Le snowboard pro de Xavier De Le Rue, les chaussures de trail de Kilian Jornet, les chaussons d’escalade de Liv Sansoz, mais aussi votre veste de montagne, quasiment neuve. Des pièces techniques d’occasion en parfait état, accessibles à prix cassé, c’est ce que propose la nouvelle plateforme « Everide » via un site et une appli haut de gamme, entièrement sécurisés. Ouverte à tous, cette marketplace va offrir une deuxième vie à des milliers d’équipements de ski, snow, grimpe, rando, bivouac ou trail. De quoi alléger votre bilan carbone tout en vous équipant pour la saison à prix très light.
L’impact carbone d’un produit déjà utilisé est 5 à 7 fois moindre qu’un produit acheté neuf, et son prix d’achat est, en pratique 50 à 60% moins élevé. Les chiffres parlent tout seuls. Pas étonnant que depuis quelques années le marché de la seconde main explose. Sans état d’âme, la génération Z, plus préoccupée par l’état de la planète que par le jugement d’autrui, l’a adopté, d’un clic sur Vinted ou Le bon coin.
Seuls quelques secteurs résistaient encore à cette vague de fond portée autant par le pragmatisme de ces acheteurs décomplexés que par leur engagement profond en faveur de l’environnement. Parmi eux, curieusement, le sport. Depuis janvier 2020, seuls 32% des Français ont acheté des produits de sport de seconde main et 16% en ont vendu. C’est un début mais c’est encore peu, comparé à d’autres secteurs. Trop technique, trop éclaté ? Pas plus que celui de la voiture d’occasion, pourtant ancré dans les mœurs depuis des lustres ! Aussi l’arrivée cette semaine de la startup française Everide bouleverse-t-elle le marché de l’outdoor ?
Miser sur le durable, et se faire plaisir
Quelques heures à peine après son lancement, hier, Outside est donc allé faire un tour sur cette plateforme qui ambitionne de changer notre approche en matière d’équipement, selon Julien Bronnert, directeur général de la start-up. Un pro du digital et de l’outdoor qui a su s’entourer d’une quinzaine de business angels indépendants, issus de l’industrie outdoor et de la French Tech, sur la base d’un constat simple : devenir un maillon de l’économie circulaire en donnant une seconde vie aux produits portés qui ne sont plus utilisés.
Un discours qui a trouvé un écho au sein de toute une communauté d’athlètes pro, à commencer par Xavier De Le Rue, figure emblématique du snowboard freeride international, partie prenante du projet. «Après toutes ces années à barouder dans la montagne aux quatre coins du globe, je me penche de plus en plus sur l’impact sur la planète de mon activité » explique-t-il. « Je me suis concentré pendant un certain temps sur les effets évidents des voyages (surtout avec l’avion – Covid a bien solutionné ce problème-là!), je me suis mis à la voiture électrique, je me suis amélioré pour consommer ma nourriture et celle de ma famille de manière plus intelligente, en évitant les emballages plastiques, etc. Mais reste un petit point noir sur lequel je bute depuis un moment : la quantité d’équipement que j’utilise pour toutes les activités outdoor que je pratique. »
Avec une dizaine de généreux sponsors le soutenant depuis des années, le snowboarder de 42 ans (deux fois champion du monde en snowboard cross et triple vainqueur du Freeride World Tour) compte sans doute l’un de plus beau vestiaires outdoor de la planète. A faire pâlir d’envie plus d’un rider. Alors quand on apprend qu’il a l’intention de « faciliter le processus de transmission de son équipement, de lui donner un ou plusieurs nouveaux cycles de vie et maximiser son utilisation. » En clair, qu’il compte mettre sur Everide une bonne partie de son matos non utilisé, souvent quasiment neuf, on saute sur l’occasion. Et quand on comprend qu’il n’est pas le seul et que 10 autres athlètes pro de haut niveau l’ont rejoint – de Liv Sansoz à Nina Caprez, en passant par Paul Bonhomme, Xavier Thévenard, ou encore Fabien Maierhofer, pour ne citer qu’eux, et ce n’est qu’un début, on prend la chose au sérieux et on file sur Everide.
De Xavier De Le Rue à Liv Sansoz, accéder aux vestiaires des pros
Au lendemain du lancement de la plateforme, qu’y trouve-t-on ? Des centaines d’équipements – vêtements, chaussures et matériels d’occasion – répartis en quatre grandes catégories : Ski/snow, escalade/alpinisme rando/bivouac, trail/running, pour hommes, femmes, mais aussi enfants, que l’on peut filtrer bien évidemment par marque, couleur, état, taille, et genre. Mais on avoue que ce qui nous a d’emblée séduit, ce sont les vestiaires d’athlètes, dans lequel on est allé fouiller sans vergogne.
