Les drones, futurs compagnons des équipes de sauvetage en montagne ? Une hypothèse qui intéresse de près le Laboratoire d’électronique et de technologie de l’information (LETI) de Grenoble. Son objectif : installer une antenne sur un drone, qui pourrait localiser les victimes d’avalanches … grâce au Bluetooth de leurs smartphones.
Cette innovation pourrait-elle révolutionner les opérations de secourisme en cas d’avalanche ? C’est la question que s’est posée un laboratoire technologique grenoblois pour imaginer un prototype de drone permettant de localiser les victimes d’avalanches grâce à la fonction Bluetooth de leurs smartphones – à condition qu’elle soit activée, bien sûr. Un outil complémentaire aux services de sauvetages, notamment la PGHM, mais qui ne se substituerait en aucun cas au triptyque sonde, pelle et DVA (détecteur de victimes d’avalanches).
« Ce dispositif est capable d’inspecter en quelques minutes une zone de 10 000 m2 et de localiser un smartphone au mètre près, à l’aide d’algorithmes d’estimation des directions d’arrivée de signaux Bluetooth ou GSM », annonce le Laboratoire d’électronique et de technologie de l’information (LETI) de Grenoble, qui réalise ses premiers essais en intérieur cet hiver.
Et c’est justement cette connexion directe entre les signaux Bluetooth des smartphones et les drones qui constitue la nouveauté du projet, contrairement à d’autres entreprises qui planchent plutôt sur « des solutions basées sur la combinaison d’un drone et d’un DVA », indique le laboratoire grenoblois.
Les smartphones, nouveaux outils de secourisme ?
Ce concept semble s’inscrire dans un mouvement qui tend à intégrer les smartphones au coeur du secourisme. Déjà, en 2012, l’adjudant Olivier Faure du PGHM instaurait le dispositif « GendLoc », permettant de localiser le téléphone d’une victime après qu’elle ait appelé les secours en cas d’accident. Mais dans ce cas, la localisation n’était possible que suite à une action manuelle – encore faut-il être en état de décrocher son téléphone.
L’activation du mode Bluetooth permettrait donc de localiser automatiquement une victime, repérée par le drone, si le prototype aboutit à ses phases de tests en extérieur, prévus au printemps. Une autre version pourrait aussi voir le jour : celle d’un drone qui capterait également les signaux du réseau cellulaire – mais cette hypothèse pose de nombreuses questions d’un point de vue légal, imposant de ce fait une collecte de donnée problématique.
Le laboratoire grenoblois estime que deux ans de travail sont encore nécessaires pour faire aboutir ce projet. En attendant, on remarque déjà quelques opérations de secourisme apportées à l’aide de drones, soldées par un succès. En témoigne l’expérience de l’alpiniste Andrzej Bargiel, lors de son expédition sur le K2 (8611 mètres) en 2018 – à (re)voir en film ici. Le skieur polonais avait utilisé un drone pour repérer les voies les plus sûres et analyser les risques à contourner sur le sommet. Mais l’usage de l’appareil a pris un tout autre tournant au cours de l’expédition, quand il a permis de sauver la vie de deux hommes ; en ravitaillant en médicaments pour l’un, et en guidant un alpiniste perdu sur le sommet pour l’autre. Une première à une altitude de 8000 m.
Photo d'en-tête : Pixabay / Trevor265