Début août, le grimpeur allemand Alex Megos était de retour à Céüse, dans le sud de la France, pour travailler « Bibliographie », considérée comme la voie la plus dure au monde. Il y avait déjà consacré près de soixante jours, jamais il n’avait passé autant de temps dans une voie. Personne non plus d’ailleurs n’avait jusqu’alors réussi à l’enchaîner. On parle d’un 9C – 36 mètres de rocher calcaire surplombant – équipé en 2011 par l’américain Ethan Pringle, tout juste à côté de « Biographie », le premier et le plus célèbre des 9a+.
A l’époque, l’américain avait essayé le passage le plus difficile avant de s’exclamer : « Holy fuck, this is hard !- Putain que c’est dur ! ». Il a récemment avoué qu’il n’imaginait pas « qu’un jour cette voie serait grimpée ».
A 27 ans, l’air toujours juvénile, Alex Megos est l’un des meilleurs grimpeurs au monde, mais toujours dans l’ombre d’Adam Ondra. Il grimpe pourtant dans le 9b+ et est régulièrement candidat aux médailles lors des championnats du monde. Difficile toutefois d’être de la même génération que l’ogre tchèque qui enchaîne les victoires et les croix : premier grimpeur à avoir enchaîné un 9C dans « Silence », sans parler de sa balade au Yosemite dans « The Dawn Wall », répétée en à peine 8 jours en 2016.
Alex Megos a tenté pour la première fois « Bibliographie » en 2017 et a « tout de suite su que c’était possible », écrivait-il sur Instagram. Mais en avouant aussi : « sans savoir combien de temps il lui faudrait ». Au fil des ans et des essais infructueux, le doute s’installa : « tant de jours sans faire de progrès. J’ai l’impression que je n’y arriverai jamais ». C’est dans ces moments là qu’Alex fit preuve de résilience, « quand on essaie de faire quelque chose qui n’a jamais été fait auparavant, vous devez continuer à être enthousiaste même, si vous ne savez pas ce qu’en sera le résultat ».
Le 5 août, au dernier jour de son périple, alors que le soleil se couchait après une nouvelle journée de tentatives, Alex se lance dans le fameux « dernier essai ». Il passe la plus grosse difficulté, un passage de quatre mouvements entre bi-doigts et mini-réglettes, et enchaîne jusqu’au sommet, les avant-bras complètement tétanisés. « Une fois réussie la voie, tout ce processus s’est arrêté d’un seul coup; c’est assez assez triste en fait » avoue-t-il. Alex suggère la cotation de 9C, ce qui placerait « Bibliographie » au même niveau que « Silence », le 9C d’Adam Ondra en Norvège. Et ce qui ferait surtout d’Alex Megos le deuxième plus grand grimpeur de l’histoire.
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