Les glaciers vont mal ? Impossible de s’entraîner dans les Alpes ? Qu’à cela ne tienne, les athlètes tricolores continuent de s’envoler pour l’Argentine et le Chili, comme ils l’ont souvent déjà fait dans le passé. Seule différence aujourd’hui : la planète brûle. Agir s’impose. A commencer, peut-être, par modifier le calendrier des compétitions et… skier quand la neige est là.
« La préparation de la saison de ski de l’équipe de France perturbée par le changement climatique », titre aujourd’hui France Bleu. Expliquant que « d’habitude, certaines disciplines des sports de neige (skicross, ski de bosses, ski acrobatique ou snowcross, ndlr) vont se préparer en Europe mais cette année, il faut aller en Amérique du Sud car les glaciers ne sont pas ouverts, faute de neige. Un passage obligatoire pour se préparer au mieux pour la nouvelle saison.
« Il faut aller » ? « Obligatoire » ? Vraiment ? On peut s’étonner que personne ne s’interroge sur l’impact de ces déplacements en avion, car forcément avion il y a, car on imagine mal que nos athlètes prennent un voilier pour gagner l’Amérique Latine. D’autant que « la saison n’attend pas ».
« On a vraiment besoin de volume pour faire tout ce qui est saut ou autre figure », explique en effet la médaillée olympique Chloé Trespeuch. « D’habitude, la Suisse arrive à nous faire des parcours avec certaines stations qui ont des parcours préformés en terre. Ça minimise les besoins en neige mais là, même ça, ça ne suffit pas », précise à France Bleu la sportive de Val Thorens qui reconnait certes que « les glaciers vont mal mais ce serait trop pénalisant de ne pas aller en Amérique du Sud sachant que notre saison de coupe du monde démarre le 29 octobre ». C’est donc une grande partie de l’équipe de France qui, avec elle, s’envole cet automne vers Ushuaïa, en Argentine, ou La Parva et Corralco au Chili pour quelques semaines d’entrainement.
Son bilan carbone ? Rappelons qu’un AR Paris Buenos Aires pèse, par personne, pas moins de 3.7 t de CO2, selon le calculateur myclimate.org. Auxquels il faut encore ajouter 0.857 t pour le transfert à Ushuaïa. A moins que l’équipe de France ait, pour une fois, préféré le bus (environ 72 h l’aller) ? Quant à ceux qui vont se rendre au Chili, leur bilan s’élèvera à 3.9 t de CO2. Sans compter le transfert vers les stations.
Impossible de faire autrement ? La gloire de nos équipes tricolores l’exige ? Voire. En Suisse, à Leysin, l’équipe nationale s’entraîne, elle, depuis début juillet au saut à ski et au snowboard sur un « big air bag » de 26 mètres de haut. Et les riders ne semblent pas s’en trouver mal, si l’on en juge par la vidéo que vous pouvez découvrir ci-dessous. Certes cela demande un temps d’adaptation, notamment au niveau de la réception, admettent les riders, mais c’est jouable. Car, comme l’explique Greg Tüscher, entraîneur de l’équipe suisse de freeski, « avec la situation actuelle des glaciers, on essaie de ne pas retourner trop vite sur la neige (…). « Il faut laisser les glaciers se reposer ». Certes l’impact de cette structure n’est pas neutre, ce n’est pas très esthétique, mais « on exploite bien une piscine ou une patinoire », précise-t-il.
Un moindre mal, donc, en attendant une solution plus drastique : l’adaptation du planning de la saison pro. Car, rappelle l’entraineur suisse, la première coupe du monde tombe au mois d’octobre, à Coire. Dès lors, la solution ne serait-elle pas « de penser à un autre programme de coupe du monde et de commencer plus tard la saison de la compétition, quand la neige est là, en fait ? ». De quoi faire réfléchir peut-être la Fédération internationale.
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