Le palmarès des villes cyclables en France réalisé par la FUB – Fédération des Usagers de la Bicyclette – vient d’être publié. Si Strasbourg est une nouvelle fois en tête du podium des grandes métropoles, Marseille est bonne dernière. Forte de son succès populaire, l’enquête – qui se base sur une participation volontaire des usagers – démontre l’importance de l’enjeu à quelques semaines des municipales.
Alors que l’enquête s’est achevée le 30 novembre dernier, on attendait les résultats de la deuxième édition du « Baromètre Parlons vélo des villes cyclables » avec impatience. Et pour cause, alors que les campagnes pour les municipales s’intensifient partout dans l’Hexagone, les problématiques des transports et de l’environnement sont au coeur des débats. Quelles que soient les villes – Paris en est l’exemple le plus frappant – la question de l’usage et de la place du vélo transcende les clivages politiques.
Strasbourg et Grenoble au sommet, Marseille bonnet d’âne
Parmi les onze villes françaises de plus de 200 000 habitants, Strasbourg trône en tête pour la deuxième fois consécutive avec une note de 4,02/5, assez loin devant Nantes et Rennes qui complètent le podium. Intéressant à signaler dans cette catégorie, la meilleure progression est à mettre à l’actif de la capitale, qui a inauguré ces derniers mois de nombreuses pistes cyclables. Le journal Le Parisien a d’ailleurs révélé que leur utilisation avait explosé ces dernières semaines.
Pour le reste des catégories, les bons et mauvais élèves n’ont pas énormément évolué : Grenoble toujours en tête des villes entre 200 000 et 100 000 habitants, La Rochelle de celles entre 100 000 et 50 000 et Illkirch-Graffenstaden (au sud de Strasbourg) de celles entre 50 000 et 20 000 habitants.
À l’inverse, Marseille reste loin derrière. En deux ans, la situation ne semble pas s’être vraiment améliorée, la ville manquant notamment d’infrastructures adaptées.
Une amélioration de la situation, mais encore beaucoup d’efforts à fournir
C’est le premier constat de l’étude de la FUB : si le contexte global, à l’échelle nationale, semble aller vers un mieux, les agglomérations françaises peuvent encore faire d’énormes progrès pour faciliter l’usage du vélo sur le territoire. Si l’on s’arrête à la note générale, seules 43 communes sur les 768 obtiennent la moyenne…c’est bien peu. La dynamique semble néanmoins positive puisque 40% de personnes ayant répondu à l’enquête estiment que la situation s’est améliorée depuis 2 ans, particulièrement dans les grandes villes (+ 200 000 habitants).
Pour Olivier Schneider, président de la FUB, ce qui est le plus intéressant à analyser est la progression par rapport à 2017 : « On s’aperçoit que certaines villes étaient déjà hautes au classement, et ont continué les politiques publiques qu’elles ont imaginées depuis dix ou vingt ans. C’est le cas de Bordeaux par exemple, qui stagne un peu de ce point de vue. Alors que d’autres au contraire ont nettement accéléré et voient une vraie progression ».
Trois enseignements à tirer de l’enquête
Si cet enjeu s’impose à tous ceux qui briguent un mandat de maire, c’est avant tout parce que l’intérêt des citoyens pour la cause est de plus en plus important. L’enquête le prouve : avec près de 185 000 réponses au questionnaire, on constate une augmentation de +63% par rapport à la précédente datant de 2017. Par ailleurs, 768 villes ont pu être classées (un minimum de 50 réponses est requis pour que la ville soit classée), soit 445 de plus que lors de la première enquête. Très pratique pendant les grèves récentes, l’usage du vélo a augmenté partout sur le territoire et même parfois de manière spectaculaire comme en Île de France où il aurait doublé, voire triplé selon les chiffres.
Olivier Schneider tire trois enseignements de l’étude : « D’une part, ce qui est frappant c’est l’engagement massif des citoyens dans des petites villes. Comparé à l’étude de 2017, on a explosé le nombre de réponses venant de petites communes. »
L’autre élément mis en avant est l’engagement à l’échelle locale. L’exemple de Saint Lunaire, petite commune bretonne de 2400 habitants, est ainsi frappant : 77 de ses habitants ont participé à l’enquête, et la ville a obtenu la note de 4,47/5, soit la meilleure de France. « On s’est presque demandé si les réponses étaient cohérentes, donc on est allé vérifier sur place. Et effectivement il y a une vraie politique pour favoriser l’usage du vélo. Par exemple l’accès aux plages est interdit aux voitures. Cela prouve que même à petite échelle, on peut faire des choses qui ont un impact, et un mandat suffit pour cela »
Enfin, Olivier Schneider note une plus grande exigence des usagers : « Ce qui pouvait sembler positif il y a deux ans est désormais perçu comme la norme. Les gens n’attendent pas simplement une infrastructure, ils veulent une infrastructure entretenue et de qualité. Cette exigence est positive pour faire avancer les choses. »
Photo d'en-tête : Ali Sabbagh- Thèmes :
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