Falaises vertigineuses, glaciers immenses ou forêts centenaires, de la Normandie à la Méditerranée en passant par les Alpes, le réchauffement climatique fait des ravages. A commencer par certains des plus beaux sites français. Des lieux emblématiques tout près de chez nous, accessibles en train ou bus, à parcourir tranquillement hors saison, car leur deuxième ennemi, c’est la foule. Alors, profitez des moments creux de la semaine ou de l’année, ne laissez pas de traces et n’en remportez que de fabuleuses photos. Galets, coquillages et autres édeilweiss ne sont jamais plus beaux que dans leur habitat naturel.
Les falaises d’Etretat
120 kilomètres de hautes falaises de craie entre Le Havre et Le Tréport, un paradis pour les randonneurs. Notamment ceux qui partent sur le GR21, sacré sentier préféré des Français en 2020, ou qui s’y arrêtent le temps d’une halte sur la Vélomaritime. Sans parler des adeptes du paddle, une autre façon de découvrir les trésors cachés de cette extraordinaire côte rocheuse âgée d’environ 100 millions d’années, mais particulièrement menacée aujourd’hui.
A Etretat, on surveille en effet attentivement l’état des falaises, victimes d’éboulements de plus en plus fréquents à l’ouest de la ville. Après celui du 5 décembre 2021, énorme – quatre-vingt-dix mètres de long sur cinquante mètres de large et pratiquement quatre mètres de haut – un nouvel éboulement se produisait le 1er janvier 2022 sur la plage du Tilleul, et recouvrait presque entièrement la plage, confirmant la progression du recul du trait de côte ces derniers années. Un phénomène qui ne devrait que s’amplifier avec le réchauffement climatique et l’élévation du niveau des mers induite. L’attaque des vagues au pied des falaises devenant beaucoup plus intense.
Quand y aller ?
La météo y est vraiment agréable de juin à octobre, mais on évitera les mois d’été, et surtout les longs week-ends, préférant, si possible janvier, février, mars et novembre.
Comment s’y rendre ?
En train : en partant de Paris, il est possible d’accéder à Etretat en voyageant sur la ligne Paris – Le Havre puis en prenant la correspondance Etretat – Lazare à la gare de Bréauté.
En bus : en été, ainsi que pendant les week-ends toute l’année, il est possible de rejoindre Etretat grâce à des navettes partant de la garde de Bréauté.
La mer de glace
Site emblématique de l’alpinisme, la célèbre mer de Glace, le plus grand glacier des Alpes françaises (7 km de long ) est un témoin vivant des changements climatiques. En cent cinquante ans, il a reculé de 2,7 kilomètres. A mesure que la glace et la neige fondent, la montagne perd son manteau blanc pour devenir grise. En 1870, cette immense vallée glaciaire d’une superficie de 40 km2 était directement observable depuis Chamonix. Aujourd’hui, il faut prendre le train du Montenvers et monter à plus de 1.900 m d’altitude pour la voir de près. Car depuis le milieu du XIXe siècle, les Alpes ont gagné plus de 2 °C et ses glaciers fondent plus rapidement que partout ailleurs dans le monde.
Quand y aller ?
Privilégier une visite le matin, car certaines parties du site ferment tôt dans l’après-midi et se renseigner de la météo au préalable car le site peut être fermé pour cause de mauvais temps.
Comment s’y rendre ?
Par train : de Paris, on peut arriver par le train TGV à Chamonix – Paris – Annecy
Paris – Lyon
Paris – Bellegarde
Paris – Chambéry – Aix Les Bains
Paris – Saint Gervais Les Bains – Le Fayet
Une fois arrivé de Paris à l’une de ces stations, la liaison vers Gervais Les Bains – Le Fayet, gare qui se trouve à seulement 20 km de Chamonix, est faite par train (TER – Train Express Régional).
Par bus : liaisons possibles au départ des gares de train citées ci-dessus.
Accés au site du Montenvers-Mer de Glace (1913 mètres) : il faut soit y monter en randonnée, soit prendre le célèbre petit train rouge à crémaillère, Le Train du Montenvers, au départ de Chamonix Mont-Blanc (Gare du Montenvers).
La forêt de Fontainebleau
Deuxième forêt domaniale de France – la plus vaste d’Ile-de-France – la forêt de Fontainebleau est située à 60 kilomètres seulement au sud de Paris. C’est un espace unique, classé dans le réseau des réserves de biosphère de l’Unesco et parmi les sites Natura 2000. Entre landes et chaos rocheux, ses 25 000 hectares offrent une faune et une flore exceptionnelles. Près de 6 600 espèces animales y côtoient 5 685 espèces végétales recensées : chênes, pins sylvestres, bouleaux et hêtres. Le massif regroupe trois forêts domaniales : les Trois Pignons, Fontainebleau et La Commanderie, aussi prisé des randonneurs – – 1 600 km de routes forestières et 300 km de sentiers balisés – que des grimpeurs.
