Surnommé le sprinter de l’Everest, Marc Batard, alpiniste français célèbre pour son ascension de l’Everest en solitaire, sans oxygène, en moins de 24 heures – un record vieux d’une trentaine d’années qui figure toujours dans le « Guinness Book » – est retourné au Népal cet automne, au cœur des montagnes de sa jeunesse, avec un nouveau projet en tête : ouvrir une variante de la voie normale de l’Everest évitant de traverser le dangereux glacier du Khumbu.
Avec son équipe composée de futurs guides de haute montagne et d’alpinistes chevronnés dont Sajid Sadpara, le fils de la légende pakistanaise Muhammad Ali Sadpara, récemment victime d’un œdème cérébral sur les pentes de l’Everest, Yorick Vion, Lucien Boucanssaud, Jean-Marc Demoz, Vincent Gouyet, Alan Batard et le népalais Pasang Nuru Sharpa, le chef de l’expédition, Marc Batard, a exploré un nouvel itinéraire, plus sûr, entre escalade et arête enneigée.
Partant du camp de base de l’Everest jusqu’aux camps I et II, cette voie permetta aux prochains ascensionnistes de faire une tentative sommitale sans traverser la dangereuse section de la cascade de glace du Khumbu, formée par le glacier du même nom dont les séracs de la taille d’une voiture, en perpétuels mouvement, sont réputés pour s’écrouler soudainement. On se souvient qu’en 2014, non loin du glacier du Khumbu, est survenue l’avalanche la plus meurtrière de l’Everest, faisant 16 morts : « Un gigantesque bloc de glace est tombé du haut. Il s’est abattu sur nous », racontait alors Dawa Tashi, l’un des guides rescapés. Une étape cruciale de l’ascension pourra donc désormais être évitée.
« L’itinéraire fait 700 mètres sur lequel ont été posés plus de 1000 mètres de cordes fixes. Ca va permettre d’éviter beaucoup d’accidents et de sauver des vies », rapportait récemment le chef de l’expédition, tout juste septuagénaire, au Figaro. Offrant une ascension moins exposée, cette voie n’excède pas le 4e degré en escalade – sur une échelle allant jusqu’à 9.
Avant que cette variante, remplaçant la portion dangereuse, la plus imprévisible, ne devienne un classique, il reste encore 400 mètres d’arêtes de neige à équiper en mode « via ferrata », pour faciliter l’ascension des porteurs, détaille Marc Batard. Une opération prévue au printemps, moment où le chef de l’expédition tentera devenir l’alpiniste le plus âgé à parvenir sur le toit du monde sans oxygène. Affaire à suivre.
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