Cette femme-là a plus d’une vie. Deuxième à la Hardrock 100 le week-end dernier, la Canadienne Stephanie Case, 39 ans, est aussi avocate spécialisée dans les droits de l’homme, travaillant aujourd’hui pour les Nations Unies. Et quand elle n’est pas à Jérusalem aux côtés des réfugiés, elle s’attelle corps et âme à donner force et autonomie aux jeunes filles vivant dans des zones de guerre, via la course à pied. The North Face a suivi son quotidien en 2021, l’année, où , 3e au scratch, elle remporte le colossal Tor de Glaciers ( 450 km, 32 000 D+) côté féminin et où en parallèle, elle se bat jour et nuit pour sortir de jeunes athlètes d’un Afghanistan tombé sous la coupe des Talibans. Une double bataille à découvrir dans ce documentaire de 30 minutes, remarquablement bien monté.
En 2009, seuls les observateurs les plus attentifs auront repéré Stéphanie Case lorsqu’elle arrive 7e à la TDS (105km). Mais rapidement la frêle canadienne s’impose, et devient nettement plus visible. Notamment sur le Tor des Géants (330km, 24000m D+), dans la Vallée d’Aoste, qui deviendra son terrain de prédilection. Elle y participe quatre fois entre 2015 et 2018, passant de la 6e à la 2e place. Un sacré entrainement qui la conduira en 2021 à viser plus long, plus fort, plus dur encore : ce sera le Tor des Glaciers, 450km et 32 000 D+, qu’elle remporte haut la main cette année-là, se payant au passage le plaisir de se classer 3e au scratch !
Depuis, les médias ne la lâchent plus et le public l’attend partout où elle court, et notamment à Chamonix, où elle réside. Peu de gens en revanche savent que cette traileuse de 39 ans qui sait gérer la distance et le dénivelé, est aussi une femme maîtrisant de lourds dossiers en tant qu’avocate spécialisée dans les droits de l’homme et les droits des femmes, spécialiste des situations de conflit et d’urgence humanitaire. En 2009, elle a en effet abandonné une carrière dans le droit des affaires pour venir en aide à certaines des populations les plus vulnérables du monde, via les Nations unies et des ONG. Intervenant ainsi dans de nombreuses régions, dont l’Afghanistan, le Sud-Soudan et Gaza.
Ce qu’elle résume en quelques mot dans sa biographie publiée sur son site : « J’évolue d’une zone de conflit à une autre, mes chaussures de course dans mon sac. L’ultra et mon job me permettent de rester saine d’esprit, mais aussi de côtoyer tous les extrêmes. Et je ne voudrais pas qu’il en soit autrement ».
Cette double vie, le documentaire « Free to run », la capte parfaitement bien. Réalisé par Dream Lens Media et produit par The North Face, son sponsor, il couvre un période charnière dans la vie de Stéphanie Case : 2021, année où lors de la prise de pouvoir des Talibans, elle doit gérer l’évacuation en urgence de jeunes athlètes afghanes soutenues par son association « Free to run », et son entraînement à l’un des ultras les plus exigeants qui soit : le Tor des Glaciers, colossal trail en autonomie, auquel elle s’attaque pour la première fois. Grâce à un fin montage, on perçoit combien l’athlète et l’avocate s’investit avec passion dans cette double entreprise. On connait l’issue et le sort des jeunes Afghanes. Malgré tous ses efforts, Stéphanie Case ne parviendra qu’à faire sortir deux jeunes filles, Zeinab et Zahra, aujourd’hui installées aux Etats-Unis où elles continuent d’étudier et de courir. Mais d’autres, auxquelles la Canadienne a ouvert de nouveaux horizons dès 2014, par le biais de la course à pied, pratique très risquée pour une femme en Afghanistan, sont restées enfermées dans leur pays.
« Pour les femmes et les filles participant aux programmes de @freetorunngo en Afghanistan, courir signifie bien plus qu’une pratique sportive », explique Stéphanie Case sur Instagram. « Courir apporte la LIBERTÉ. Une chance de défier les normes sociales et de reconquérir l’espace public. Courir apporte visibilité et reconnaissance. » Une mission qu’elle s’est donnée et qu’elle continue de porter à Kaboul via des programmes sociaux, à défaut de pouvoir maintenant y promouvoir son sport, mais aussi en Irak. Depuis sa création en 2014, l’organisation a ainsi été un moteur de changement positif dans la vie de 3 000 femmes et filles vivant dans des régions en conflit, notamment en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud.
« Free to Run s’efforce de soutenir les femmes et les jeunes filles dans les zones de conflit par le biais de sports d’aventure (course à pied, mais aussi kayak, cyclisme, ski, ndlr ) afin de favoriser leur bien-être physique, émotionnel et social, » apprend-on sur le site de l’ONG. « Nous leur fournissons les outils nécessaires pour devenir des leaders qui feront preuve d’autodétermination et défieront les préjugés (…) Les membres de l’ONG font évoluer les opinions sur les rôles que les femmes peuvent et doivent jouer dans la société (…). Chez « Free to Run », nous ne nous concentrons pas uniquement sur les performances sportives des participantes. Le succès de nos programmes est lié aux aptitudes et aux compétences qu’elles développent, ainsi qu’à l’évolution des mentalités à laquelle elles parviennent dans leur communauté », insiste l’ONG.
Photo d'en-tête : The North Face- Thèmes :
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