Depuis plusieurs années, le mouvement des droits de la nature prend de l’ampleur à travers le monde, notamment en Nouvelle-Zélande où les écosystèmes se voient reconnaître des droits propres. Dernier en date, le mont Taranaki – vénéré par les Maoris comme leur ancêtre – a obtenu le 30 janvier un statut juridique comparable à celui d’une personne. Cette reconnaissance renforce la protection du site tout en permettant aux visiteurs de continuer à en profiter. Si plusieurs pays, dont l’Équateur, la Colombie, l’Inde ou encore l’Espagne ont déjà intégré ce principe dans leur législation, en France, tout reste encore à faire.
Le mont Taranaki, l’un des volcans emblématiques de Nouvelle-Zélande, vient d’obtenir un nouveau statut juridique comparable à celui d’une personne. Cette décision, résultant d’une loi adoptée à l’unanimité par le Parlement néo-zélandais, marque une reconnaissance officielle du lien profond qui unit les populations maories à cette montagne.
Une reconnaissance juridique et culturelle
Situé au Sud-Ouest de l’île du Nord, au cœur de l’un des plus anciens parcs nationaux du pays, le mont Taranaki est considéré par les Maoris comme un ancêtre protecteur et une entité vivante. Cette nouvelle législation confère au volcan une identité propre, lui permettant de se défendre comme « personne morale » aux yeux de la loi. Un statut acquis au cours d’un long processus de négociations entre le gouvernement et les Iwi (groupes maoris), visant à réparer les injustices liées à la confiscation coloniale des terres au XIXe siècle.
Le modèle de gouvernance qui en découle est équitablement réparti entre les représentants des Iwi et ceux du ministère de la Conservation. Ensemble, ils veilleront à la protection et à la gestion durable du parc national, renommé Te Papa-Kura-o-Taranaki.
Un site naturel d’exception
Outre son importance culturelle, le mont Taranaki est une destination prisée des randonneurs et des skieurs. Son sommet à 2 518 mètres d’altitude domine un paysage contrasté, où une forêt dense cède la place aux pentes escarpées. Le parc se distingue par une biodiversité riche et une végétation luxuriante, notamment dans la mystérieuse « forêt goblin » aux arbres tortueux recouverts de mousse.
Son nouveau statut juridique renforce la protection du site, tout en permettant aux amateurs de pratiques outdoor de profiter des lieux. Désormais, la gestion du parc devra s’effectuer dans le respect du mana (l’identité spirituelle) et du mauri (l’énergie de la vie) de la montagne, assurant ainsi sa préservation pour les générations futures.
Une décision dans la lignée des droits de la nature
Cette reconnaissance du mont Taranaki comme entité juridique n’est pas une première en Nouvelle-Zélande. Avant lui, la forêt de Te Urewera et le fleuve Whanganui ont également bénéficié d’un statut similaire. Ce mouvement, inspiré des traditions maories, rejoint une tendance mondiale visant à accorder des droits propres aux écosystèmes. Plusieurs pays, dont l’Équateur, la Colombie, l’Inde ou encore l’Espagne ont déjà intégré ce principe dans leur législation.
Ce qui est loin d’être le cas de la France où tout reste à construire. Et c’est sous l’impulsion du collectif Wild Legal que les choses commencent à bouger. Cette association loi 1901 à but non-lucratif, fondée en 2019 et majoritairement constituée de juristes et d’avocats bénévoles, s’affaire à sensibiliser, former et mobiliser le grand public aux droits de la nature, car « les lois existantes ne la protègent pas suffisamment. Elles sont pensées au seul profit des humains, reléguant le vivant au second plan ».
À son actif, plusieurs actions en justice contre Total, Alteo et l’État français. Wild Legal a également apporté son expertise juridique à Sea Shepherd, L214, et à de très nombreuses autres associations de terrain. Son rôle ? Former les juristes, mais aussi les politiques, les décideurs et le grand public aux grands enjeux juridiques en matière d’environnement. Pour renforcer son action, elle prépare un programme de formation innovant et ouvert à tous auquel vous pouvez apporter votre soutien via sa campagne de financement participatif, jusqu’au 9 mars 2025 .
Photo d'en-tête : Sophie Turner