Loin derrière la Pologne, la Hongrie et la plupart des pays scandinaves, la France affiche l’un des ratios prix du train vs prix de l’avion les plus élevés d’Europe, dénonce un rapport de Greenpeace rendu public aujourd’hui. Une aberration à l’heure où la Terre brûle et où s’impose la nécessité de diminuer le trafic aérien et de développer le réseau ferroviaire.
Qui n’a pas un jour renoncé à prendre le train pour l’avion, au vu des tarifs pratiqués en France ? Un crève-cœur pour tous ceux à qui l’urgence climatique n’a pas échappé. Le dernier rapport de Greenpeace Europe centrale et de l’Est va malheureusement conforter leur analyse des tarifs : il est plus qu’éclairant sur la « différence de prix délirante entre les prix des billets d’avion et ceux de train pour un même trajet en Europe ».
L’étude place la France parmi les trois plus mauvais élèves du continent, ex-aequo avec la Belgique : le ratio entre le prix d’un billet de train et celui d’un billet d’avion y est de 2,6. Autrement 2,6 fois plus cher ! Ce qui nous place juste derrière la Grande-Bretagne (4)– pays qui paye cher la privatisation de son réseau ferroviaire, aujourd’hui remise en cause – – et l’Espagne (3,9)– connue pour la multiplication de ses autoroutes, désormais en faillite –
Triste record qui n’incite pas à prendre le train alors que son impact sur le climat est 100 fois moins important que l’avion, notamment chez les plus jeunes dont le budget est le plus tendu. « Sur le trajet Paris – Valence (Espagne), par exemple, les billets de train sont en moyenne 8 fois plus chers que l’avion. » explique Greenpeace. » Comment, avec de telles différences, demander sérieusement à la population de privilégier le train ? »
En Europe, les billets de train sont en moyenne deux fois plus chers que ceux de l’avion pour un même trajet, apprend-on dans ce rapport détaillé. Et il faut aller vers l’Est et le Nord du continent pour voir la tendance s’inverser. En tête des pays les plus vertueux, la Pologne, où le ratio tarif train/ avion est de 0,5, suivi de la Suède ( 1,3), la Norvège et la République Tchèque ( 1,4), la Hongrie, l’Allemagne et les Pays-Bas ( 1,5, ),le Danemark ( 1,6), arrive enfin la Suisse ( 1,7).
Cinq mesures fortes qui pourraient tout changer
Devant ce constat qui va l’encontre de toutes les recommandations visant à réduire l’impact du réchauffement climatique, Greenpeace appelle les institutions européennes et les gouvernements nationaux à rendre les trains plus abordables que les vols et à prendre des mesures drastiques.
A savoir :
- La fin des avantages fiscaux dont bénéficie le secteur aérien.
- L’augmentation de la taxe de solidarité sur les billets afin de financer les alternatives bas-carbone. Le manque à gagner lié aux avantages fiscaux du secteur aérien en France est estimé à 5 milliards d’euros par an par l’association Transport & Environnement.
- L’accessibilité du train pour tout le monde, via la mise en place d’un “ticket climat” – un forfait qui permet d’utiliser le train (hors TGV) de manière illimitée et à un prix abordable – (ce que vient de faire l’Allemagne via son forfait à 49 euros, ndlr).
- La relance du train de nuit.
- Le renfort de tarifs réduits sur les trains longue distance pour les personnes à faibles revenus.
Nous ajouterons le développement du réseau train-vélo totalement sous dimensionné par rapport à la demande actuelle. Une mesure indispensable pour étoffer les insuffisances du maillage ferroviaire où quantité de « petites lignes » ont progressivement été abandonnées pour cause de « non rentabilité, laissant des régions entières réduites à l’alternative « avion + auto ».
Photo d'en-tête : Free Nomad- Thèmes :
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