Revirement sur l’interdiction de grimper dans les Calanques annoncée mercredi 10 juin. Le conseil départemental des Bouches du Rhône et l’ONF proposent de reclasser les voies sportives en voies d’aventures, accessibles aux risques et périls des pratiquants.
Hier, Outside expliquait comment l’épineuse question du déconventionnement des falaises soulevant le problème de la responsabilité de la FFME (Fédération française de la montagne et de l’escalade) en cas d’accident, avait conduit à l’interdiction pure et simple des trois quarts des sites d’escalade du Parc des Calanques. Du jamais vu sur l’une des plus belles zones de France. Et surtout une décision de très mauvais augure. Des centaines d’autres sites en France étant potentiellement menacés eux aussi par le désengagement de la FFME, ébranlée par une jurisprudence qui l’a rendue responsable d’un accident la conduisant à verser plus de 1.6 million d’euros de dédommagement.
Tollé général mercredi chez les grimpeurs, suivi dans la foulée d’un démenti plutôt laconique de la FFME. Afin d’y voir plus clair, Outside a demandé des précisions à la Fédération, voici ses réponses reçues hier soir, que nous retranscrivons in extenso. De quoi y voir un peu plus clair sur ce sujet complexe en attendant la date du 20 juin, date de l’assemblée générale de la FFME. La fédération soumettant alors aux votes des délégués la décision finale de dénoncer ces conventions.
Tous les sites d’escalade des Calanques sont-ils actuellement autorisés, sans aucune exception, qu’ils soient gérés par l’ONF, le Conseil départemental ou toute autre instance, publique ou privée?
Il n’ y a aucune interdiction de la pratique de l’escalade sur quelque site que ce soit dans le Parc des calanques (à l’exception d’interdictions temporaires et localisées liées à des périodes de nidification)
Une interdiction est-elle à craindre ?
Selon nous, non.
L’ agence locale de l’ONF vient de nous informer qu’elle suivait la position du Conseil Départemental en autorisant l’escalade sur tous les secteurs qu’elle gère. Ces sites seront classés provisoirement en « terrain d’aventure ». Par ailleurs, en concertation avec le Conseil départemental et l’agence régionale de l’ONF, des sites classés sportifs vont être équipés ou rééquipés.
Si oui, quand cela pourrait-il prendre effet, sur quels sites précisément et pourquoi?
Sans objet
Nous comprenons que la situation est complexe, mais comment comptez-vous régler la question de la responsabilité sur les sites, suite à la dénonciation des conventions d’escalade?
Il y a aujourd’hui 2500 sites d’escalade répertoriés dans l’annuaire des sites géré pat la FFME. Sur ces 2500, seuls 20 % sont conventionnés (500 sites avec 650 conventions). Il en reste donc 2000 non conventionnés régulièrement fréquentés par des grimpeurs avec l’autorisation (souvent tacite) des collectivités ou des privés.
La fédération a signé jusqu’ à 1450 conventions depuis 40 ans. Elle reste engagée aujourd’hui au travers de 650 contrats. Et pourtant, il n’y a que très peu de sites où l’escalade n’est pas autorisée.
Il n’ y a donc pas de lien étroit entre l’existence d’une convention et la possibilité de fréquenter un site.
Lors de son assemblée générale du 20 juin, la fédération soumettra aux votes des délégués la décision finale de dénoncer ces conventions (sur une période de 18 à 24 mois).
Si ce vote confirme la volonté de dénoncer progressivement ces contrats, cela évitera à nos licenciés de voir augmenter significativement leur contribution à la prime d’assurance responsabilité civile demandée par notre assureur pour équilibrer le contrat sur le plan économique.
Dans le cas contraire les conventions seront maintenues, mais la fédération veillera à maitriser son exposition.
On nous pose souvent la question de savoir pourquoi les collectivités accepteraient de prendre la responsabilité à « notre place ». Il y a plusieurs réponses à cela: d’abord le code du sport et le code de l’urbanisme confère aux collectivités la possibilité de conventionner avec des propriétaires pour faciliter la pratique des sports outdoor. Ensuite, le risque pris par une collectivité est beaucoup plus faible que n’est le nôtre puisqu’il a en général peu de sites à « gérer » . Il y a donc un phénomène important de dilution de ce risque. Par ailleurs les collectivités sont déjà assurées pour des risques similaires. Transférer cette responsabilité est donc une façon de mutualiser la contribution à payer aux assureurs.
La Fédération est prête à assurer l’entretien des sites en question et cela devrait être de nature à rassurer les collectivités. Enfin, dans beaucoup de cas les collectivités ont un intérêt socio-économique important à défendre en favorisant la fréquentation touristique de leur département ou de leur commune.
Photo d'en-tête : Matthieu Da Cruz