Malheureusement le site souffre du dérèglement climatique. En Février 2020, l’ONF annonçait que près de cent hectares de pins morts -une espèce pourtant réputée pour sa résistance – allaient être abattus à cause des fortes chaleurs. Une première pour les techniciens de l’organisme, conséquence directe des fortes sécheresses de 2018 et 2019 ainsi que de la hausse des températures de l’été 2020, alors même que le pin est réputé très robuste.
Les zones déboisées ne seront pas replantées, a expliqué l’ONF, et permettront ainsi de proposer des milieux ouverts et de préserver certaines espèces, comme l’alouette lulu. En revanche, le réchauffement climatique pousse l’ONF à plancher sur de nouvelles essences, plus résistantes, à planter dans les prochaines années dans les forêts françaises. Un phénomène qui n’est pas isolé. Selon l’organisme, en France, à l’échéance de moins d’une génération, un tiers de la forêt sera impacté par la hausse des températures, soit 10 % du territoire national.
Quand y aller ?
Toutes les saisons sont belles à Fontainebleau, mais nous avons un faible pour l’automne, où les couleurs sont saisissantes. La forêt est très fréquentée en week-end bien sûr, mais le site est si vaste qu’on peut toujours y trouver des sentiers tranquilles, pour peu qu’on ne réchigne pas à marcher un peu.
Comment y aller ?
Situé à 60 km de la capitale, il ne faut que 40 minutes pour y accéder. En RER ou bus, Gare de Fontainebleau – Avon Ligne R. A noter que chaque week-end, depuis la Gare de Lyon la ligne R fait escale à la halte de Fontainebleau-Forêt et vous laisse directement en pleine forêt. Mais attention, pensez à vous munir d’une carte IGN, car une fois descendu de la rame, vous serez livré à vous-même.
La Camargue
Deuxième plus grand delta de la Méditerranée, la Camargue est une zone humide unique, subtil échange entre l’eau douce fluviale, l’eau de mer et celle des précipitations. Ce qui en fait une réserve exceptionnelle pour la biodiversité, tant au niveau de la faune et notamment des oiseaux migrateurs, que de la flore. Mais le changement climatique menace directement ses 150 000 hectares de marais, de terres agricoles et de lagunes. Aux Saintes-Marie-de-la-Mer, certaines digues construites en bords de plages dans les années 1980 sont aujourd’hui submergées, et l’érosion côtière progresse. La Camargue peut certes encaisser de très fortes variations, elle le fait depuis plusieurs millénaires, mais la répétition de ces conditions climatiques extrêmes pourrait lui être fatale. Au point que face à cette montée des eaux qui semble inéluctable, à plus ou moins long terme, une partie de la population de la Camargue devra sans doute être relocalisée selon certaines estimations.
Quand y aller ?
La Camargue est fascinante toute l’année, mais on évitera l’été – et donc l’affluence touristique et les fortes chaleurs – pour profiter au maximum de randonnées ou balades à cheval de l’automne au printemps.
Comment y aller ?
En train : à bord du TER LANGUEDOC-ROUSSILLON (ter et bus). Gare la plus proche : Gare de Vauvert Ligne Nîmes – Le Grau du Roi (Avec arrêts en gare à Beauvoisin / Vauvert / Le Cailar / Aimargues.
En bus : A bord de LIO (bus): https://lio.laregion.fr/.
Ligne 132 (La Grande Motte, Le Grau-du-Roi, Nîmes)
Ligne 133 (Le Cailar, Vauvert, Vestric, Uchaud, Bernis, Aubord et Nîmes)
Ligne 134 (Vauvert, Vestric, Beauvoisin, Générac, Aubord et Nîmes)
L’île de Ua Pou (Polynésie française)
Ces dernières années, les territoires d’outre-mer ont été en première ligne, face au changement climatique. Très vulnérables en raison de leur insularité, ils en subissent de plein fouets toutes les conséquences, de la montée de eaux, à l’augmentation des tempêtes violentes en passant par la sècheresse. Des Antilles à la Polynésie, personne n’est épargné. Notamment Ua Pou, dans les îles Marquises, où dans l’ouest de l’île particulièrement, le manque de pluie est peu à peu en train de métamorphoser en désert ce qui a longtemps été considéré comme un petit paradis. Au point que des incendies de grand ampleur sont désormais à craindre.
Quand y aller ?
Préférez l’hiver austral, de la mi-avril au mois d’octobre.
Comment y aller ?
Bien sûr vous pouvez prendre un vol vers Papeete, puis une connexion en avion ou bateau vers l’île, mais pourquoi ne pas tenter, dès la France, un voyage en cargo ?
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