Au terme de plus de 22 jours de ski à travers l’Antarctique – soit 1130 kilomètres – par des températures oscillant autour des -30°C, l’héritier spirituel de Borge Ousland, Vincent Colliard, 37 ans, vient d’atteindre le pôle Sud, avec deux jours d’avance sur le précédent record, datant de 2011. Et ce en totale autonomie, sa marque de fabrique !
Vincent « a toutes les qualités, la passion pour l’aventure sans assistance, les valeurs morales, sans compter qu’il est doté d’une force physique incroyable », nous résumait son mentor norvégien, Borge Ousland, début 2023, alors que l’explorateur français préparait une expédition en Arctique. L’idée ? Devenir la personne la plus rapide au monde à atteindre le pôle Nord, en solitaire et sans assistance. Un ambitieux projet, annulé à la dernière minute en raison du conflit russo-ukrainien.
Un coup dur l’explorateur français qui ne s’était pas laissé abattre pour autant. Très vite, il s’était tourné vers le pôle Sud. « Le record de vitesse a été établi depuis Hercules Inlet, le point de départ, en 2011 par un copain norvégien, Christian Eide » nous avait-il expliqué quelques semaines avant de prendre le départ de cette nouvelle aventure. « Il faut ensuite parcourir 1130 kilomètres pour arriver jusqu’au pôle Sud ».
Des conditions météo très incertaines
Pour battre le record de Eide (24 jours, 1 heure et 13 minutes) Vincent devait avancer au minimum à 47 kilomètres par jour. Au final, il aura fait 50 kilomètres quotidiens. Son aventure débutée fin décembre aura duré 22 jours, 6 heures et 8 minutes. Pour arriver à un tel niveau de performance, chaque détail a dû être optimisé comme il nous l’expliquait récemment.
Vincent avait notamment décidé d’optimiser sa stratégie de sommeil. Sur les premiers 500 kilomètres, il avait prévu de dormir sur une base de sept à huit heures par nuit. L’explorateur avait même songé, pour la seconde moitié de son périple, à modifier ses heures de sommeil, c’est-à-dire qu’il pensait découper ses journées en 36 heures au lieu de 24 heures. Au moment où nous publions cet article, on ne sait pas encore si Vincent a eu recours à cette stratégie.
Autre paramètre à prendre en compte : des conditions météo encore très incertaines, réchauffement climatique oblige. C’est là peut-être que se situait son défi le plus extrême. Car l’effort du Norvégien Christian Eide, l’ancien détenteur du record, était l’un des exploits les plus considérés dans le milieu. De nombreux explorateurs avaient d’ailleurs tenté de le battre, sans succès. La faute, en grande partie, aux conditions.
Photo d'en-tête : Collection Vincent Colliard