Notre contributeur Wes Siler livre ses conseils avisés quant à l’achat ou l’adoption d’un chien, notamment pour les passionnés d’outdoor. Une mission plus compliquée qu’il n’y paraît, car ce n’est pas tant une question de race que d’individu.
Quelle race, quelle taille, quel âge, quelle éducation ? Autant de questions qui se posent au moment d’intégrer un compagnon poilu à son quotidien. Voici la méthode complète de notre journaliste, heureux propriétaire de deux chiens extraordinaires.
Quelle race choisir ?
Êtes-vous fan des golden retrievers ? Ou plutôt des braques de Weimar ? Avoir une préférence pour une certaine race de chien est totalement normal et basé sur une vie entière d’endoctrinements divers que je n’arriverai pas à vaincre avec cet article. Mais vous devez comprendre que les mérites supposés des chiens “pure race” sont largement affaire de marketing.
Grâce aux pubs du constructeur, vous vous identifiez peut-être réellement à la robustesse et à l’esprit anticonformiste des Subaru. Mais je suis prêt à affirmer qu’elles seraient des voitures encore meilleures si Honda s’occupait du moteur et Audi de l’habitacle. Imaginez maintenant que quelqu’un soit disposé à vous fournir une telle voiture améliorée non pas pour plus cher mais gratuitement…
C’est exactement ce que vous obtiendrez en adoptant un chien croisé, trouvé dans un refuge. Vous pourrez ainsi choisir l’apparence et les traits de caractère supposés d’une race qui vous plaît et profiter d’un animal totalement unique, tout en réduisant les risques de problèmes de santé, une fois vérifié que l’animal est sain.
C’est ce que nous avons fait avec Bowie. Ma femme Virginia a toujours rêvé d’un husky sibérien, mais je préfère les chiens plus grands que ces petits rascals rachitiques, et plus faciles à dresser. C’est ainsi que lorsqu’un chiot croisé husky et berger allemand à la recherche d’un foyer est apparu sur Instagram, je l’ai suivi, j’ai parlé avec sa famille en vidéoconférence et décidé de le ramener à la maison. Un an et demi plus tard, il a montré qu’il était le chien le plus intelligent et le plus facile à dresser que j’aie jamais eu, et de loin le plus athlétique. ll n’a jamais eu le moindre soupçon de souci de santé – pas même des puces ! – et tous ceux qui le rencontrent semblent se mettre d’accord sur le fait qu’il est le chiot le plus beau qu’ils aient jamais vu. J’ai l’air gaga ? Normal, je le suis. Pour nous, cette combinaison s’est avérée bien meilleure que n’importe quel husky pure race.
Un chien de quel âge ?
Adopter un chiot de huit semaines vous offre plus de contrôle sur son développement, mais c’est aussi un engagement à plein temps : vous allez nettoyer de la pisse et de la merde, vous ne dormirez plus, et vous allez perdre des meubles, des vêtements et bien d’autres objets en cours de route.
Adopter un chien jeune (entre un et trois ans) vous permet de profiter de lui quand sa personnalité est encore à faire, et vous évite tous les tracas associés aux chiots. Mais il arrive alors avec des traits de caractères acquis avant votre arrivée dans sa vie.
Adopter un chien adulte, c’est la certitude d’avoir à dépenser moins d’énergie et de pouvoir évaluer sa personnalité à maturité, ainsi que son état de forme physique, avant de vous engager. Mais justement, sa personnalité sera désormais largement établie et son dressage prendra plus de temps qu’avec un animal plus jeune. Un chien adulte est également plus susceptible d’avoir des problèmes de comportement, mais vous serez au moins capable de les identifier à l’avance.
Adopter un chien vieillissant est un acte noble. Vous avez un chien qui sera calme et reconnaissant d’avoir trouvé un nouveau foyer. Mais vous vous préparez potentiellement à devoir assumer ses problèmes de santé. De plus, votre chien ne pourra peut-être pas vous accompagner aussi loin dans vos activités en extérieur, et votre relation avec lui peut s’avérer plus courte que prévu.
Teddy, notre chienne, avait environ cinq mois quand nous l’avons adoptée, il y a deux mois. C’est un âge assez ingrat, car elle est encore en train de vivre les affres de l’apprentissage de la propreté, mais est quand même arrivée chez nous après avoir vécu l’expérience de l’abandon et avoir sans doute été physiquement maltraitée. Cela se traduit par des signes fréquents de peur et d’incertitude, et par un caractère ultra compétitif vis-à-vis de nos autres chiens. Nous lui consacrons énormément de patience, de constance et d’éducation, mais en la regardant objectivement, nous avons tout de même hérité du pire des deux mondes : aussi responsable qu’un chiot, elle a aussi les travers d’un jeune chien abandonné. Cela nous convient, mais elle serait une chienne difficile entre de mauvaises mains.
Un chien de quelle taille ?
Puisque vous êtes en train de lire Outside, je ne pense pas prendre trop de risques en partant du principe que vous aimez les activités en extérieur, et que vous vivez probablement en ville. Cela peut être un dilemme quand on veut avoir un chien : en ville, l’espace est compté, mais il ne faut pas non plus amener un chien trop petit en pleine nature si l’on veut qu’il soit en sécurité.
