Des chèvres sauvages dans les rues d’une station balnéaire du Pays de Galles. Des canards se promenant tranquillement en plein cœur de Paris … comment ne pas croire en la formidable capacité de résilience de la nature à l’issue de deux mois seulement d’arrêt total de l’activité humaine ? Aussi la mini-série documentaire « Into the rewild » arrive-t-elle à point cette semaine. Consacrée au réensauvagement – rewilding en anglais – elle ouvre une fenêtre sur une pratique peu connue en France : l’art de préserver dans la nature ce que l’homme n’a pas encore altéré.
« Réparer la nature, on aura tout le temps. Mais garder intact ce qui l’est encore, c’est la priorité », explique le naturaliste Gilbert Cochet, auteur de « Réensauvageons la France », au cœur du premier volet de « Into the rewild », série documentaire réalisée par Arnaud Hiltzer. Producteur engagé – on lui doit notamment « Surfing the line », documentaire multiprimé sur les Flying Frenchies, mais aussi « Objectif Pôle Sud » couvrant l’expédition de Matthieu Tordeur – cet ex collaborateur de Yann Arthus-Bertrand a décidé de mettre à profit la production de vidéos « pour contribuer à la connaissance et à la mise en valeur de solutions pour nous adapter aux crises que nous allons devoir gérer », explique-t-il.
Son premier épisode nous conduit sur le site du Grand Barry, 130 hectares de montagne entre le Vercors et les Baronnies. Chasse, pêche, coupe de bois et agriculture y sont interdits, c’est « la libre évolution, la non gestion », explique Gilbert Cochet, naturaliste au Museum nationale d’histoire naturelle de Paris, conseiller scientifique sur le documentaire de Jacques Perrin, « Les Saisons », il a également formé en écologie et géologie plusieurs générations d’accompagnateurs de moyennes montagnes et guides de haute montagne. C’est dire s’il est dans son élément dans ce sanctuaire où sangliers et cerfs vivent désormais en totale autonomie sur des terres achetées pour les protéger.
« Le réensauvagement » poursuit le scientifique, « c’est le retour à la nature qui existait avant que les hommes l’abiment. Donc on la restaure, on la soigne, on va la laisser évoluer elle-même. On la laisse tranquille ». Et ça marche, ne peut-on que constater devant les images de chevreuils, renards, belettes et biches peuplant le site.
A quelques centaines de kilomètres de là, à Oxford, Arnaud Hiltzer a rencontré George Monbiot. Figure incontournable du mouvement écologiste britannique, l’éditorialiste du Guardian, quotidien réputé pour son sérieux et son intégrité, a souvent payé de sa personne pour faire avancer les causes qu’il défend. En Indonésie où il est désormais persona non grata, suite à son action en faveur de l’environnement, comme en Grande-Bretagne, où il a lancé la campagne « The Land is Ours » ( la terre est à nous), visant à rendre aux citoyens l’accès aux zones naturelles. Il est aussi un des « papes » du réensauvagement, cette « restauration de l’écosystème, permettant le retour d’espèces disparues et le développement de cette nature, si riche et si variée, qui nous manque tant aujourd’hui », dit-il. » « Mais le réensauvagement, c’est aussi « vivre une vie plus en contact avec la nature, plus passionnée, plus risquée physiquement », ajoute-t-il. « Rencontrer un animal sauvage … c’est la meilleure drogue que l’on puisse prendre ! » », dit-il, les yeux brillants.
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