Alors que l’épidémie est toujours présente et que de l’Atlantique à la Méditerranée, les plages rouvrent progressivement, l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer (Ifremer) a entrepris d’analyser la qualité des eaux sur trois sites, suite à la localisation de traces du virus dans des eaux usées en France et dans d’autres pays. Ses premières conclusions ont été publiées aujourd’hui. Elles confirment une étude espagnole couvrant aussi lacs et rivières.
« Mi-avril, l’Ifremer a mis en œuvre une opération de prélèvement d’échantillons d’eaux usées, d’eau de mer mais aussi de coquillages afin de vérifier si des traces de SARS-CoV-2, responsable de la pandémie de covid-19, pouvaient y être détectée », explique l’Institut. En charge, l’équipe de Soizick Le Guyader, virologiste et responsable du laboratoire nantais « Santé environnement et microbiologie », qui s’est appuyé sur un protocole semblable à celui utilisé pour le dépistage chez l’homme : il permet de détecter le génome du virus dans les échantillons.
« Les eaux usées, réceptacles des rejets humains, sont le reflet des micro-organismes présents dans la population humaine. En France, des analyses des eaux usées de régions fortement touchées par l’épidémie de Covid-19 comme la région parisienne et le Grand Est, ont révélé la présence du génome de SARS-CoV-2, avec des quantités corrélées avec le nombre de personnes hospitalisées (Wurtzer et al.2). » détaille l’Ifremer.
L’Ifremer a donc analysé 4 échantillons d’eau de mer provenant de 3 façades maritimes : les côtes bretonnes, la façade atlantique et la méditerranéenne.
Quatre échantillons d’un litre d’eau marine potentiellement soumise à des rejets humains ont été prélevés dans des zones identifiées grâce au réseau d’observatoires pour la recherche en microbiologie environnementale intégrée (ROME).
Or, aucun échantillon d’eau de mer n’a présenté de traces de SARS-CoV-.
De même, aucun échantillon de coquillages n’a présenté de trace de SARS-CoV-2.
« Même si elle ne vaut pas pour certitude pour l’ensemble des coquillages et des eaux marines métropolitaines, l’absence de traces du SARS-CoV-2 révélée par notre étude est une bonne nouvelle », souligne Soizick Le Guyader qui relative toutefois ses conclusions, compte tenu du nombre d’échantillons. Aussi entend-il poursuivre ses prélèvements et ses analyses sur les mêmes sites tous les 15 jours pendant encore plusieurs mois, afin de suivre les éventuels effets d’une circulation potentiellement accrue du virus dans la population dans le contexte de la levée progressive des mesures de confinement ».
Le risque pour le surfeur ou le nageur apparaît donc particulièrement faible, voire inexistant si l’on en croit les experts de l’Ifremer).
L’eau douce des lacs et des rivières est-elle aussi sure ? l’Ifremer ne s’est pas penché sur la question, mais les Espagnols si. Le Conseil Supérieur de la recherche scientifique espagnole (SCIC) a étendu ses recherches à l’eau de mer, mais aussi aux piscines, lacs et rivières, non pas sur le Covid 19, mais sur d’autres coronavirus liés au Covid-19.
Ses conclusions ? Compte tenu des connaissances actuelles, l’eau de mer ne présente pas de risque, le SCIC rejoint donc les conclusions de l’IFREMER. En revanche, dans l’eau douce, lacs et rivières, la survie du virus pourrait s’avérer un peu plus longue que dans les piscines et Jacuzzi où la chaleur et la présence de désinfectant ne feraient pas bon ménage avec le virus, expliquent les chercheurs. Reste que pour eux, le risque ici n’est pas tant la présence éventuelle du virus dans l’eau, dont la contagiosité reste à prouver, que la promiscuité sur les sites de baignade. De l’intérêt donc de respecter strictement les règles de distanciation sociale.
Photo d'en-tête : Anastasia Taioglou / Unsplash