L’Agence européenne pour l’environnement (AEE) a publié ce lundi 10 février un rapport sur les conséquences potentielles, et probables, du changement climatique en Europe d’ici la fin du siècle. Incendies, inondations, montées des eaux, sécheresses, une série de cartes permet d’évaluer au mieux les zones les plus à risque, et éclaire sur les impacts dramatiques inéluctables si rien n’est entrepris pour y remédier. La France pourrait être particulièrement touchée.
Une image est souvent plus parlante qu’un long discours. Et il est vrai que les cartes révélées dans le dernier rapport de l’AEE sont éloquentes : l’Europe, et notamment le territoire français, sera confrontée à une accumulation inquiétante de catastrophes potentielles directement liées au changement climatique d’ici la fin du XXIè siècle.
Le SOER (State of the Environment) 2020, état des lieux réalisé tous les cinq ans depuis 1995, grâce au réseau européen d’information et d’observation pour l’environnement (Eionet), offre des perspectives à horizon 2030, soit dès demain, mais aussi à plus long terme. Et les conclusions ne sont pas réjouissantes : même dans le scénario le plus positif – celui dans lequel les accords de Paris seraient respectés et où le réchauffement serait contenu sous les deux degrés par rapport aux niveaux préindustriels – les catastrophes naturelles vont rythmer notre quotidien.
Montées des eaux : le littoral français en danger
Première conséquence directe du réchauffement climatique, la montée des eaux va – l’utilisation du futur et non du conditionnel n’est pas anodine – changer la vie sur les littoraux. Jean-Baptiste Bosson nous confiait que la cause principale de cette montée des eaux était la fonte des glaciers, partout dans le monde. En résultent des risques d’inondation importants, et de nouvelles zones complètement inhabitables à court terme. Pire, dans le cas où la température grimperait de 4 degrés d’ici 2100 (scénario le plus pessimiste), il en coûterait en moyenne 31 milliards d’euros par an, contre 1 milliard en 2030, aux dix-sept principales villes côtières du continent, dont Marseille fait partie, pour s’adapter à la montée des eaux.
À gauche l’augmentation du niveau des eaux à la fin du siècle si la température est limitée en dessous de 2°C. À droite si elle dépasse 4°C (European Environment Agency)
En France, plus encore que la côte méditerranéenne, c’est le littoral atlantique qui pourrait être le plus touché par les inondations côtières. Pays basque, mais aussi Bretagne, devront faire face à une fréquence multipliée jusqu’à 500 fois.
Même si l’on ne dépasse pas les 2°C, la fréquence des inondations côtières va exploser, et la Bretagne sera la zone la plus touchée en France (European Environment Agency)
Le siècle des incendies de masse
2019 n’a pas épargné la planète en matière d’incendies de grande ampleur, l’Australie combattant toujours les flammes en ce moment même. Bien que la France soit plutôt performante en termes de prévention et de lutte contre les flammes, le cas corse étant particulièrement intéressant de ce point de vue, il sera malgré tout compliqué de faire face à ce qui nous attend. Selon les projections de l’AEE sur la moitié Sud de la France et la côte atlantique, le risque de feux de forêt augmenterait de 20 à 30 % dans le meilleur scénario (hausse des températures limitée à 2°C) et de plus de 40% dans le pire des cas.
En matière de risque incendie, la différence est notable entre une augmentation sous les 2°C et au dessus de 4°C ( European Environment Agency)
Sécheresse : tous touchés
Facteurs favorisant les incendies, les sécheresses devraient être de plus en plus fréquentes et intenses dans les années à venir. Si le sud de la France, notamment la partie ouest, sera la zone la plus touchée, c’est tout le territoire qui devrait faire face au manque d’eau, même des régions jusqu’ici plutôt épargnées. Cette sécheresse aura des conséquences particulièrement graves sur l’agriculture. Imaginez un peu, 20 % de la péninsule Ibérique serait transformée en désert d’ici à la fin du siècle si la hausse des températures dépasse 4°C, d’après les prévisions de l’AEE.
Quel que soit le scénario, les épisodes de sécheresse seront de plus en plus fréquents (European Environment Agency)
Des cartes interactives recouvrant les risques majeurs sont disponibles ici. Vous pouvez rechercher votre ville et voir directement les prévisions de l’Agence européenne pour l’environnement.
Photo d'en-tête : Matt Hardy / Unsplash- Thèmes :
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