Celui de Xavier De Le Rue est, forcément, l’un des plus étoffé. Déjà pas moins de 14 produits en vente. « En fait, je pourrais en fournir beaucoup plus », nous explique-t-il, « mais j’habite en Suisse, et la question de la récupération du matériel vers la France limite encore un peu le volume pour le moment ». En vente donc, à l’heure où nous bouclons cet article, sa board pro Rossignol XV décrite en ces termes :
Dans son vestiaire aussi : un masque Smith pour 110 € ( neuf avec étiquette) ou des moufles The North Face (neuf avec étiquette) pour 100€. Des prix correspondant au standard des plateformes seconde main, donc très avantageux.
Plutôt emballé par cette première visite, on file chez Kilian Jornet qui lui se déleste de quatre produits. Sans surprise, exclusivement du Salomon, son sponsor principal. On flashe sur ses chaussures Phantasm :
On jette un œil sur les autres produits et constate qu’il vend aussi des chaussons d’escalade California (75,00 €), une veste trail Bonatti 120,00 € (Taille : S, très bon état), et un sac de trail Sense Pro 5 (75,00 €, 5 litres, très bon état).
Chez Liv Sansoz, on découvre, entre autres, des chaussures MTN explore (180,00 €, taille : 24 MP, bon état), et chez Xavier Thevenard, on repère des chaussures, un tee shirt et un short ON et des lunettes Julbo. Christophe Dumarest, vend, lui un Piolet Cosmi’Tech pour 30,00 € (bon état) et Mathieu Maynadier des crampons Dartwin de chez Petzl (150,00 €, neuf avec étiquette).
Les produits des athlètes seront très prochainement disponibles. Les dates de vente seront communiquées sur le compte Instagram d’Everide.
Les marques les plus pointues
La liste est longue, et le vestiaire de la team Everide, menée par Xavier De Le Rue, déjà très fourni. Les 11 athlètes s’engagent aux côtés de la start up pour faire progresser la seconde main comme mode de consommation des passionnés d’outdoor en vendant des équipements leur ayant appartenu au profit intégral des associations partenaires : Protect Our Winters France, Surfrider Europe et la Kilian Jornet Foundation. Ni les athlètes ni Everide ne gagnent de l’argent sur ces ventes. Grâce à leur générosité, mais aussi à l’arrivée de particuliers, vous, moi, tous ceux qui se reconnaissent dans cette communauté de pratiquants responsables et passionnés d’outdoor, ce sont donc les produits les plus pointus des marques les plus prestigieuses que l’on va pouvoir vendre et acheter sur Everide. D’Arcteryx à Salomon en passant par On, Black Diamond ou Picture, pour ne citer qu’elles.
« Chaque produit proposé par un vendeur (dont le profil est noté, façon Airbnb, un gage de sérieux pour l’acheteur, ndlr) doit être illustré par trois photos minimum », explique Julien Bronnert. « Et notre équipe d’experts produits se réserve la liberté de valider, ou non, un produit s’il ne correspond pas à nos standards de qualité ». L’idée n’étant pas d’augmenter à tout prix le nombre d’articles mais d’en offrir la meilleure sélection, au meilleur tarif, selon Everide qui se positionne clairement sur le haut de gamme de l’outdoor. Une ambition que l’on retrouve dans le site comme dans l’appli.
Simple, ergonomique et ludique, la navigation sur les plateformes Everide permet en un clin d’œil et en trois clics de vendre ou d’acheter au meilleur prix votre équipement outdoor depuis votre smartphone, tablette ou ordinateur, avec les mêmes garanties (paiement sécurisé, livraison intégrée, échanges et retours) qu’un site e-commerce classique. L’inscription est gratuite et le vendeur n’a aucun frais, l’acheteur payant une commission de 8 %, déjà calculée sur le prix du produit.
Une petite révolution qui pourrait faire de l’ombre aux marques ? « Au contraire », explique Xavier De Le Rue, elles sont super réceptives à ce genre d’initiatives. Tout comme l’idée de produire une board classique, qui ne devienne pas obsolète, ou de porter fièrement une veste avec un patch, c’est génial de voir cette mouvance. Ce n’était pas forcément évident, et j’ai été agréablement surpris. Les sponsors de la team Everide sont tous 100% positifs sur le projet. Certains voulaient même s’y impliquer plus. Mais à ce jour on reste sur l’idée de la seconde main. Des marques elles-mêmes, on ne trouvera donc sur la plateforme que certains de leurs produits d’occasion. Le projet est solide, soutenu par un gros pool d’investisseurs qui font partie de l’industrie mais aussi par les athlètes eux-mêmes, il faut laisser les choses se faire, c’est quelque chose qui est dans l’air du temps. Et on ne désespère pas de développer l’appli à l’international. J’aimerais vraiment ça. Pour le moment, la France reste la priorité, mais on pense à terme à l’Europe. Car vu le profil des riders, on a une audience. Et tout le monde a envie de faire bien, de faire mieux ».
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