joseph Ryan après avoir goûté au Fish, dont la rapidité le sidéra. Oubliant tout ce qu’il croyait savoir sur ses origines, l’Australien n’a pas hésité a croisé non pas deux ou trois sources pour retracer son parcours, mais des dizaines, accumulant ainsi des tonnes de rush, qui, explique-t-il, pourrait donner matière à plus de quatre ou cinq heures de film.
Il s’est donc concentré dans ce documentaire de 82 minutes sur ce qui lui a semblé le plus intéressant. A savoir comment un objet peut influencer une culture à deux reprises, à 30 ans d’intervalle. Une enquête plus difficile qu’il ne l’imaginait. Car si le Fish bénéficie d’un capital de sympathie énorme auprès des surfeurs – l’évocation de cette petite planche arrondie a le don d’illuminer les visages – les images d’archives sont rares. Tout au moins celles des inventeurs du Fish, Steve Lis, 70 ans aujourd’hui et sa bande de potes d’Ocean Beach, non loin de San Diego, à la frontière mexicaine.
Pendant près de quatre ans, le Fish ne sortira pas de leur petite communauté. La planche, ridée d’abord à genoux, puis debout, a longtemps été regardée de haut par les amateurs de board classique, jusqu’à ce que deux champions s’en emparent, gagnent des compétitions avec, la rendent célèbre … et que les magazines de surf leur en attribue la paternité. Dès lors, c’est peu dire que les locaux d’Ocean Beach se sont montrés allergiques aux caméras. S’ils ne recherchaient pas la gloire – ce n’était pas l’esprit d’un Steve Lis, toujours aussi détaché à ce jour de ce genre d’attention – ils ne voulaient pas de pub pour leurs breaks locaux. Rares sont donc les images et les photos de cette époque disponibles. Elles n’en ajoutent que plus de valeur à cette saga du Fish réalisée par Joseph Ryan.
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