Comme les gros chiens sont généralement plus calmes, ils peuvent faire de meilleurs compagnons si vous vivez dans un appartement ou une petite maison… À part cela, j’ai du mal à comprendre en pratique l’intérêt du choix de la taille d’un chien. Un chien sait entrer et sortir de voiture tout seul, il est très rare qu’on soit obligé de le prendre dans ses bras pour le transporter. Certes, un gros chien mange plus qu’un petit, mais comme vous allez de toute façon le nourrir avec un régime abordable à base d’aliments sains et crus, le budget n’est pas tellement un problème. En réalité, vous avez sans doute une préférence toute personnelle au sujet de la taille idéale : faites-vous donc plaisir.
Comment savoir si un chien est en bonne santé et de bon tempérament ?
Cela peut être difficile, surtout si vous adoptez un chien comme Teddy, qui a eu une vie difficile avant d’atterrir en refuge. Elle était rachitique, sale, et le peu qu’elle avait mangé jusque-là n’avait clairement pas été bon pour elle. Son poil était emmêlé, manquait d’éclat, et puait comme la mort. Mais la bonne nouvelle est que c’était une bâtarde et qu’elle ne venait pas d’un élevage de chiots. Ces deux facteurs réunis assurent généralement que l’animal est sain.
Il était cependant crucial que je m’assure qu’elle soit en bonne santé, tant physiquement que mentalement, avant de me décider à la ramener à la maison. Pour cela, mon premier recours, c’était le refuge lui-même. Les gens qui s’en occupent ont souvent beaucoup d’expérience avec les chiens, et ils s’investissent à fond pour être sûrs que leurs bêtes atterrissent dans de bons foyers. J’ai donc appelé la gérante et eu une discussion sincère avec elle au sujet de nos besoins et de nos désirs, et des chiens dont elle s’occupait.
À partir de cette conversation, elle m’a conseillé deux sœurs intéressantes. En roulant vers le refuge, je pensais que nous allions adopter la sœur de Teddy, mais après mes premières interactions avec les deux chiennes, Teddy était celle qui semblait la plus intéressée et attentive à nous. Je l’ai palpée pour savoir si elle n’avait pas un problème physique ou si elle ne réagissait pas à des points douloureux. Je me suis assuré que ses dents, ses gencives, ses yeux et ses pattes étaient en bon état. J’ai regardé à l’intérieur de ses oreilles pour repérer d’éventuels signes d’infection ou de douleur. Puis je l’ai regardée dans les yeux et j’y ai vu une âme. Pour être vraiment certain de mon choix, j’ai fait sortir nos chiens de la voiture, sans laisse, et je les ai laissés interagir tous ensemble afin d’être sûr qu’ils allaient s’entendre. Ils se sont tous entendus, et j’ai pris ma décision : cette chienne était nôtre.
Savoir si un chien est en bonne santé physique peut être difficile quand on n’a pas d’expérience. Si c’est votre cas, je vous encourage à aller à la fourrière ou dans un refuge pour obtenir des conseils. Déterminer la personnalité d’un chien, en revanche, est beaucoup plus facile. Les chiens ont évolué spécifiquement pour être nos compagnons, donc leurs expressions et leur langage corporel sont conçus pour communiquer avec nous et nous sommes nous-mêmes adaptés afin de les comprendre. En gros, faites confiance à votre instinct.
Venez avec tous les membres de la famille – humains et canins – qui vivront avec le chien, et observez leurs interactions. Approchez le chien calmement et, tant qu’il ne semble pas craintif ou agressif, caressez-le, prenez-le, faites-lui des câlins. Le chien doit aimer tout cela. Mettez-le en laisse, et promenez-le dans le coin, en observant comment il se comporte avec vous et dans l’environnement. Dans un endroit clôturé, regardez comment il se comporte avec d’autres chiens. Appelez-le, offrez-lui une récompense. Est-il autant intéressé par vous que par le reste ? Pendant tout ce temps, posez-vous la question de savoir si c’est bien le chien que vous voulez.
Note importante : N’adoptez pas un chien qui montre des signes de peur ou d’agressivité – la manière politiquement correcte de qualifier un tel chien est “réactif” – à moins d’avoir une expérience significative avec de tels animaux et de vivre dans un endroit où l’animal n’aura pas à entrer en contact chaque jour avec des étrangers et/ou d’autres chiens. De nombreuses personnes bien intentionnées se montrent trop ambitieuses lorsqu’elles récupèrent un chien par ailleurs gentil mais ayant des problèmes d’agressivité, et cela finit par leur gâcher la vie.
L’éducation plus importante que la nature
Sur le plan éthique, il n’y a aucun argument moral pour acheter un chien pure race. Selon la SPA, 100 000 chiens et chats sont abandonnés tous les ans, dont certains finiront peut-être par être euthanasiés. Chacun d’entre eux, chien ou chat, peut faire à nouveau partie d’une famille accueillante.
Bowie fera un excellent chien d’aide à la thérapie dans la clinique psychiatrique où travaille ma femme, une fois que son énergie de chiot se sera apaisée. Teddy est avec nous depuis deux mois, et elle est déjà devenue plus gentille et plus calme. Rien de tout cela ne résulte de quoi que ce soit d’intrinsèque à la race de nos chiens, mais plutôt de la combinaison de leurs personnalités uniques et de la manière dont nous les avons façonnées depuis qu’ils sont avec nous.
En suivant ces conseils, ou ceux de n’importe quel vétérinaire ou dresseur de chiens qualifié, vous connaîtrez le succès. Mais vous devez également comprendre que votre chien ne sera que ce que vous en ferez. Le chien qui vous correspond, c’est celui qui est éduqué en prenant son temps grâce à un programme de socialisation et de dressage mûrement réfléchi. Il n’existe pas de raccourci : un bon chien, ça ne s’achète pas, ça se crée.
Photo d'en-tête : Amber Mayo / Unsplash