Plus de 38 000 coureurs amateurs privés de marathon, environ 176 élites et 30 élites en chaise roulante seulement autorisés à participer à l’épreuve qui doit se tenir le 1er mars, en annonçant le 16 février dernier une réorganisation radicale de l’événement, les Japonais entendent montrer qu’ils prennent toute la mesure de l’épidémie de coronavirus. Reste à savoir comment, concrètement, va se dérouler la course a demandé Outside aux organisateurs.
Déjà critiqué pour la gestion de l’épidémie à bord du Diamond Princess – le plus important foyer de contagion hors de Chine – où un troisième décès a été annoncé dimanche et où 630 des 3711 personnes à bord ont été contaminées, le Japon reconnaissait samedi que 23 passagers avaient pu quitter le navire de croisière mis en quarantaine à Yokohama sans passer tous les examens médicaux requis pour déceler le nouveau coronavirus.
A quelques jours du départ de son marathon, le plus grand d’Asie, Tokyo se veut donc rassurant et prend à cœur d’adopter toutes les précautions possibles. Contrairement à la ville japonaise de Nagoya, qui a annoncé vendredi l’annulation totale du « City Marathon » tout en maintenant, pour l’élite seulement, le Women’s Marathon – deux épreuves prévues pour le 8 mars – Tokyo n’a pas renoncé à la course qui se tiendra dimanche 1er mars au travers des quartiers le plus emblématiques de la capitale.
Mais l’épreuve, qui aurait dû rassembler plus de 38 000 coureurs et un très large public va se dérouler dans des conditions très particulières dans une ville où plusieurs cas de personnes infectées par le virus ont été confirmés, selon les organisateurs de l’événement eux-mêmes.
Des athlètes sous contrôle médical
Dans un message adressé aux coureurs ainsi qu’aux volontaires mobilisés pour la course, on apprend que des lotions et lingettes désinfectantes à base d’alcool et des masques seront disponibles en plusieurs points, depuis le site de retrait des dossards jusqu’à l’arrivée des coureurs.
Par ailleurs, a précisé l’organisation à Outside, « les athlètes seront examinés dès leur arrivée par des médecins qui procéderont à leur prise de température ainsi qu’à tout examen complémentaire qui s’imposerait. Au moindre symptôme, le coureur se verra écarté de la course. Le marathon qui comptera au final environ 176 coureurs élites, contre 200 initialement annoncés, verra son temps limite réduit à 3 heures (contre 7 heures pour la course si elle incluait des amateurs). Sur le parcours, l’organisation des postes de secours a également été modifiée. Des médecins et infirmiers seront présents à chaque check point ainsi que dans les navettes afin de palier à tout problème qui pourrait se présenter. », poursuivent les organisateurs.
Les athlètes seront-ils conduits à courir avec un masque ? L’initiative semble laissée à chacun, l’organisation se contentant de rappeler que des masques seront mis à leur disposition.
Enfin, qu’en sera-t-il du public ? Les Japonais, traditionnellement de fervents supporters de l’événement, seront-ils autorisés à suivre la course des élites et si oui, dans quelles conditions ? Sur ce point Tokyo reste très prudente et se réserve d’apporter » la réponse la plus adaptée, en fonction des recommandations du ministère de la santé ».
Pas de remboursement des dossards
C’est donc à un vrai casse-tête que les organisateurs du marathon de Tokyo sont confrontés à six jours d’une épreuve qui soulève beaucoup d’inquiétudes mais aussi pas mal de mécontentement. Les coureurs (semi-élite, général, caritatif et 10 km), ont en effet appris vendredi qu’ils ne seraient pas remboursés des 16 200 yens (environ 145 dollars) de leur inscription. Seul un report sur l’édition 2021 de l’épreuve leur est proposé … moyennant paiement du dossard ! Et Tokyo de rappeler que le coût de l’organisation de l’édition 2020 était estimé à 2 milliards de yens les frais d’inscriptions entrant pour 670 millions de yens dans son budget. Soit, mais quid des assurances?
Là, pas de chance, on découvre que le règlement d’inscription stipule que les remboursements ne seront versés qu’en cas « de phénomènes naturels tels que des pluies ou des vents forts, des dommages structurels causés par des incendies, des tremblements de terre et des ordres d’annulation de l’événement par les autorités concernées, entre autres ». Rien en revanche en cas d’épidémie. « Selon le contenu des contrats », explique le quotidien national japonais « The Mainichi« , « les annulations déclenchées par certaines maladies infectieuses ne sont généralement pas inclues dans les contrats d’assurance. Pour les compagnies d’assurance, elles représentent un grand risque.»
Seule « consolation » pour tous ceux qui ont déjà réglé l’achat du t-shirt commémoratif du marathon de Tokyo 2020 … « il leur sera s expédié après l’événement », précisent les organisateurs.
Pas de quoi compenser le budget très conséquent engagé par les coureurs étrangers pour cette épreuve.